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Paris est pour le riche un pays de Cocagne.*

(Sat. VI.)

Le mal qu'on dit d'autrui ne produit que du mal. (Sat. VII.)

L'or même à la laideur donne un teint de beauté, Mais tout devient affreux avec la pauvreté.

Ceux qui sont morts sont morts.

(Sat. VIII.)

(Sat. IX.)

L'honneur est comme une île escarpée et sans bords; On n'y peut plus rentrer dès qu'on en est dehors.

(Sat. X.)

Jamais, quoi qu'il fasse, un mortel ici-bas
Ne peut aux yeux du monde être ce qu'il n'est pas.

Jamais on n'est grand qu'autant que l'on est
juste.
(Sat. XI.)

Quelques vains lauriers que promette la guerre On peut être héros sans ravager la terre.

Un Auguste aisément peut faire des Virgiles.

(Ep. I.)

Qui vit content de rien possède toute chose.

Hâtons-nous: le temps fuit, et nous traîne avec soi. Le moment où je parle est déjà loin de moi.

(Ep. III.)

* Pays de Cocagne, pays favorisé de la nature, où l'on a toutes les jouissances qu'on peut désirer.

Un fou, rempli d'erreurs que le trouble accompagne,
Est malade à la ville ainsi qu'à la campagne,
En vain monte à cheval pour tromper son ennui;
Le chagrin monte en croupe, et galope avec lui.

L'argent, l'argent, dit-on, sans lui tout est stérile. La vertu sans l'argent est un meuble inutile.

La vertu se contente, et vit à peu de frais. (Ep. V.)

Le mérite en repos s'endort dans la paresse.

(Ep. VI.)

Tout éloge imposteur blesse une âme sincère.

(Ep. IX.)

Rien n'est beau que le vrai; le vrai seul est aimable.

La simplicité plaît sans étude et sans art.

L'ignorance vaut mieux qu'un savoir affecté.

L'esprit lasse aisément si le cœur n'est sincère.

Le travail aux hommes nécessaire

Fait leur félicité plutôt que leur misère.

(Ep. IX.)

Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime.

Aimez donc la raison; que toujours vos écrits Emprunteut d'elle seule et leur lustre et leur prix.

Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.

Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée
Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Sans la langue. . . l'auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.

Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.
Polissez-le sans cesse et le repolissez,
Ajoutez quelquefois et souvent effacez.

L'ignorance toujours est prête à s'admirer.

Aimez qu'on vous conseille et non pas qu'on vous loue.

Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire.

(Art Poétique, Ch. I.)

Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable. Pour me tirer des pleurs il faut que vous pleuriez. Souvent trop d'abondance appauvrit la matière.

La montagne en travail enfante une souris.

Le temps qui change tout change aussi nos humeurs. Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs.

Aux dépens du bon sens gardez de plaisanter;
Jamais de la nature il ne faut s'écarter.

Soyez plutôt maçon,si c'est votre talent.

(Ch. III.)

Dans l'art dangereux de rimer et d'écrire Il n'est point de degrés du médiocre au pire.

Que votre âme et vos mœurs, peintes dans vos ouvrages,

N'offrent jamais de vous que de nobles images.

Le vers se sent toujours des bassesses du cœur. (Ch. IV.)

Tant de fiel entre-t-il dans l'âme des dévots?

Souvenez-vous bien

Qu'un dîner réchauffé, ne valut jamais rien.

(Le Lutrin, Ch. I.)

RACINE.

Né à la Ferté-Milon en 1639; mort en 1699.

Jean Racine naquit l'année même que Corneille faisait paraître Horace et Cinna.

Orphelin de père et de mère dès l'âge de trois ans, il passa sous la tutelle de son aïeul paternel, et à sa mort sous celle de sa veuve. Il commença ses études au collège de Beauvais et les termina à Port Royal des Champs. Ce fut là, dans le commerce des hommes pieux et savants, qu'on appelait les solitaires de Port Royal, Lemaître, Sacy, Lancelot, Nicole, qu'il puisa le goût des bonnes lettres et les principes religieux qui ne l'abandonnèrent jamais.

Il lui arriva, dans le cours de ses études, un incident qui prouve son ardeur au travail et sa probité d'écolier. Il lisait le roman grec de Théagène et Chariclée. Lancelot, son professeur, n'approuvant pas ce genre de lecture, lui prit le livre et le jeta au feu. Un second exemplaire eut bientôt le même sort. Il s'en procure un troisième, l'apprend par cœur, et le portant ensuite à son maître lui dit: Vous pouvez encore brûler celui-ci.

Racine débuta, en poésie, par deux odes, la Nymphe de la Seine et la Renommée aux Muses. La première sur le mariage du roi lui valut une belle gratification de Colbert, l'autre fut l'occasion

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