N'a guère à dire aussi. Mon voyage dépeint Je dirai: J'étais là; telle chose m'avint; Vous y croirez être vous-même. Dans un champ à l'écart voit du blé répandu, Le lacs était usé, si bien que de son aile, Le vautour s'en allait le lier, quand des nues Crut pour ce coup que ses malheurs Mais un fripon d'enfant (cet âge est sans pitié) Qui, maudissant sa curiosité, (Livre IX, Fable 2.) LE VIEILLARD ET LES TROIS JEUNES HOMMES. Un octogénaire plantait. Passe encore de bâtir; mais planter à cet âge ! Disaient trois jouvenceaux, enfants du voisinage; Assurément il radotait. Car, au nom des dieux, je vous prie, Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir ? Autant qu'un patriarche il vous faudrait vieillir. A quoi bon charger votre vie Des soins d'un avenir qui n'est pas fait pour vous ? Il ne convient pas à vous-mêmes, De se donner des soins pour le plaisir d'autrui ? Cela même est un fruit que je goûte aujourd'hui; J'en puis jouir demain et quelques jours encore; Je puis enfin compter l'aurore Plus d'une fois sur vos tombeaux. Le vieillard eut raison: l'un des trois jouvenceaux Se noya dès le port, allant à l'Amérique*; L'autre, afin de monter aux grandes dignités, Dans les emplois de Mars servant la république, Par un coup imprévu vit ses jours emportés; Le troisième tomba d'un arbre *Aujourd'hui l'on dirait en Amérique. Que lui-même il voulut enter; Et, pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre Ce que je viens de raconter. (Livre XI, Fable 8.) VERS DÉTACHÉS, SENTENCIEUX ET POPULAIRES DE LA FONTAINE, Mauvaise graine est tôt venue. (L'Hirondelle et les petits Oiseaux.) La louange chatouille et gagne les esprits. (Simonide préservé par les Dieux.) Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette. Laissez-leur prendre un pied chez vous, Ils en auront bientôt pris quatre. (La Lice et sa compagne.) Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage. (Le Lion et le Rat.) Où la guêpe a passé le moucheron demeure. (Le Corbeau voulant imiter l'Aigle.) Le vase est imbibé, l'étoffe a pris son pli. (La chatte métamorphosée en femme.) En toute chose il faut considérer la fin. (Le Renard et le Bouc.) Amour, amour! quand tu nous tiens Un sou quand il est assuré (Le Lion Amoureux.) Vaut mieux que cinq en espérance. (Le Berger et la Mer.) Hélas! que sert la bonne chère (Le Cheval s'etant voulu venger du Cerf.) Deux sûretés valent mieux qu'une, (Le Loup, la Chèvre, et le Chevreau.) Chacun se dit ami, mais fou qui s'y repose. Rien n'est plus commun que le nom, (Parole de Socrate.) Toute puissance est faible à moins que d'être unie. (Le Vieillard et ses Enfants.) Un auteur gâte tout quand il veut trop bien faire. (Le Bûcheron et Mercure.) L'avarice perd tout en voulant tout gagner. (La Poule aux Eufs d'or.) Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens. (Le Lion s'en allant en Guerre.) Il ne faut jamais Vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait mis par terre. (L'Ours et les deux Compagnons.) Plus fait douceur que violence. (Phébus et Borée.) Rien ne sert de courir, il faut partir à point. (Le Lièvre et la Tortue.) La mort ne surprend point le sage; Il est toujours prêt à partir. (La Mort et le Mourant.) |