Te souviens-tu de ces plaines glacées, Te souviens-tu qu'un jour notre patrie, Te souviens-tu... Mais ici ma voix tremble, Viens-t'en, l'ami, nous pleurerons ensemble, Mais si la mort, planant sur ma chaumière, ÉMILE DEBRAUX (1919). L'AVEUGLE ET LE PARALYTIQUE. Aidons-nous mutuellement ; La charge des malheurs en sera plus légère ; Pour le mal qu'on souffre, est un soulagement. Dans une ville de l'Asie, Il existait deux malheureux, L'un perclus, l'autre aveugle, et pauvres tous les deux. Ils ne pouvaient mourir. Notre paralytique, Etait sans guide, sans soutien, Sans avoir même un pauvre chien Pour l'aimer et pour le conduire. Un certain jour il arriva Que l'aveugle, à tâtons, au détour d'une rue, Près du malade se trouva ; Il entendit ses cris, son âme en fut émue. Il n'est tels que les malheureux Pour se plaindre les uns les autres. "J'ai mes maux," lui dit-il, "et vous avez les vôtres; Unissons-les, mon frère, ils seront moins affreux.” "Hélas!" dit le perclus, "vous ignorez, mon frère, A quoi nous servirait d'unir notre misère?" Moi, je vais vous porter; vous, vous serez mon guide; FLORIAN. 6. LE POULET ET LE RENARD. Un imprudent petit poulet, Loin du poulailler s'en allait. Malgré ma mère qui s'entête, Toujours pour des peurs sans raison, Mais moi, j'aime agir à ma tête. Et vous avez bien fait de braver le danger... Je n'aurais aujourd'hui, sans vous, rien à manger!" Et se jetant sur la volaille Qui piaille, Il la dévore en un moment. La désobéissance avait son châtiment. L. RATISBONNE. 7. L'ENFANT ET LE MIROIR. Un enfant élevé dans un pauvre village D'abord il aima son image; Et puis, par un travers bien digne d'un enfant, Il veut outrager ce qu'il aime, Il lui montre un poing menaçant, Il se voit menacé de même. Notre marmot fâché s'en vient, en frémissant, Il se fait mal aux mains; sa colère en augmente, Le voilà, devant ce miroir, Criant, pleurant, frappant la glace. Le bien, le mal, nous sont rendus." 8. FLORIAN. LE CHIEN ET LE CHAT. Pataud jouait avec Raton. Mais sans gronder, sans mordre; en camarade, en frère. Les chiens sont bonnes gens, mais les chats, nous dit-on, Sont justement tout le contraire. Aussi, bien qu'il jurât toujours Avoir fait patte de velours, Raton, et ce n'est pas une histoire apocryphe, Enfonçait, tout en s'amusant, Tantôt la dent, tantôt la griffe. |