Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse, Eh quoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace? O lac rochers muets! grottes ! forêt obscure, Vous que le temps épargne, ou qu'il peut rajeunir Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir. Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire; LAMARTINE. 63. CONSOLATION. Ta douleur, du Perrier, sera donc éternelle ? Que te met en l'esprit l'amitié paternelle, Le malheur de ta fille au tombeau descendue Est-ce quelque dédale où ta raison perdue Je sais de quels appas son enfance était pleine; Injurieux ami, de soulager ta peine Avecque son mépris. Mais elle était du monde, où les plus belles choses Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin. La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ; La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles, Et nous laisse crier. Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre, Et la garde qui veille aux barrières du Louvre, De murmurer contre elle et de perdre patience, Il est mal à propos; Vouloir ce que Dieu veut est la seule science Qui nous met en repos. MALHERBE. 64. CONSOLATIONS DANS LES DISGRACES. En vain, pour satisfaire à nos lâches envies, Ce qu'ils peuvent n'est rien; ils sont ce que nous sommes : Et meurent comme nous. Ont-ils rendu l'esprit; ce n'est plus que poussière Dont l'éclat orgueilleux étonnait l'univers; Et dans ces grands tombeaux, où leurs âmes hautaines Font encore les vaines, Ils sont mangés des vers. Là se perdent ces noms de maîtres de la terre, Comme ils n'ont plus de sceptre, ils n'ont plus de flatteurs Sous ceux que la fortune Faisait leurs serviteurs. LE MÊME. 65. LES CIEUX INSTRUISANT LA TERRE. Les cieux instruisent la terre Tout ce que leur globe enserre De sa puissance immortelle La nuit l'annonce à la nuit. Ce grand et superbe ouvrage N'est point pour l'homme un langage Son admirable structure Est la voix de la nature, Qui se fait entendre aux yeux. Dans une éclatante voûte, Cet astre ouvre sa carrière Comme un époux glorieux L'univers, à sa présence, O! que tes œuvres sont belles, Elle assure notre voie; J. B. ROUSSEAU. |