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52.

PRIÈRE A L'ANGE GARDIEN.

Veillez sur moi quand je m'éveille,
Bon ange, puisque Dieu l'a dit;
Et chaque nuit, quand je sommeille,
Penchez-vous sur mon petit lit.
Ayez pitié de ma faiblesse,

A mes côtés marchez sans cesse,
Parlez-moi le long du chemin;
Et pendant que je vous écoute,
De peur que je ne tombe en route,
Bon ange, donnez-moi la main.

MME. TASTU.

53.

PRIÈRE DE L'ORPHELIN.

Où sont, mon Dieu, ceux qui devaient sur terre
Guider mes pas ?

Tous les enfants ont un père, une mère !
Je n'en ai pas.

Mais ta voix murmure à mon oreille :
"Lève les yeux!

Pour l'orphelin un père est là qui veille
Du haut des cieux!"

A. TASTU.

54.

PRIÈRE.

Mon Dieu! de mes parents
Bénis les tendres soins.
J'adore en leurs bienfaits
Ta bonté, ta puissance.
Oh! puissent mes vertus
Et ma reconnaissance
Égaler leur amour

Qui prévient mes besoins!

55.

LE RÉVEIL.

J'ai bien dormi!
J'étais parti

Loin, loin d'ici !

Me revoici,

Maman aussi

Mon Dieu, merci!

56.

LA PREMIÈRE LEÇON.

Ton petit Paul, chère maman,
Commence à lire couramment.
Aussi veut-il apprendre vite
Des vers, pour qu'il te les récite,
Et volontiers il retiendra
Ce que sa leçon lui dira.

Choisis donc, maman, choisis vite
Des vers, pour qu'il te les récite.

57.

BONHEUR DE L'ENFANT AIMÉ DE DIEU.

Oh! bienheureux mille fois
L'enfant que le Seigneur aime,

Qui de bonne heure entend sa voix,
Et que ce Dieu daigne instruire lui-même !
Loin du monde élevé, de tous les dons des cieux
Il est orné dès son enfance;

Et du méchant l'abord contagieux
N'altère point son innocence.
Tel en un secret vallon,

Sur le bord d'une onde pure,
Croît à l'abri de l'aquilon

Un jeune lis, l'amour de la nature

Heureux, heureux mille fois

L'enfant que le Seigneur rend docile à ses lois !

J. RACINE.

58.

LE VIEILLARD ET LES TROIS

JEUNES HOMMES.

Un octogénaire plantait.

"Passe encor de bâtir; mais planter à cet âge!" Disaient trois jouvenceaux, enfants du voisinage; "Assurément il radotait.

Car, au nom des Dieux, je vous prie,

Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir ?
Autant qu'un patriarche il vous faudrait vieillir.
A quoi bon charger votre vie

Des soins d'un avenir qui n'est pas fait pour vous?
Ne songez désormais qu'à vos erreurs passées ;
Quittez le long espoir et les vastes pensées;
Tout cela ne convient qu'à nous."

"Il ne convient pas à vous-mêmes,"
Repartit le vieillard. "Tout établissement
Vient tard et dure peu. La main des Parques blêmes,
De vos jours et des miens, se joue également ;
Nos termes sont pareils par leur courte durée.
Qui de nous des clartés de la voûte azurée
Doit jouir le dernier ? Est-il aucun moment
Qui vous puisse assurer d'un second seulement ?
Mes arrière-neveux me devront cet ombrage.
Eh bien ! défendez-vous au sage

De se donner des soins pour le plaisir d'autrui ? Cela même est un fruit que je goûte aujourd'hui ; J'en puis jouir demain, et quelques jours encore ; Je puis, enfin, compter l'aurore

Plus d'une fois sur vos tombeaux."

Le vieillard eut raison: l'un des trois jouvenceaux
Se noya, dès le port, allant à l'Amérique ;
L'autre, afin de monter aux grandes dignités,
Dans les emplois de Mars servant la république,
Par un coup imprévu vit ses jours emportés ;
Le troisième tomba d'un arbre

Que lui-même il voulut enter;

Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre Ce que je viens de raconter.

LA FONTAINE.

59.

LE RAT RETIRÉ DU MONDE.

Les Levantins, en leur légende,
Disent qu'un certain rat, las des soins d'ici-bas,
Dans un fromage de Hollande
Se retira loin du tracas.

La solitude était profonde,
S'étendant partout à la ronde.

Notre ermite nouveau subsistait là-dedans.
Il fit tant des pieds et des dents,

Qu'en peu de jours il eut, au fond de l'ermitage,
Le vivre et le couvert; que faut-il davantage?
Il devint gros et gras: Dieu prodigue ses biens
A ceux qui font vou d'être siens.

Un jour, au dévot personnage

Des députés du peuple rat

S'en vinrent demander quelque aumône légère: Ils allaient en terre étrangère

Chercher quelque secours contre le peuple chat;
Ratopolis était bloquée ;

On les avait contraints de partir sans argent,
Attendu l'état indigent

De la république attaquée;

Ils demandaient fort peu, certains que le secours
Serait prêt dans quatre ou cinq jours.
"Mes amis, dit le solitaire,

Les choses d'ici-bas ne me regardent plus;
En quoi peut un pauvre reclus

Vous assister? que peut-il faire

Que de prier le Ciel qu'il vous aide en ceci
J'espère qu'il aura de vous quelque souci."

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