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Vite, vite à la ruche. On ne rit pas toujours:

C'est pour faire le miel qu'on nous rend les beaux jours." Elle fuit, et se perd sur la route embaumée.

Le frais lilas sortait d'un vieux mur entr'ouvert:

Il saluait l'aurore, et l'aurore charmée

Se montrait sans nuage et riait de l'hiver.
Une hirondelle passe; elle offense la joue
Du petit nonchalant, qui s'attriste et qui joue;
Et dans l'air suspendue, en redoublant sa voix,
Fait tressaillir l'écho qui dort au fond des bois :
"Oh! bonjour dit l'enfant qui se souvenait d'elle,
Je t'ai vue à l'automne, oh! bonjour, hirondelle !
Viens, tu portais bonheur à ma maison, et moi
Je voudrais du bonheur: veux tu m'en donner, toi?
Jouons."-"Je le voudrais, répond la voyageuse;
Car je respire à peine, et je me sens joyeuse :
Mais j'ai beaucoup d'amis qui doutent du printemps;
Ils rêveraient ma mort, si je tardais longtemps.
Oh! je ne puis jouer. Pour finir leur souffrance,
J'emporte un brin de mousse en signe d'espérance:
Nous allons relever nos palais dégarnis :

L'herbe croît, c'est l'instant des amours et des nids.
J'ai tout vu. Maintenant, fidèle messagère,

Je vais chercher mes sœurs là-bas sur le chemin.
Ainsi que nous, enfant, la vie est passagère,
Tl en faut profiter. Je me sauve; à demain."
L'enfant reste muet; et, la tête baissée,

Rêve, et compte ses pas pour tromper son ennui,
Quand le livre importun, dont sa main est lassée,
Rompt ses fragiles nœuds, et tombe auprès de lui.
Un dogue l'observait du seuil de sa demeure.
Stentor, gardien sévère et prudent à la fois,
De peur de l'effrayer retient sa grosse voix.

Hélas! peut-on crier contre un enfant qui pleure?
"Bon dogue, voulez-vous que je m'approche un peu ?
Dit l'écolier plaintif: je n'aime pas mon livre.
Voyez ! ma main est rouge; il en est cause. Au jeu
Rien ne fatigue, on rit, et moi je voudrais vivre
Sans aller à l'école, où l'on tremble toujours.

Je m'en plains tous les soirs, et j'y vais tous les jours.
J'en suis très-mécontent; je n'aime aucune affaire,
Le sort d'un chien me plaît, car il n'a rien à faire."
-"Ecolier, voyez-vous ce laboureur aux champs?
Eh bien! ce laboureur, dit Stentor, c'est mon maître;
Il est très-vigilant, je le suis plus peut-être :

Il dort la nuit, et moi j'écarte les méchants;
J'éveille aussi ce bœuf, qui d'un pied lent, mais ferme,
Va creuser les sillons quand je garde la ferme.
Pour vous-même on travaille, et, grâce à nos brebis,
Votre mère en chantant vous file des habits.
Par le travail tout plait, tout s'unit, tout s'arrange.
Allez donc à l'école, allez, mon petit ange.

Les chiens ne lisent pas, mais la chaîne est pour eux,
L'ignorance toujours mène à la servitude.

L'homme est fin... l'homme est sage: il nous défend l'étude
Enfant vous serez homme, et vous serez heureux,
Les chiens vous serviront." L'enfant l'écouta dire,
Et même il le baisa. Son livre était moins lourd
En quittant le bon dogue, il pense, il marche, il court.
L'espoir d'être homme un jour lui ramène un sourire.
A l'école, un peu tard, il arrive gaîment

Et dans le mois des fruits il lisait couramment.

MDME. DESBORDES VALMORE.

37.

LE CHEMIN SEMBLE MOINS LONG.

Mon fils, un peu de courage,

Marche d'un pas plus certain;

Car d'ici jusqu'au village

Nous avons bien du chemin.
Pour qu'il soit plus court, écoute:
Prends le bienfait pour jalon.
A qui fait du bien en route,
Le chemin semble moins long.
Et d'abord, poursuit le père,
Arrête... et, pauvre petit,
Remonte vite à sa mère

Cet oiseau tombé du nid.
Le voilà qui chante, écoute,
A ravir tout le vallon.
A qui fait du bien en route

Le chemin semble moins long.

Marche à bas bruit... bouche close,
Ne trouble pas le sommeil
De ce veillard qui repose...
Là, sous les feux du soleil !
Courbe les branches en voûte
Afin d'abriter son front.
A qui fait du bien en route
Le chemin semble moins long.

Déjà, sans y prendre garde

Nous sommes à mi-chemin.
Vois cet enfant qui regarde
Les passants et tend la main.

Donne-lui, coûte que coûte,
Et de Dieu bénis le nom.
A qui fait du bien en route
Le chemin semble moins long.

La route par nous suivie,
Mon enfant, songes-y bien,
C'est la route de la vie...
Il faut y semer le bien.
Pour l'égoïsme et le doute

Tout devient ennui profond...

A qui fait du bien en route

Le chemin semble moins long.

A. FLAN.

38.

LA RÉCRÉATION.

Ce n'est pas l'heure de l'école ;
Riez, jouez, petites sœurs.

Toi, prends ce papillon qui vole,
Toi, cherche à rassembler ces fleurs.
Savez-vous qui fait ces merveilles,
Qui sait colorer ces bouquets,
Et pour en garnir vos corbeilles,
Vous sème de si beaux jouets ?

Celui qui fait toutes ces choses,
C'est Dieu. De son palais de ciel,
C'est lui qui nuance les roses
Et donne aux abeilles leur miel;

C'est lui qui fait croître la plume
De vos serins, au faible essor;
A l'oranger qui vous parfume,
C'est lui qui suspend des fruits d'or.

MME. ANAÏS SEGALAS.

39.

LA CHANTEUSE ITALIENNE.
Elle chante pour son vieux père,
Pauvre, souffrant, bien loin d'ici.
Mais, dans son chemin solitaire,
Du haut du ciel un tendre Père
L'aime, et sur elle veille aussi.

Elle chante, et son ceil candide
Perce l'azur profond des cieux.
Alors sa voix douce et timide,
Son front qu'aucun souci ne ride,
De son cœur dit l'essor joyeux.
Bon passant, donne, je te prie,
A la pieuse et douce enfant.
Ton offrande sera bénie,
Et dans le sentier de la vie

Dieu guidera son pas errant.

40.

CH. CHATELANAT.

CONSEILS AUX PETITS GARÇONS.

Avant tout rends hommage au Créateur suprême. Après Dieu, de tes jours révère les auteurs. Honore tes parents; dans tes maîtres de même Vois tes premiers amis et tes vrais bienfaiteurs.

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