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29.

LE FRONT.

Max se frottait le front; "Quel est ce blanchissage? Lui demanda sa sœur; as-tu donc le front noir ?

J'étais un peu méchant; maman pourrait le voir. C'est écrit sur mon front quand je ne suis pas sage.” Et Max frotte encore davantage.

Il croit qu'en essuyant les marques s'en iront.
Pas du tout son front devient rouge.

Et sa mère, en rentrant, dit, avant qu'il ne bouge: "Max vient d'être méchant: c'est écrit sur son front!" L. RATISBONNE.

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30.

LE MAITRE ET L'ÉCOLIER.

Qu'il fait sombre dans cette classe!

Rien qu'un mur gris un tableau noir,
Et puis toujours la même place,
Toujours, toujours ce même livre,
Et toujours ce même cahier!
Peut-on appeler cela vivre ?
Moi je l'appelle s'ennuyer !—”
Ainsi parlait, dans son école,
Un petit écolier mutin,

Le maître alors prit la parole
Et lui dit: "Quoi! chaque matin,
Toujours de cette même chaire
Répéter la même leçon,

D

Enseigner la même grammaire
A ce même petit garçon

Qui reste toujours, quoi qu'on fasse,
Ignorant, distrait, paresseux!
Lequel devrait, dans cette classe,
S'ennuyer le plus de nous deux ?
Tu le vois, l'élève et le maître
Ont chacun son joug à charger,
Mon enfant; mais veux-tu connaître
Le vrai moyen de l'alléger?
Accepte-le du Seigneur même,
En le portant pour le servir ;
Aime ton maître comme il t'aime:

C'est tout le secret d'obéir!"

L. TOURNIER.

31.

A L'ENFANT.

Comme la fleur qui vient d'éclore
Par un beau matin de printemps,
Sourit aux regards de l'aurore,
Qui lui prodigue ses présents;

Comme l'alouette légère

Gazouillant ses refrains joyeux,

Avant le jour, de la fougère

S'envole et monte vers les cieux;

Enfant, tu marches dans la vie,

Ne connaissant que le bonheur;

Tout te sourit, te fait envie,

Et tu ne vois que la douceur.

Ta jeune âme est tout espérance,

Ton chemin est couvert de fleurs ;
Tu t'y jettes en assurance

Loin des peines et des douleurs.

Que de fois tu dis en toi-même :
"Oh! que je voudrais être grand!
Oui c'est là le bonheur suprême,

C'est là le bonheur qui m'attend!"

Alors tu fais rêve sur rêve;

Tout t'apparaît brillant et beau
Et tes désirs n'ont point de trève:
Ta vie est un riant tableau.

Enfant, la vie a ses orages:

Son ciel n'est pas toujours d'azur ;

Il est terni par des nuages

Qui font notre chemin obscur.

MUSSET.

32.

L'ENFANT ET LE NID DE FAUVETTE.

Je le tiens, ce nid de fauvette!
Ils sont deux, trois ou quatre petits!
Depuis si longtemps que je vous guette;
Pauvres oiseaux, vous voilà pris.

Criez, sifflez, petits rebelles;
Débattez-vous; oh! c'est en vain ;
Vous n'avez pas encore d'ailes;

Comment vous sauver de ma main ?

Mais quoi! n'entends-je point leur mère
Qui pousse des cris douloureux ?
Oui, je le crois; oui, c'est leur père
Qui vient voltiger auprès d'eux.

Ah! pourrais-je causer leur peine,
Moi qui, l'été dans les vallons,
Venais m'endormir sous un chêne,
Au bruit de leurs douces chansons!

Hélas! si du sein de ma mère
Un méchant venait me ravir,
Je le sens bien, dans sa misère,
Elle n'aurait plus qu'à mourir.

Et je serais assez barbare

Pour vous arracher vos enfants!

Non, non; que rien ne vous sépare ;

Non, les voici, je vous les rends.

Apprenez-leur, dans le bocage,
A voltiger auprès de vous;
Qu'ils écoutent votre ramage
Pour former des sons aussi doux.

Et moi, dans la saison prochaine,
Je reviendrai dans ces vallons
Dormir quelquefois sous un chêne
Au bruit de leurs jeunes chansons.

BERQUIN.

33.

L'HIRONDELLE.

“Ah! j'ai vu, j'ai vu !”
Disait l'hirondelle ;
"Ah! j'ai vu, j'ai vu !"
"Oiseau, qu'as-tu vu?"
"J'ai vu les enfants
Parcourir les champs;
J'ai vu tout verdir.
J'ai vu tout fleurir !”

"Ah! j'ai vu, j'ai vu!"
Nous répétait-elle ;
“Ah! j'ai vu, j'ai vu !”
"Dis donc, qu'as-tu vu?"
"J'ai vu les oiseaux
Doubler leur berceaux

Du léger coton,

Des fleurs en chaton."

"Ah! j'ai vu, j'ai vu!" Dit-elle à l'aurore,

"Ah! j'ai vu, j'ai vu !" "Dis-nous, qu'as-tu vu ?" "J'ai vu l'air du soir Des mers recevoir

Ces nuages frais."

"Oiseau! dis-tu vrai ?"

"Ah! j'ai vu, j'ai vu !"
Chante l'hirondelle ;
"Ah! j'ai vu, j'ai vu !"
"Oiseau, qu'as-tu vu?"

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