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NOVEMBRE

5 Semaine.

CONNAISSANCES USUELLES
Grands spectacles de la nature.

LES PAYS SEPTENTRIONAUX; LE CHEMIN DE FER TRANSSIBÉRIEN;
L'ARRIVÉE DEVANT LE LAC BAÏKAL.

Le Transsibérien (qui va au delà de la Sibérie) est la ligne de chemin de fer la plus longue du globe; de Paris à l'extrémité de la Chine, elle mesure environ 14000 kilomètres. Pendant les premières années le chemin de fer était arrêté, au milieu de la Sibérie, par le lac Baïkal que l'on traversait en bateau l'été et en traîneau l'hiver. On a même osé construire, au cours de l'hiver 1904, un chemin de fer passant sur la glace en attendant la ligne qui devait contourner le lac. Il est vrai que la nécessité était grande : il s'agissait de transporter des troupes et du matériel de guerre à l'autre extrémité de l'empire russe, alors en guerre avec le Japon.

L'arrivée des voyageurs devant le lac Baïkal en hiver produisait à tous une vive impression. Dans le Transsibérien, ils avaient des wagons très confortables, de magnifiques salons roulants, et tout à coup il fallait les quitter pour se confier à un plancher de glace de 23 lieues de largeur entre les deux rives.

24. Le chemin de fer transsibérien.

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Nous savons que depuis six jours il est pris par les glaces, que les bateaux n'y circulent plus, et qu'on est obligé de le franchir, vers son extrémité sud, en des troïkas préhistoriques*. Cette perspective a bien son charme pour les amateurs de pittoresque, mais elle ne va pas sans faire palpiter quelques cœurs.

On ne manque pas de rappeler que le Baïkal est une véritable mer d'eau douce, longue de six cent cinquante kilomètres, large de plus de quatre-vingt-dix, où les profondeurs atteignent jusqu'à deux mille mètres.

Le train nous arrête au bord d'un quai.

Nuée de porteurs, mais pas de cris. Dans ce pays, tout se fait en silence. Chacun s'occupe de suivre ses bagages. Il y a cent mètres à faire pour arriver à l'endroit où cent cinquante conducteurs de traîneaux sont massés, attendant la clientèle qui va les employer.

L'impression qu'on éprouve pendant les heures qui commencent à ce moment est inoubliable. Tous ces « bateliers de la glace » ont des bottes de feutre, roses ou noires, sans lesquelles personne ne sort en ce pays, et des souquenilles*

LE CHEMIN DE FER TRANSSIBÉRIEN.

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en peau de chèvre, de chien ou d'âne. Les bonnets de fourrure et les « mains d'ours » à l'avenant.

La troika est en bois brut, à peine varlopé. Pas un ressort, bien entendu. La caisse, en osier grossier, est doublée intérieurement avec de la peau de vache. Les sièges y sont inconnus on s'asseoit sur des bottes de foin, sous lesquelles on cale une partie des valises.

Il est bien recommandé à chacun de se protéger les oreilles et le nez, qui pourraient geler tout net......

Ces recommandations sont sages, mais, heureusement pour la caravane dont je fais partie, elles sont aujourd'hui superflues, car il fait sur le lac Baïkal un temps comme jamais on n'y en a vu. A peine dix degrés au-dessous de zéro, au lieu de trente qui constituent la moyenne à cette époque de l'année.

Et nous voilà lancés dans la steppe lacustre*. Notre troika part la seizième. Toutes celles qui sont devant nous se suivent en ligne droite à perte de vue. En très peu de temps, ce sont des points noirs sur une colossale tartine blanche. Et nous pouvons nous comparer à un tas de petits Nansen cherchant le passage du Pôle Nord. (Extrait du Journal Le Matin.)

Mots expliqués.

Troika Voiture légère pour transporter les voyageurs en Russie. Préhistorique Antérieur à l'histoire; troïka préhistorique; plaisanterie; voiture telle que devaient en avoir les peuples très anciens. Souquenille: Habit qui recouvre tout le corps.

Steppe lacustre : Mot qui vient de lac; vaste surface plane du lac.

Questions et Analyse des idées.

1. Qu'est-ce que le Transsibérien ? — 2. Où est le lac Baïkal? Quelles en sont les dimensions? — 3. Racontez l'arrivée des voyageurs devant le lac. - 4. Quelle impression éprouvent-ils, et pourquoi? — 5. Décrivez la troika.

6. Décrivez le départ du convoi.

Devoir (Élocution et Rédaction).

Dites ce que vous savez sur le chemin de fer transsibérien, le lac Baïkal et le climat de ces régions

LECT. PRIM.

NOVEMBRE
Se Semaine.

CONNAISSANCES USUELLES
Grands spectacles de la nature.

25. La traversée du lac Baïkal

en traîneau.

Nous voilà sur les glaces de l'énorme lac, suivant un balisage* fait de branches de sapin fichées dans la glace, et aussi une audacieuse ligne téléphonique, construite en quatre jours, dès le lendemain de la congélation totale du Baïkal.

Ces engins primitifs de locomotion, ces accoutrements sauvages, ces petits chevaux tout velus et barbus nous ramènent par la pensée aux premiers âges du monde. Et il est drôle de songer que sans ces hommes frustes qui, avec un knout à deux lanières, chassent devant eux leurs bêtes et nous véhiculent ainsi, non sans secousses, le progrès impuissant serait arrêté au bord du lac.

Mais ceci n'est rien.

Aux verstes* succèdent les verstes. Le balisage en branches de sapin a cessé. Il ne nous reste plus comme fil d'Ariane* que celui du téléphone, tout luisant neuf, entre ses cinq ou six cents poteaux, alignés dans l'immensité blanche.

Bientôt les rives du lac ont disparu dans la brume. Comme le seul point de la côte qui reste visible est dans notre dos, nous avons la parfaite illusion de la mer de glace étendant sa croûte blanche à perte de vue. Silence lugubre, coupé seulement par la musiquette des sonnailles, que les chevaux font tinter à chaque coup de leur sabot ferré à glace, ou par le cri de quelques corbeaux, gros comme des poules.

Sans fin, devant nous, le désert de glace s'allonge, s'allonge. Phénomène curieux : on perd à tout instant, sur cette nappe gigantesque d'eau gelée, la notion même de l'eau. Ce chemin tracé dans la neige, nivelé par des équipes de cantonniers, pai couru dans chaque sens par des traîneaux à la douzaine, planté de poteaux téléphoniques, paraît si solide,

LA TRAVERSÉE DU LAC BAÏKAL EN TRAINEAU.

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si dur, qu'on croit être sur la terre, et que la confiance y règne, aussi ferme que la glace.

L'isba* du restaurateur est la chose la plus fantastique qu'on rencontre sur cette route polaire, entre le petit village de Baïkal et celui de Tankoï, où se fait maintenant l'atterrissage.

C'est une maison, ou plutôt un groupe de maisons en bois, qu'un audacieux gargotier a fait ajuster il y a déjà deux hivers. Dès que le lac est gelé, il arrive avec son outillage et ses baraques démontées. Une équipe d'ouvriers lui installe en quarante-huit heures ses planches numérotées, ses toits, ses poêles, ses portes doublées de feutre. Et le troisième jour, les provisions de bouche étant arrivées, quiconque passe le lac en traîneau entre dans l'isba pour y déjeuner, manger un bout de saucisson, un poisson mariné, boire une tasse de thé brûlant, tiré du samovar devant la clientèle dépouillée de ses fourrures, et loin de songer, bien sûr, aux deux mille mètres d'eau qui sont, à cet endroit sous les fondations de l'auberge, dont l'enseigne pourrait être : A la glace! A la glace! (Extrait du Journal Le Matin.) Aujourd'hui, le chemin de fer transsibérien est achevé et la ligne contourne le lac que l'on n'a plus besoin de traverser en bateau l'été, en traineau l'hiver

Mots expliqués.

Balisage Ligne de poteaux, de perches, d'objets quelconques qu indiquent la route.

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Verste Mesure de longueur valant à peu près un kilomètre.

:

Fil d'Ariane Fil qui va d'un point à un autre et qui sert à retrouver son chemin dans l'obscurité.

Isba: Mot russe qui signifie maison, cabane, ordinairement en bois. Samovar Appareil pour faire le thé.

Questions et Analyse des idées.

1. Comment les voyageurs ont-ils traversé le lac Baïkal? lez de l'isba située au milieu du lac.

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3. Quelles qualités a ce récit?

Devoirs (Élocution et Rédaction).

1. Décrivez le lac Baïkal en hiver.

2. Dites ce que vous savez sur la Sibérie et la Chine.

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Nos parents nous répètent souvent qu'il faut travailler; mais nous ne les écoutons pas toujours, et même nous ne comprenons pas très bien l'importance de leurs paroles. Dans la belle fable que voici, La Fontaine raconte comment un père enseigna à ses enfants que le travail est la plus sûre des richesses.

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Travaillez, prenez de la peine :

C'est le fonds qui manque le moins..

Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses Enfants, leur parla sans témoins:
-Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que nous ont laissé nos parents :

Un trésor est caché dedans.

Je ne sais pas l'endroit; mais un peu de courage
Vous le fera trouver vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'août*:
Creusez, fouillez, bêchez; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse. »

Le père mort, les fils vous retournent le champ,
Deçà, delà, partout: si bien qu'au bout de l'an
Il en rapporta davantage.

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