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L'EXISTENCE A LA CAMPAGNE.

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tantes cultivait avec soin, étaient un revenu qui coûtait peu de frais; l'huile, exprimée de nos noix encore fraîches, avait une saveur, une odeur que nous préférions au goût et au parfum de celle de l'olive. Nos galettes de sarrasin*, humectées, toutes brûlantes, de ce bon beurre du Mont-Dore, étaient pour nous le plus friand régal. Je ne sais pas quel mets nous eût paru meilleur que nos raves et nos châtaignes; et en hiver, lorsque ces belles raves grillaient le soir à l'entour du foyer, ou que nous entendions bouillonner l'eau du vase où cuisaient ces châtaignes si savoureuses et si douces, le cœur nous palpitait de joie.

Ainsi, dans un ménage où rien n'était perdu, de petits objets réunis entretenaient une sorte d'aisance, et laissaient peu de dépense à faire pour suffire à tous nos besoins. Le bois mort dans les forêts voisines était en abondance, et presque en non valeur; il était permis à mon père d'en tirer sa provision. L'excellent beurre de la montagne et les fromages les plus délicats étaient communs et coûtaient peu; le vin n'était pas cher, et mon père lui-même en usait sobrement. MARMONTEL.

Mots expliqués.

Frugalité: Qualité de celui qui se contente d'une nourriture simple, d'aliments peu recherchés; simplicité de vie, de mœurs, etc. Enlever la tille ou l'écorce du chanvre et en détacher le

Teiller

filament.

Sarrasin Espèce de blé noir.

Questions et Analyse des idées.

1. De quelle manière cette famille vivait-elle dans l'aisance? 2. Parlez du jardin, de la bergerie, des récoltes diverses de la forêt. Devoir (Élocution et Rédaction).

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Occupations et travaux de vos parents (ou d'une famille que vous connaissez) à la campagne. En hiver, quelques travaux aux champs, et, à l'intérieur battage et nettoyage des grains, soins aux animaux, etc. Dans la belle saison, préparation de la terre, semailles, binage, sarclage, récolte des foins, des blés, etc., vendanges. Comment et pourquoi l'on peut être heureux à la campagne.

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OCTOBRE

2° Semaine.

MORALE La Famille

7. Le vieillard et ses enfants.

-

Autant l'existence en famille est bonne, saine et avantageuse pour tous quand les membres de la famille s'aiment, sont unis entre eux et travaillent tous au bonheur commun, autant la désunion peut amener de funestes résultats.

Un vieillard, près d'aller où la mort l'appelait* :
- «Mes chers enfants, dit-il (à ses fils il parlait),
Voyez si vous romprez ces dards* liés ensemble:
Je vous expliquerai le noeud qui les assemble. »>
L'aîné, les ayant pris, et fait tous ses efforts,

Les rendit, en disant : « Je le donne aux plus forts. »
Un second lui succède, et se met en posture*,
Mais en vain. Un cadet tente aussi l'aventure.
Tous perdirent leur temps, le faisceau résista :
De ces dards joints ensemble un seul ne s'éclata.

<< Faibles gens, dit le père, il faut que je vous montre
Ce que ma force peut en semblable rencontre. >>
On crut qu'il se moquait; on sourit, mais à tort:
Il sépare les dards et les rompt sans effort.

<< Vous voyez, reprit-il, l'effet de la concorde* :
Soyez joints, mes enfants; que l'amour vous accorde. »
Tant que dura son mal, il n'eut d'autre discours.
Enfin, se sentant près de terminer ses jours:

« Mes chers enfants, dit-il, je vais où sont nos pères ;
Adieu promettez-moi de vivre comme frères;
Que j'obtienne de vous cette grâce en mourant. »
Chacun de ses trois fils l'en assure en pleurant.

Il prend à tous les mains; il meurt. Et les trois frères
Trouvent un bien fort grand, mais fort mêlé d'affaires,
Un créancier* saisit, un voisin fait procès:

D'abord notre trio s'en tire avec succès.

Leur amitié fut courte autant qu'elle était rare.
Le sang les avait joints, l'intérêt les sépare :
L'ambition, l'envie, avec les consultants*,

LE VIEILLARD ET SES ENFANTS.

Dans la succession* entrent en même temps.
On en vient au partage, on conteste, on chicane* :
Le juge sur cent points tour à tour les condamne.
Créanciers et voisins reviennent aussitôt,

Ceux-là sur une erreur, ceux-ci sur un défaut.
Les frères désunis sont tous d'avis contraire;
L'un veut s'accommoder, l'autre n'en veut rien faire.
Tous perdirent leur bien, et voulurent trop tard
Profiter de ces dards unis et pris à part.

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LA FONTAINE. (Le plus célèbre fabuliste français, 1621-1695.)
Mots expliqués.

Près d'aller, etc. Sur le point de mourir.

Dard: Baguette terminée par un fer pointu.

Posture: Se place, se dispose pour essayer de les briser. Concorde: Union et amour entre les hommes. Tant que les dards étaient unis, on ne pouvait pas les briser; séparés, on les casse l'un après l'autre sans difficulté.

Créancier Personne à qui l'on doit de l'argent.

:

Consultant: Les avocats à qui l'on demandait conseil, et qui cherchaient matière à procès.

Succession: Biens laissés en héritage. Suite de choses qui viennent l'une après l'autre.

Chicane: Petite querelle, dispute sans motifs sérieux.

Questions et Analyse des idées.

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1. Que voulait enseigner le vieillard à ses enfants? 2. Quel est l'exemple qu'il choisit? 3. Que fit chacun des enfants? 4. Réussirent-ils?-5. Pourquoi? — 6. Comment s'y prit le père pour briser les dards? 7. Quels furent ses derniers conseils?-8. Les fils vécurentils longtemps d'accord? 9. A quel moment se brouillèrent-ils? 10. Dans les procès qu'on leur fit, s'entendirent-ils ? 11. Quelles furent les conséquences de leur désaccord ?

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Devoirs (Élocution et Rédaction).

1. Racontez cette fable en prose et à votre manière.

2. Indiquez la morale de cette fable et donnez quelques explications. Cherchez d'abord dans la fable le ou les vers qui résument le mieux l'idée de La Fontaine et qui renferment la morale de la fable. Expliquez-les. — Puis donnez quelques autres exemples qui fassent bien comprendre ce que vous pensez. Donnez aussi des exemples pris hors de la famille : des écoliers dans un jeu, des gens formant une société, des citoyens d'une même patrie, etc.

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Nos ancêtres n'ont pas seulement fait des découvertes qui nous ont été utiles pour nos besoins matériels, comme le feu; ils en ont fait également pour les besoins de notre esprit, de notre intelligence, et l'une des plus importantes est assurément la découverte de l'écriture.

C'était en Égypte, il y a bien longtemps, six mille ans au moins, peut-être davantage. — L'Égypte, alors, était déjà une grande nation, civilisée pour ce temps-là, ayant de riches cultures, des villes populeuses, des lois, des savants. — C'est là que nous trouvons la plus ancienne connaissance de l'écriture; c'est là, sans doute, qu'elle fut inventée. Mais elle ne fut pas inventée en un seul jour, par un seul homme. Qu'avait-il fait, le premier inventeur de l'écriture? Il avait imaginé de dessiner grossièrement sur des pierres, au simple trait, la chose dont il voulait donner l'idée et conserver le souvenir.

Vous est-il arrivé de charbonner* sur un mur un profil grossier, avec des bras, des jambes? L'esquisse * était bien maladroite, les proportions n'y étaient guère; pas de détails. non plus.... Pourtant tout le monde reconnaissait ce que vous aviez voulu figurer; on se disait, en passant : « Ceci est un bonhomme! » C'était un signe qui rappelait à l'esprit la chose signifiée cela voulait dire un homme. Ainsi fit-il, notre inventeur. Chose naïve, n'est-ce pas ? « Eh! vous ditesvous, je lirais bien une écriture comme celle-là ! >> Sans doute, vous lisez sans hésitation ces signes égyptiens :

Bœuf.

Oie.

Arbre.

Eil.

Jambe

Il y a ici écrit bœuf, oie, arbre, œil, jambe.... Voulaiton donner l'idée du pluriel, on représentait trois fois le

L'INVENTION DE L'ÉCRITURE.

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signe; et vous lisez ici : des arbres : Tout va donc très bien, tant qu'il s'agit de rappeler à la pensée des

objets matériels, des choses qu'on peut dessiner. Arbres. Mais comment figurer des choses qui n'ont pas de forme visible? Comment représenter, par exemple, le vent, le jour? Comment donner à entendre la joie, le courage?

Ne pouvant représenter directement l'idée, figurer la chose même, il faut bien prendre un moyen détourné: on représentera un objet qui ait quelque rapport, dans notre pensée, avec l'idée qu'il s'agit d'exprimer. Ainsi pour dire le vent, nos anciens Égyptiens figuraient une voile gonflée, effet

Vent.

O

Jour.

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Marcher.

Voir.

Manger. du vent; pour exprimer le jour, ils représentaient le disque* du soleil, cause du jour. Veulent-ils écrire le courage, la vaillance, ils dessineront un lion, animal courageux ; ou, par abréviation, une tête de lion seulement. Pour dire la joie, le plaisir, ils représentent un petit homme qui danse. — Or, ce n'est pas tout on ne peut pas faire des phrases avec des substantifs seulement il faut surtout des verbes. Marcher s'écrivait par une petite paire de jambes; voir, par deux yeux; manger, par un homme portant la main à sa bouche. Tels sont les modestes commencements de cette belle découverte de l'écriture.

Mots expliqués.

Charbonner: Dessiner grossièrement avec du charbon.

Esquisse: Dessin très simple, fait rapidement.

Disque Surface visible du soleil: en général corps rond et plat.

Questions et Analyse des idées.

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1. Y a-t-il longtemps que l'Egypte a été civilisée ? inventeurs de l'écriture pour représenter leurs idées? pourriez-vous lire ces dessins grossiers?

2. Qu'ont fait les

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4. Sur quoi étaient gravés

tous ces signes?-5. Quels sont les progrès dus à l'invention de l'écriture? Devoir (Élocution et Rédaction).

Racontez comment les Égyptiens sont arrivés à représenter leur pensée.

LEGT. PRIM.

2

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