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Parmi des demeures pareilles

Exerga fa fureur fut vos divins appas bet le fouvenir d'un ti cruel outrage, Qui laut, reprit la fœur, que je ne vous fuis pas : bn voyant les hommes, hélas!

Il m'en fouvient bien davantage.

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L'efprit de contradiction

L'aura fait flotter d'autre forte.

Cet homme fe railloit affez hors de faifon.
Quant à l'humeur contredifante,
Je ne fai s'il avoit raifon;

Mais que cette humeur foit, on nom,
Le défaut du fexe & fa pente,
Quiconque avec elle naîtra,
Sans faute avec elle mourra,
Et jufqu'au bout contredira,
Et, s'il peut, encor par de-là.

FABLE

XVII.

La Belette entrée dans un Grenier.

D'Amoifelle Belette au corps long & fluet,

Entra dans un Grenier par un trou fort étroit:
Elle fortoit de maladie.
Là, vivant à difcrétion,
La galante fit chére (1) lie,
Mangea, rongea : Dieu fait la vie,

Et le lard qui périt en cette occafion.

La voilà, pour conclufion,

Graffe, maflue, & rebondie.

Au bout de la femaine, ayant dîné fon fou,
Elle entend quelque bruit, veut fortir par le trou;

(1) Grand' chere. Chere lie qu'on trouve fouvent dans Rabelais, fignifie proprement chere joyeuse. Le mot Lie n'eft guére plus entendu dans ce fens-là, quoique lieffe qui en a été formé, ne foit encore ni barbare, ni

tout-à-fait hors d'ufage, té
moin Notre-Dame de Lieffe
& ce vers de la Fontaine qui
eft entendu de tout le mon
de:

Aux noces d'un Tyran tout le
peuple en lieffe.
Fable x1. Liv, 6.

Parmi des demeures pareilles

Exerça fa fureur fur vos divins appas.
Et c'eft le fouvenir d'un fi cruel outrage,
Qui fait, reprit fa fœur, que je ne vous fuis pas :
En voyant les hommes, hélas!

Il m'en fouvient bien davantage.

J

FABLE XV I.

La Femme noyée

E ne fuis pas de ceux qui difent: Ce n'eft rien,
C'est une femme qui fe noie.

Je dis que c'eft beaucoup ; & ce fexe vaut bien
Que nous le regrettions puifqu'il fait notre joie.
Ce que j'avance ici n'eft pas hors de propos,
Puifqu'il s'agit dans cette Fable
D'une femme qui dans les flots
Avoit fini fes jours par un fort déplorable.
Son époux en cherchoit le corps,
Pour lui rendre en cette aventure
Les honneurs de la fépulture.
Il arriva que fur les bords

Du fleuve, auteur de fa difgrace,

Des gens fe promenoient ignorans l'accident.
Le mari donc leur demandant

S'ils n'avoient de fa femme apperçu nulle trace.
Nalle, reprit l'un d'eux, mais cherchez-la plus

bas,

Suivez le fil de la riviere.

Un autre repartit: Non, ne le fuivez pas,
Rebrouffez plûtôt en arriere.

Quelle que foit la pente & l'inclination

Dont l'eau par fa couffe l'emporte

L'efprit de contradiction

L'aura fait flotter d'autre forte.

Cet homme fe railloit affez hors de faifon.
Quant à l'humeur contredifante,
Je ne fai s'il avoit raison;

Mais que cette humeur foit, on non,
Le défaut du fexe & fa pente,
Quiconque avec elle naîtra,
Sans faute avec elle mourra,
Et jufqu'au bout contredira,
Et, s'il peut, encor par de-là.

FABLE XVII.

La Belette entrée dans un Grenier.

Amoiselle Belette au corps long & fluet,

DA

Entra dans un Grenier par un trou fort étroit:
Elle fortoit de maladie.

Là, vivant à difcrétion

La galante fit chére (1) lie,

Mangea, rongea : Dieu fait la vie,

Et le lard qui périt en cette occafion.
La voilà, pour conclufion,

Graffe, maflue, & rebondie.

Au bout de la femaine, ayant dîné fon fou,
Elle entend quelque bruit, veut fortir par le trou;

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tout-à-fait hors d'ufage, té
moin Notre-Dame de Lieffe,
& ce vers de la Fontaine qui
eft entendu de tout le mon-
de:

Aux noces d'un Tyran tout le
peuple en lieffe.
Fable x1. Liv, 6.

Ne peut plus repaffer, & croit s'être méprise.
Après avoir fait quelques tours,

C'eft, dit-elle, l'endroit, me voilà bien furprise:
J'ai paffé par ici depuis cinq ou fix jours.
Un Rat qui la voyoit en peine,

Lui dit: Vous aviez lors la panfe un peu moins pleine.
Vous étes maigre entrée, il faut maigre fortir :
Ce que je vous dis-là, l'on le dit à bien d'autres.
Mais ne confondons point, par trop approfondir,
Leurs affaires avec les vôtres.

FABLE XVIII.

Le Chat & un vieux Rat.

J

'Ai lû, chez un conteur de Fables; Qu'un fecond Rodilard, (1) l'Alexandre des Chats, L'Attila, (2) le fléau des Rats,

Rendoit ces derniers miférables.
J'ai lu, dis-je, en certain Auteur,
Que ce Chat exterminateur,

Vrai (3) Cerbere, étoit craint une lieue à la ronde:
Il vouloit de Souris dépeupler tout le monde.
Les planches qu'on fufpend fur un léger appui,
La Mort aux Rats, les Souriciéres,
N'étoient que jeux au prix de lui.

Comme il voit que dans leurs taniéres
Les Souris étoient prisonniéres,

Qu'elles n'ofoient sortir, qu'il avoir beau chercher,

(1) Le plus vaillant d'en

tre eux.

(2) Attila, Roi des Gots, qu'on nomma le fléau du

genre humain.

(3) Chien à trois têtes, qui garde l'entrée des En fers.

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