Le Rat & l'Huitre. 'N Rat, hôte d'un champ, Rat de peu de cer velle, UN Des (1) Lares paternels un jour se trouva sou. N'étant pas de ces Rats, qui les livres rongeans, Une s'étoit ouverte, & bâillant au Soleil, Humoit l'air, refpiroit, étoit épanouie, (1) De fa maifon. (2) Hautes montagnes qui regnent le long de l'Italie, (3) Grande montagne en Afie. (4) Déeffe de la mer, pour la mer même, Qu'apperçois-je ? dit-il, c'eft quelque vi&tuaille; Et, fi je ne me trompe à la couleur du mets, Je dois faire aujourd'hui bonne chere, ou jamais. Là-deffus maître Rat, plein de belle espérance, Approche de l'écaille, allonge un peu le cou, (5) Se fent pris comme aux lacs, car l'Huître tout d'un coup Se referme; & voilà ce que fait l'ignorance. Cette Fablé contient plus d'un enfeignement. Que ceux qui n'ont du monde aucune expérience (5) On m'a affuré qu'il eft affez ordinaire de voir des Rats qui ont actuellement donné dans ce piége. Mais la Fable n'eft pas moins ingénieufe, ni moins inftructive, pour être fondée fur la vérité. FABLE X. L'Ours & l'Amateur des Jardins. CE Ertain Ours montagnard, Ours à demi lêché, Confiné par le Sort dans un bois folitaire, Nouveau (1) Bellerophon, vivoit feul & caché: Il fût devenu fou la raifon d'ordinaire (1) Prince valeureux, qui après avoir mis à fin les plus terribles aventures, accablé d'une noire mélancolie, fe retira dans un défert, dit Homere, pour rompre tout commerce avec les hommes. Je n'ai garde de mettre ici les paroles du Poëte. Da Grec! Eh qui s'attendroit à voir du Grec dans des Notes fur les Fables de La Fontaine? Cette bigarrure choqueroit infailliblement la feur des plus beaux efprits de es fiècle. N'habite pas long-temps chez les gens(2) fequeftrés : Dans les lieux que l'Ours habitoit ; Il vint à s'ennuyer de cette trifte vie. Il aimoit les Jardins, étoit Prêtre de (3) Flore, Ces deux emplois font beaux:mais je voudrois parmi, Les Jardins parlent peu, fi ce n'eft dans mon Livre; Avec des gens muets, notre homme un beau matin L'homme eut peur : mais comment efquiver, & que faire? Se tirer en Gafcon d'une femblable affaire Arrivés, les voilà, fe trouvant bien ensemble; (4) Déeffe des Fruits. (2) Séparés des autres. Et bien qu'on foit, à ce qu'il semble, Beaucoup mieux feul qu'avec des fots, Comme l'Ours en un jour ne difoit pas deux mois L'homme pouvoit fans bruit vaquer à fon ouvrage. L'Ours alloit à la chaffe, apportoit du gibier, Faifoit fon principal métier D'être bon (s) émoucheur, écartoit du visage Que nous avons Mouche appellé. Un jour que le vieillard dormoit d'un profond fomme, Sur le bout de fon než une allant fe placer, Rien n'eft fi dangereux qu'un ignorant ami; (5) De chaffer les mouches qui venoient piquer fon ami, D FABLE XI. Les deux Amis. Eux vrais amis viyoient au (1) Monomotapa: L'un ne poffédoit rien qui n'appartînt à l'autre : Les amis de ce pays-là Valent bien, dit-on, ceux du nôtre, Une nuit que chacun s'occupoit au fommeil, (1) Pays au Sud-eft de l'Afrique. Et mettoit à profit l'abfence du Soleil, Un de nos deux amis fort du lit en alarme : Vous m'êtes, en dormant, un peu trifte apparu : Qui d'eux aimoit le mieux, que t'en femble,Lecteur De les lui découvrir vous-même. Un fonge, un rien, tout lui fait peur (2) Le Dieu du fommeil, c'eft-à-dire, Tout le monde dormois dans ce Palaisy |