Me laiffera franchir les ans dans cet Ouvrage : ̧ C'eft de vous que mes Vers attendent tout leur prix : Dont vous ne connoissiez jufques aux moindres traces; Voudroit s'étendre davantage : Mais il faut réserver à d'autres cet emploi, Et d'un plus grand Mattre que Votre louange eft le partage. moi Olympe, c'eft affez qu'à mon dernier Ouvrage Par qui j'ofe efperer une feconde vie : Sous vos feuls aufpices ces Vers Seront jugés, malgré l'envie, Dignes des yeux de l'Univers. Je ne mérite pas une faveur fi grande : Vous savez quel crédit ce menfonge a fur nous, Caron LIVRE SEPTIÉME. FABLE PREMIERE. Les Animaux malades de la Pefte. N mal qui répand la terreur, Inventa pour punir les crimes de la terre, Ils ne mouroient pas tous, mais tous étoient frappés. Le Lion tint confeil, & dit : Mes chers amis, Pour nos péchés cette infortune: (1) Les Enfers, féjour des Morts Que le plus coupable de nous Se facrifie aux traits du célefte courroux: Ne nous flattons donc point,voyons fans indulgence Pour moi, fatisfaifant mes appétits gloutons, Que m'avoient-ils fait ? Nulle offense: Même il m'eft arrivé quelquefois de manger Le Berger. Je me dévoûrai donc, s'il le faut : mais je penfe Sire, dit le Renard, vous étes trop bon Roi: Et quant au Berger, l'on peut dire Etant de ces gens-là qui, fur les Animaux, Ainfi dit le Renard, & flatteurs d'applaudir. Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres Puiflances La faim, l'occafion, l'herbe tendre, & je penfe, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue. A A ces mots on cria (2) haro fur le Baudet. Un Loup quelque peu (3) Clerc, prouva par fa ha rangue, Qu'il falloit dévouer ce maudit animal, Ce pelé, ce galeux, d'où venoit tout le mal.、 Manger l'herbe d'autrui! Quel crime abominable! D'expier fon forfait on le lui fit bien voir. : Selon que vous ferez puislånt ou miférable, (2) Cri pour arrêter un criminel. (3) Savant dans les Loix. Q FABLE II, Le mal Marié. Ue le bon foit toujours camarade du beau, Dès demain je chercherai femme: Mais comme le divorce entr'eux n'eft pas nouveau; Et que peu de beaux corps, hôtes d'une belle ame, Affemblent l'un & l'autre point, Ne trouvez pas mauvais que je ne cherche point. J'ai vu beaucoup d'Hymens, aucuns d'eux ne me tentent: Cependant des humains prefque les quatre parts II. Partie. P Rien ne la contentoit, rien n'étoit comme il faut, Elle en dit tant, que Monfieur à la fin, Vous la renvoie à la campagne Etoit de voir les gens plus pareffeux qu'ici. Qu'un moment avec vous, & ne revient qu'au foir, Que feront des valets qui, toute la journée, Que vous voulez qui foit jour & nuit avec vous ? |