Vit un Berger. Enseigne-moi, de grace, La vraie épreuve de courage (1) Comme une rente Seigneuriale. Borée FABLE III. (1) Phœbus & Borée. Orée & le Soleil virent un Voyageur, Qui s'étoit muni par bonheur Contre le mauvais temps. On entroit dans l'Au tomne, Quand la précaution aux Voyageurs eft bonne: (2) Qu'en ces mois le manteau leur eft fort néceffaire. (1) Le Soleil, & le Vent du Nord, qui eft en général très-violent. (2) A caufe de la pluie, qui forme actuellement l'Arc-en-Ciel, à la faveur des rayons du Soleil. M Les Latins les nommoient (3) douteux pour cette affaire. Notre homme s'étoit donc à la pluie attendu. Bon manteau bien doublé, bonne étoffe bien forte. Qu'il n'eft bouton qui tienne : il faudra, fi je veux, A qui plûtôt aura dégarni les épaules Commencez : je vous laiffè obfcurcir mes rayons. Il n'en fallut pas plus. Notre fouffleur à gage s'enfle comme un balon, Se gorge de vapeurs, Fait un vacarme de démon, Siffle, fouffle, tempête, & brise en fon paffage Le Cavalier eut foin d'empêcher que l'orage Récrée, & puis pénétre enfin le Cavalier, Encor n'ufa-t-il pas de toute fa puissance. (3) Incertains. Incertis fi menfibus amnis abundans exit. Ying. Georg.L.I.V.111.112. (4) Ou Balandran, gros manteau de campagne. FABLE I V. Jupiter & le (1) Métayer. Jupiter eut jadis une Ferme à donner. Mercure en fit l'annonce; & gens fe présenterent, Ce ne fut pas fans bien tourner. Etoit (2) frayant & rude; & l'autre un autre (3) fi. Lui donnât faifon à sa guise, Qu'il eût du chaud, du froid, du beau temps, de la bife, Enfin du fec & du mouillé, (1) Fermier qui tient des biens à loyer. (2) Héritage frayant, qu'on ne peut mettre en valeur fans faire de groffes dépenfes. Les Fermiers & les Payfans de Champagne, & des environs de Château-Thier ry où eft ne La Fontaine, fe fervent fort communément des mots frayant & frayer. La Vigne, difent-ils, & certaines Terres labourables fragent beaucoup, c'eft-à-dire, que la culture de la Vigne & de certains Champs exige des foins & des frais coniidérables. C'eft ce que j'ai appris d'une Demoiselle Jupiter y confent. Contrat pafle: notre homme Tranche du Roi des airs, pleut, vente; & fait en fomme Un climat pour lui feul : fes plus proches voisins Monfieur le Receveur fut très-mal partagé. La température des Cieux. Son champ ne s'en trouve pas mieux. Celui de fes voisins fru&tifie & rapporte. Concluons que la Providence Sait ce qu'il nous faut mieux que nous. (4) Peuples de l'Amérique. Le Cochet, le Chat & le Souriceau. UN (1) Souriceau tout jeune, & qui n'avoit vû, Fut prefque pris au dépourvû. Voici comme il conta l'aventure à sa mere. J'avois franchi les Monts qui bornent cet Etat; Qui cherche à fe donner carriére, Lorfque deux animaux m'ont arrêté les yeux, (1) Une jeune Souris. L'un doux, benin & gracieux; Or c'étoit un Cochet dont notre Souriceau Comme d'un Animal venu de l'Amérique. Que moi, qui grace aux Dieux, de courage me pique, Le maudiffant de très-bon cœur. Avec cet animal qui m'a femblé fi doux. Marqueté, longue queue, une humble contenance, Avec. Meffieurs les Rats: car il a des oreilles Je l'allois aborder, quand, d'un fon plein d'éclat, D'un malin vouloir eft porté. Bien éloigné de nous mal faire, Servira quelque jour peut-être à nos repas. De juger des gens fur la mine, |