TOME SOIXANTE-HUITIÈME (CLXVIII DE LA COLLECTION) ALPHONSE PICARD & FILS Libraires des Archives nationales et de la Société de l'École des Chartes de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 82, RUE BONAPARTE, 82 1907 LES DERNIERS JOURS ET LA MORT DU DUC ET DE LA DUCHESSE DE BOURGOGNE Au mois de septembre 1711, la Cour était encore à Fontainebleau, dont le séjour, depuis la suppression des comédies et des fêtes, ne laissait pas d'être assez morose. Certain soir, le Roi, la Duchesse de Bourgogne, les princesses et leurs dames étaient réunis dans le cabinet du Roi, après souper. La conversation était languissante. Le Roi était triste. Les nouvelles de l'armée et des négociations continuaient à être mauvaises. La Duchesse de Bourgogne s'efforçait de le distraire et de le divertir. « Elle avoit, dit Saint-Smon, baragouiné toutes sortes de langues et fait cent enfances pour l'amuser. » Dans un coin du cabinet, l'air hostile et dédaigneux, se tenaient la princesse de Conti et la duchesse de Bourbon, les deux rivales, on pourrait dire les deux ennemies de la Duchesse de Bourgogne. Leur attitude n'avait pas échappé à la princesse. Le Roi étant passé dans un arrière-cabinet pour donner à manger à ses chiens, elle prit d'une main la duchesse de Saint-Simon, de l'autre la marquise de Levis, deux de ses dames favorites, et elle leur dit : « Avez-vous vu? Avez-vous vu? Je sais comme elles qu'à tout ce que j'ai fait et dit il n'y a pas le sens commun et que cela est misérable, mais il lui faut du bruit et ces choses-là le divertissent; » et s'appuyant sur le bras de ses dames, elle se mit à sauter et à danser, en disant presque à haute voix « Hé! je m'en ris! Hé! je me moque d'elles! Je |