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mais les articles ne furent réunis que long-temps après.

Notre Symbole, en un mot, est incontestablement la créance des apôtres, mais n'est pas une pièce écrite par eux. Rufin, prêtre d'Aquilée, est le premier qui en parle; et une homélie attribuée à saint Augustin est le premier monument qui suppose la manière dont ce Credo fut fait. Pierre dit dans l'assemblée, Je crois en Dieu père tout puissant; André dit, et en Jésus-Christ; Jacques ajoute, qui a été conçu du Saint-Esprit; et ainsi du reste.

Cette formule s'appelait symbolos en grec, en latin collatio. Il est seulement à remarquer que le grec porte, Je crois en Dieu père tout puissant, feseur du ciel et de la terre : Πιστεύω εἰς ἕνα θεὸν πατέρα παντὸ κράτορα, ποιητὴν οὐρανοῦ καὶ γῆς; le latin traduit feseur, formateur, par creatorem. Mais depuis, en traduisant le symbole du premier concile de Nicée, on mit factorem1.

Constantin convoqua, assembla dans Nicée, vis-àvis de Constantinople, le premier concile œcuménique, auquel présida Ozius. On y décida la grande question qui agitait l'Église touchant la divinité de JésusChrist; les uns se prévalaient de l'opinion d'Origène, qui dit au chap. vi contre Celse: « Nous présentons «< nos prières à Dieu par Jésus, qui tient le milieu <«< entre les natures créées et la nature incréée, qui

1 L'édition de 1970 du Dictionnaire philosophique ou Raison par alphabet, contient ici un passage que l'auteur a, en 1771, transporté au mot ÉGLISE (Précis de l'histoire de l'église chrétienne). C'est celui qui commence par ces mots: Le christianisme s'établit, et finit par ceux-ci, liberté d'agir. B.

« nous apporte la grace de son père, et présente nos

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prières au grand Dieu en qualité de notre pontife. >> Ils s'appuyaient aussi sur plusieurs passages de saint Paul, dont on a rapporté quelques uns. Ils se fondaient surtout sur ces paroles de Jésus-Christ', «Mon « père est plus grand que moi; » et ils regardaient Jésus comme le premier-né de la création, comme la pure émanation de l'Être suprême, mais non pas pré

cisément comme Dieu.

Les autres, qui étaient orthodoxes, alléguaient des passages plus conformes à la divinité éternelle de Jésus, comme celui-ci 2, « Mon père et moi nous sommes << la même chose»; paroles que les adversaires interprétaient comme signifiant, « Mon père et moi nous <«< avons le même dessein, la même volonté; je n'ai point d'autres desirs que ceux de mon père. » Alexandre, évêque d'Alexandrie, et, après lui, Athanase, étaient à la tête des orthodoxes; et Eusèbe, évêque de Nicomédie, avec dix-sept autres évêques, le prêtre Arius, et plusieurs prêtres, étaient dans le parti opposé. La querelle fut d'abord envenimée, parceque saint Alexandre traita ses adversaires d'antechrists.

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Enfin, après bien des disputes, le Saint-Esprit décida ainsi dans le concile, par la bouche de deux cent quatre-vingt-dix-neuf évêques, contre dix-huit : « Jésus <«<est fils unique de Dieu, engendré du Père, c'est-à<< dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, lumière <«< de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, consubstantiel <«< au Père; nous croyons aussi au Saint-Esprit, etc. »

1 Saint Jean, XIV, 28. B.

2 Id., X,
30. B.

Ce fut la formule du concile. On voit par cet exemple combien les évêques l'emportaient sur les simples prêtres. Deux mille personnes du second ordre étaient de l'avis d'Arius, au rapport de deux patriarches d'Alexandrie, qui ont écrit la chronique d'Alexandrie, en arabe. Arius fut exilé par Constantin; mais Athanase le fut aussi bientôt après, et Arius fut rappelé à Constantinople. Alors saint Macaire pria Dieu si ardemment de faire mourir Arius avant que ce prêtre pût entrer dans la cathédrale, que Dieu exauça sa prière. Arius mourut en allant à l'église, en 330. L'empereur Constantin finit sa vie en 337. Il mit son testament entre les mains d'un prêtre arien, et mourut entre les bras du chef des ariens Eusèbe, évêque de Nicomédie, ne s'étant fait baptiser qu'au lit de mort, et laissant l'Église triomphante, mais divisée.

Les partisans d'Athanase et ceux d'Eusèbe se firent une guerre cruelle; et ce qu'on appelle l'arianisme fut long-temps établi dans toutes les provinces de l'empire.

Julien le philosophe, surnommé l'apostat, voulut étouffer ces divisions, et ne put y parvenir.

Le second concile général fut tenu à Constantinople, en 381. On y expliqua ce que le concile de Nicée n'avait pas jugé à propos de dire sur le Saint-Esprit; et on ajouta à la formule de Nicée « que le Saint-Esprit « est Seigneur vivifiant qui procède du Père, et qu'il « est adoré et glorifié avec le Père et le Fils. >>

Ce ne fut que vers le neuvième siècle que l'Église latine statua par degrés que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.

En 431, le troisième concile général tenu à Éphèse décida que Marie était véritablement mère de Dieu, et que Jésus avait deux natures et une personne. Nestorius, évêque de Constantinople, qui voulait que la sainte Vierge fût appelée mère de Christ, fut déclaré Judas par le concile, et les deux natures furent encore confirmées par le concile de Chalcédoine.

Je passerai légèrement sur les siècles suivants, qui sont assez connus. Malheureusement il n'y eut aucune de ces disputes qui ne causât des guerres, et l'Église fut toujours obligée de combattre. Dieu permit encore, pour exercer la patience des fidèles, que les Grecs et les Latins rompissent sans retour au neuvième siècle : il permit encore qu'en Occident il y eût vingt-neuf schismes sanglants pour la chaire de Rome.

Cependant l'Église grecque presque tout entière, et toute l'Église d'Afrique, devinrent esclaves sous les Arabes, et ensuite sous les Turcs1.

S'il y a environ seize cents millions d'hommes sur la terre, comme quelques doctes le prétendent, la sainte Église romaine catholique universelle en possède à peu près soixante millions; ce qui fait plus de la vingt-sixième partie des habitants du monde connu*.

I Ici, dans l'édition de 1764 du Dictionnaire philosophique, était le morceau que l'auteur a depuis transporté au mot ÉGLISE jusqu'à ces mots, mais peu d'élus; après quoi l'article était terminé par l'alinéa qui le termine aussi aujourd'hui. B.

a Voyez le Précis de l'histoire de l'Église chrétienne, au mot ÉGLISE.

CHRONOLOGIE 1.

On dispute depuis long-temps sur l'ancienne chronologie, mais y en a-t-il une ?

Il faudrait que chaque peuplade considérable eût possédé et conservé des registres authentiques bien attestés. Mais combien peu de peuplades savaient écrire et dans le petit nombre d'hommes qui cultivèrent cet art si rare, s'en est-il trouvé qui prissent la peine de marquer deux dates avec exactitude?

Nous avons, à la vérité, dans des temps très récents, les observations célestes des Chinois et des Chaldéens. Elles ne remontent qu'environ deux mille ans plus ou moins avant notre ère vulgaire. Mais quand les premières annales se bornent à nous instruire qu'il y eut une éclipse sous un tel prince, c'est nous apprendre que ce prince existait, et non pas ce qu'il a fait.

De plus, les Chinois comptent l'année de la mort d'un empereur tout entière, fût-il mort le premier jour de l'an; et son successeur date l'année suivante du nom de son prédécesseur. On ne peut montrer plus de respect pour ses ancêtres; mais on ne peut supputer le temps d'une manière plus fautive en comparaison de nos nations modernes.

Ajoutez que les Chinois ne commencent leur cycle sexagénaire, dans lequel ils ont mis de l'ordre, qu'à l'empereur Iao, deux mille trois cent cinquante-sept

1 Questions sur l'Encyclopédie, troisième partie, 1770. B.

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