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TROISIÈME PARTIE

DU GUET MORALISTE

SOMMAIRE.

Longueur justement reprochée à ce traité par La Harpe et Madame de Genlis. Abondance outrée des matières ecclésiastiques, qui occupent un quart de l'ouvrage. ractère philosophique et moral du Traité.

Ca

1re PARTIE. Quel bien c'est qu'un bon Prince. - Analogies des pensées avec celles de Bossuet dans l'Oraison funèbre d'Henriette-Marie de France. Nature du contrat conclu entre le Souverain et la République. — Rapprochement des mêmes théories dans Télémaque et le Petit Carême. — Quel jugement doit porter le Prince de l'éclat extérieur de sa grandeur. Bien connaître les hommes. Moyen de discer

ner les flatteurs. Critique trop sévère de La Harpe sur la défense que fait l'auteur d'attribuer au Prince le nom des divinités de la Fable. Pour conserver l'amour de la Vérité et pour en être bien instruit, le Prince doit s'attacher des personnes qui n'aiment qu'elle. Même conseil donné sous une autre forme par Fénelon. Remède contre les délateurs: les bien connaître. la libéralité dans un Prince.

Belles images de

Allusions aux prodigalités

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du Grand Roi, dans les fantaisies ambitieuses des anciens
conquérants. Du Serment: l'injustice peut en dégager
le Prince; un mot de Machiavel. Haine du peuple
contre les mauvais Princes. Citation d'une pensée ana-
logue d'Alfieri. De l'Instruction que doit avoir un Sou-
Rôle d'un précepteur en titre sur quelles
sciences et dans quelle mesure il doit fixer l'attention de
son Élève.
Rapprochement avec Bossuet dans un pas-

verain.

sage du Discours sur l'Histoire Universelle.

peuple.

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2 PARTIE. Le premier devoir d'un Prince est d'aimer son Il doit prendre une exacte connaissance de ses Etats. - Examen sur les priviléges véritables ou prétendus de certames provinces. De l'obligation pour le Prince de rendre la justice. Revendication lointaine de l'égalité des citoyens devant la loi. — Le juge doit aimer les pauvres. - Qualités de ceux que consultera le Prince. La vénalité des magistratures contraire à la justice. — Portraits de certains favoris. - Point de premier Ministre. Les femmes ne doivent point prendre part au gouvernement. Remarque originale du P. Sénault, Oratorien, sur cette matière. — Encouragements dus à l'Agriculture. Des manufactures: leurs avantages et leurs inconvénients. De l'Usure. L'exemple du Souverain propre à rendre le peuple ve tueux. - Bonheur d'un royaume où le seul mérite est en honneur. Favoriser les Arts et les Sciences. Délivrer l'État des Traitants. Que faut-il penser de la gloire des conquérants? Allusion aux conquêtes de Louis XIV. - Dans quels cas sont justes les conquêtes.

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3 PARTIE. Il n'est point de grandeur véritable sans la Piété. Accord nécessaire de la Politique et de la Religion. La Religion commande toutes les vertus que le monde respecte. Obligation pour le Prince de s'instruire des volontés de Dieu. L'Ecriture Sainte, source de lumière pour guider les Rois. Humilité nécessaire aux Souverains. · Charité, foi et intégrité de mœurs, indispensables. Utilité pour un Prince d'être bien instruit des règles de la Pénitence. Qualités exigées du Confesseur d'un Roi. A quelle marque on peut reconnaître un politique et un

mondain caché dans un Directeur.

Conclusion.

« Fénelon, remarque la Harpe, en dit cent fois moins sur les matières ecclésiastiques dans une direction de conscience, que Du Guet dans un Traité de l'art de gouverner. C'est que le premier, comme tous les esprits supérieurs, se restreint à l'essentiel, s'oublie lui-même pour son sujet et ne prétend pas qu'un souverain en sache autant qu'un évêque ou un docteur; l'autre, au contraire, abonde avec complaisance dans ce qui a été l'objet de ses études, et ne songe pas que, pour bien instruire, il ne faut pas dire tout ce qu'on sait, mais seulement ce qui convient à ceux qu'on instruit (1). » Le reproche qui vient ensuite, et qui est relatif au développement assez inutile de considérations nombreuses, a bien, il est vrai, quelque fondement; et lorsque le critique ajoute qu'on pourrait réduire à dix pages ce qui fait la matière de deux volumes, l'hyperbole n'est pas tellement exagérée qu'il en faille de beaucoup rabattre. Mme de Genlis portait le même jugement. « L'Institution. d'un Prince, dit-elle, eut une grande réputation dans le temps de sa nouveauté, et quoiqu'il soit fort estimable, ce traité est maintenant tombé dans l'oubli, parce qu'il est ennuyeux. Si quelqu'un prenait la peine de le réduire en deux volumes, on en ferait un livre très-utile (2). » Avec plus ou moins de

(1) Cours de littérature, tII., p. 54. Paris, Didot, 1847.
(2) Adèle et Théodore, t. XII, p. 171. Paris, Maradan, 1802

sévérité dans les réductions, La Harpe et Mme de Genlis demeurent d'accord.

Si les éloges de l'abbé Goujet sont excessifs, quand il avance que M Du Guet n'eût-il fait que cet ouvrage, sa réputation serait immortelle, il est juste de louer dans les quatre volumes beaucoup d'ordre et de méthode, beaucoup de science et de conscience. Ces questions abordées déjà par Machiavel, Fénelon, La Bruyère, Leibnitz, Massillon et l'abbé de Saint Pierre; étudiées ensuite à des points de vue spéciaux par Rousseau et Alfieri, Du Guet les examine à son tour, et tente aussi de les résoudre. Il parle politique, finances, priviléges, industrie, agriculture, libre échange; tout le dix-huitième siècle apparaît dans son Livre, véritable Cahier des Charges du Tiers État. L'auteur fait preuve d'instruction et d'expérience dans ses conseils, par exemple contre la séduction des flatteurs, et son œuvre « est comme un Recueil des plus beaux préceptes de sagesse et des traits les plus heureux des anciens philosophes qui ont écrit pour former de bons Princes, ou pour les louer, de Tacite, de Sénèque, de Pline et des meilleurs historiens du Siècle ou du Moyen Age (1).

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L'un des caractères de la méthode de l'auteur dans son Traité de Morale Politique est une suite rigoureuse entre les pensées, et une non moins conscien

(1) La Harpe: Cours de littérature, t. II, p. 54.

cieuse application à développer ces pensées mêmes, effort dû sans doute à la crainte de ne point assez éclairer son sujet, et souvent trop propre à justifier le reproche de diffusion que lui fait La Harpe, et dont on ne le peut sauver. Il est à regretter de plus que ces matières ecclésiastiques, dont nous entendons blâmer l'abondance, occupent une si large place dans un écrit destiné à l'éducation d'un Souverain. M. de Saci joint à la critique de La Harpe une observation fort judicieuse : « Dans le Plan d'Éducation qu'il trace pour son Prince, Du Guet ne consulte que les Philosophes et les Pères de l'Église; il les traduit et les commente admirablement, sans s'inquiéter si le train des choses de ce monde s'accommode d'un modèle si parfait (1).

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Peu propre à s'en tenir aux vastes aperçus, aux grandes théories, cet esprit délicat et subtil exerçait surtout sa facilité aux examens de détail de là, ces divisions presque à l'infini; cette multiplicité des points de vue d'observation, cette accumulation arbitraire de considérations présentées comme essentielles, enfin cette surabondance de remarques incidentes, qui disent trop en voulant tout dire, et qui, pour mettre chaque point en lumière, produisent dans l'ensemble de la confusion. Mon dessein est de suivre rigoureusement l'auteur durant les trois pre

(1) Bibliothèque Spirituelle. Introduction,

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