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rance et de crainte, d'amour, de haine ou de pitié, ne fut point le but qu'il se proposa; encore moins songea-t-il à nous flatter l'oreille par les sons mélodieux d'un vers qu'il ne savait point tourner ni polir; tout ce qu'il voulut fut de porter dans notre âme la terreur et l'effroi; et l'on peut dire qu'il y réussit merveilleusement dans la plupart de ses tragédies. De quelles sombres et effrayantes couleurs son pinceau âpre était imprégné, lorsqu'il traça Electre, Idoménée, Catilina, Atrée et Thyeste, et surtout Rhadamiste et Zénobie! Le joli conte du Sopha est de son fils. Mourut en 1762.

DESTOUCHES-NÉ EN 1680.

Poète comique. Il s'appliqua à attaquer les vices plutôt que les ridicules: aussi ses comédies sont-elles plus morales que divertissantes. Ce que cette critique peut renfermer de défavorable ne doit cependant pas s'étendre au Glorieux, qui est le chef-d'œuvre de Destouches. Ses meilleures pièces après celle-ci sont Le Curieux, Le Médisant, L'Ambitieux, L'Ingrat, Le Philosophe Marié.-Mourut en 1754.

GRÉCOURT (L'ABBÉ)—NÉ EN 1683.

Il nous a laissé des poésies légères, où il y a du naturel, et assez de chaleur; mais dont les images sont trop licencieuses, et les vers trop peu soignés.-Mourut en 1743.

CHATEAUBRUN-NÉ EN 1686.

Poète tragique. Une seule de ses pièces, Les Troyennes, est restée au théâtre, à cause des scènes attendrissantes qu'elle renferme.-Mourut en 1775.

MARIVAUX-NÉ EN 1688.

Poète comique et romancier. Ses comédies n'offrent ni caractère ni intrigue, et sont empreintes de l'esprit de raf

finement qui dominait dans la société au temps où elles furent écrites; ce qui les rend froides. Cependant celle des Jeux de l'Amour et du Hasard, et quelques autres se sont soutenues au théâtre, par des situations piquantes et d'heureuses saillies. Ses romans sont meilleurs que ses comédies: la lecture de Mariane et du Paysan parvenu même, est attachante, malgré les longueurs, et l'affectation qu'on retrouve encore à chaque page.-Mourut en 1763.

PIRON-NÉ EN 1689.

Poète, qui s'était déjà rendu fameux par ses bons mots et ses rimes ordurières, lorsqu'il essaya, en travaillant pour le théâtre, de se faire une réputation plus glorieuse. Il s'exerça d'abord dans la tragédie, et n'y eut qu'un faible succès; mais il se distingua dans la comédie d'une manière éclatante, en donnant sa Métromanie, pièce de caractère, d'une vérité et d'un comique qui la préserveront toujours de l'oubli, où les autres pièces de l'auteur sont ensevelies. Mourut en 1773.

LE FRANC DE POMPIGNAN—NÉ EN 1690.

Ce poète a laissé une tragédie, qui ne s'est pas soutenue, et des Odes Sacrées, qui, nonobstant le bon mot de Voltaire, "Sacrées elles sont, car personne n'y touche," se lisaient autrefois, et se lisent encore aujourd'hui avec plaisir. L'emphase prosaïque qui y domine, il est vrai, n'empêche pas qu'il ne s'y trouve des morceaux de la plus grande beauté. Mourut en 1784.

LA CHAUSSÉE—NÉ EN 1692.

C'est lui qui créa chez nous le drame ou comédie larmoyante, genre bâtard réprouvé des bons esprits. Il n'a pourtant pas laissé de s'y faire une réputation par la sensibilité vraie qu'il a su répandre dans L'Ecole des Mères, L'Ecole des Amis, La Gouvernante, etc., et par le naturel et la pureté de son style.—Mourut en 1754.

RACINE (LOUIS)—NÉ EN 1692.

Sentant bien lui-même que Jean Racine, son père, ne lui avait pas transmis son talent, il s'abstint de marcher sur ses traces. Ce n'est pas à dire qu'il demeura étranger à l'art des vers, car il fut aussi poète élégant et correct. Ses principaux ouvrages sont le poème de La Religion, et celui de La Grâce; tous les deux froids et monotones, mais parfaitement versifiés. Le premier est celui dont la composition a le plus d'éclat. Nous avons aussi de Louis Racine quelques belles hymnes, et des critiques pleines de sens et de goût sur les chefs-d'œuvre de son père.-Mourut en 1763.

VOLTAIRE-Voyez vol. i.

Vers le MILIEU de ce siècle, sous le règne de Louis XV., florissaient,

SAURIN-NÉ EN 1706.

Poète dramatique. Sa tragédie de Spartacus, où l'on voit un héros armé pour venger l'univers opprimé par les Romains, offre de belles scènes, et quelques beaux vers. Blanche et Guiscard, si belle en certains endroits, et si attendrissante, n'est pas plus suivie, ni mieux versifiée. Sa comédie intitulée L'Anglomanie, et celle des Mœurs du Temps sont faibles.-Mourut en 1781.

COLLÉ―NÉ EN 1707.

Poète comique. L'œuvre qui fait le plus d'honneur à son talent, est la Partie de Chasse de Henri IV., où tous les caractères, et surtout celui du bon roi, sont peints avec une naïveté qui excite à la fois le rire et l'attendrissement. Sa comédie de Dupuis et Déronais est dénuée de vrai comique, mais elle contient des scènes touchantes, et est bien dialoguée. La Vérité dans le Vin ou les Désagréments de la Galanterie est très-gaie, et pétille de traits d'esprit. On a du même poète quelques autres pièces où il peint d'une manière aussi vraie que piquante les mœurs de son temps;

mais son pinceau est aussi libre que ces mœurs. Son talent pour les chansons égalait celui qu'il montra dans la comédie. On a réuni ses ouvrages sous le titre de Théâtre de Société.-Mourut en 1783.

BERNARD-NÉ EN 1708.

Bernard, à qui ses poésies légères valurent le surnom de Gentil, travailla aussi pour le théâtre : c'est lui l'auteur du joli opéra de Castor et Pollux. Son petit poème intitulé L'Art d'Aimer, si vanté à sa naissance dans les sociétés où il fut lu, est, à quelques tableaux près d'un coloris agréable, et quelques détails gracieux, un œuvre fort médiocre. Le style en est trop négligé, et n'a pas la douceur et la souplesse qui caractérisent les premiers essais de l'auteur. Phrosine et Melidor, autre petit poème érotique n'est pas meilleur.-Mourut en 1776.

GRESSET-NE EN 1709.

Sa comédie du Méchant, où il a si bien représenté l'esprit de la société au dix-huitième siècle, aurait suffi pour l'immortaliser; mais il ne s'est pas rendu moins illustre par ses poésies fugitives: en tête il faut placer le petit poème allégorique et si plaisant de Vert-vert, et puis sa Chartreuse : que d'esprit dans cette bluette! quelle aimable insouciance! quelle gaité! et que l'expression en est à la fois naïve et pittoresque !-Mourut en 1777.

FAVART-NÉ EN 1710.

Le plus fécond, et à la fois le plus naturel, le plus spirituel et le plus gracieux de tous ceux de nos poètes dramatiques qui s'attachèrent au drame lyrique. Il a enrichi notre théâtre d'une foule d'opéras comiques charmants, parmi lesquels on distingue surtout La Chercheuse d'Esprit, Annette et Lubin, Ninette à la Cour, Les Trois Sultanes, Isabelle et Gertrude, La Fée Urgelle, La Belle Arsène, et la Rosière de Salency.-Mourut en 1792.

BERNIS (LE CARDINAL DE)—NÉ EN 1715.

Ce poète, quoiqu'un peu froid et maniéré, ne laisse pas de plaire dans ses Bouquets à Chloris par le brillant coloris et la douceur de sa versification. Mais son poème de La Religion Vengée, le plus considérable de ses ouvrages, en est aussi le plus faible.-Mourut en 1794.

SAINT-LAMBERT-NÉ EN 1717.

Célèbre pour son Catéchisme Universel, œuvre philosophique estimable, et son poème des Saisons, trop froid, sans doute, mais plein de descriptions charmantes, d'images gracieuses, et de plus très-bien versifié.-Mourut en 1805.

GUIMOND DE LA TOUCHE-NÉ EN 1719.

Poète dramatique. C'est à lui que nous devons la tragédie d'Iphigénie en Tauride, dont il faut excuser les négligences de style en faveur de la conduite régulière de l'action, de la vérité du sentiment, du ton naturel qui règne dans le dialogue, et, enfin, de la scène pathétique et attendrissante entre Oreste et Pilade. On a aussi de lui une épître contre les Jésuites, intitulée Les Soupirs du Cloître, ou le Triomphe du Fanatisme, et une autre à l'Amitié.-Mourut en 1760.

SÉDAINE-NÉ EN 1719.

Poète dramatique. Fils d'un architecte, qui le laissa en mourant sans éducation et sans fortune; il fut d'abord tailleur de pierres, et maçon. Etant ensuite devenu secrétaire de l'Académie d'Architecture, il consacra ses loisirs au théâtre, qu'il enrichit de plusieurs comédies et opéras, mal versifiés, il est vrai, mais très-piquants par le choix des sujets, la vérité des caractères, et le développement de l'intrigue; tels sont, entre autres, Le Philosophe sans le Savoir, La Gageure imprévu, Le Diable à Quatre, Le Déserteur, Rose et Colas, Le Roi et le Fermier, Aline Reine de

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