Page images
PDF
EPUB

Le trésor public a donc reçu, en 1853, pour les impôts et les revenus indirects, 42 millions de plus qu'en 1852; près de 109 millions de plus qu'en 1851 1.

Les augmentations de 1853 sur 1852 ont été en réalité de 45,616,000 francs; mais comme il y a eu d'autre part 3,146,000 fr. de diminution, l'augmentation définitive n'a été que de 42,470,000 fr. Ces diverses augmentations et diminutions ont été comme suit :

Droits d'enregistrement, de greffe, d'hypothèques, etc.....

Droit de timbre.

Droits d'importation sur les céréales....

sur les marchandis. divers.
sur les sucres des colonies

françaises...

sur les sucres étrangers...

Droits de douanes à l'exportation....
Droits de navigation...

Droits et produits divers de douanes...

Taxe de consommation des sels, perçue dans rayon des douanes...

le

Droits sur les boissons....

Taxe de consommation des sels, perçue hors
du
rayon des douanes...

Droit de fabrication sur les sucres indigènes..
Droits divers et recettes à différents titres...
Produit de la vente des tabacs.....

Produit de la vente des poudres..
Produit de la taxe des lettres..
Droit de 2 pour 100 sur les envois d'argent..
Droits de transport des marchandises et des

matières d'or et d'argent par les paquebots..
Produit des places dans les malles-postes....
Produit des places dans les paquebots....
Droit de transit des correspondances étrangères.
Recettes accidentelles....

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small]

45,616,000

3,146,000

L'augmentation notable sur les droits d'enregistrement, de greffe et d'hypothèque, indique une activité croissante des mutations dans les propriétés et des transactions en général.

L'augmentation sur les boissons, qui n'est plus que de près de 4 millions, avait été, en 1852, de près de 12 millions.

'V. le numéro 142, février 1852, t. XXXIV, p. 277.

Les importations de marchandises diverses, qui ont donné en 1853 une diminution, avaient produit en 1852 une augmentation de près de 14 millions. Il est intéressant de suivre les diverses augmentations depuis trois ans dans le tableau suivant, dont les chiffres expriment des millions.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Il y a eu, en 1853, nous le répétons, sur les droits de douanes et les marchandises diverses, une diminution de près de 2 millions.

JPH. G.

SOCIÉTÉ D'ÉCONOMIE POLITIQUE.

Réunion du 5 mai 1854, présidée par M. Ch. Renouard, conseiller à la Cour de cassation.

SUR LA LIBERTÉ DES DÉFRICHEMENTS.-SI TOUT EST PLUS CHER EN ANGLETERRE QU'EN FRANCE, ET POURQUOI?

La question de la cherté comparée des choses en France et en Angleterre, posée par M. Léonce de Lavergne, fixe d'abord la conversation. M. NASSAU-SENIOR dit qu'il y a à faire, à ceux qui avancent que tout est plus cher en Angleterre qu'en France, une réponse assez catégorique. Si tout est plus cher au delà du détroit, il n'y a pas de commerce possible entre les deux pays: et dès lors comment expliquer les échanges internationaux qui ont lieu de fait?

M. L. DE LAVERGNE rappelle que l'on croit généralement que tout est plus cher en Angleterre que dans la plupart des autres pays, qu'en France par exemple ; et que M. Thiers a soutenu naguère, à la tribune de l'Assemblée législative, une théorie basée sur ce fait, théorie d'après laquelle la richesse de nos voisins consisterait précisément en cette cherté universelle. Il demande s'il n'y a pas, à cet égard, plusieurs distinctions à faire; si la moyenne des produits n'est pas plus chère en Angleterre, et si on peut assigner des causes générales à ce fait.

M. DE FONTENAY croit qu'il faut établir une distinction entre le coût des services et celui des matières premières : les prix des services, c'est-àdire les salaires, sont plus élevés dans les pays riches, tels que l'Angleterre et les Etats-Unis : c'est le contraire pour les matières premières.

M. QUIJANO S'est préoccupé de cette question, en visitant récemment la ville de Londres; et il s'est enquis des prix de différents objets. Il a trouvé que la viande se vendait à peu près au même prix à Londres qu'à Paris; que le pain était un peu plus cher à Londres, dans le rapport de 13 à 12; que le sucre était meilleur marché qu'à Paris; que le poisson était, en général, plus abondant, mais que certaines qualités étaient beaucoup plus chères. Les logements ont semblé à M. Quijano, en divers quartiers, moins chers qu'à Paris. Quant à la plupart des articles de vêtements, tout le monde sait qu'ils sont, à quelques exceptions près, à des prix remarquablement bas.

M. Quijano pense donc qu'il y a une grande erreur à dire que tout est plus cher en Angleterre qu'en France; et il explique la croyance générale, à cet égard, par la première impression des voyageurs qui se trouvent, en arrivant, en présence de gens qui font payer cher leurs services. Il cite, comme exemple, le prix des spectacles, qui sont beaucoup plus élevés à Londres qu'à Paris; mais il fait remarquer qu'à Paris le bon marché n'est qu'apparent, puisqu'on donne des subventions aux principaux théâtres, et que la bourse de tous contribue ainsi au plaisir de quelques-uns.

M. N. SENIOR Confirme aussi par des exemples le fait de la plus grande cherté des services en Angleterre, où les avocats, les juges, les médecins obtiennent des honoraires deux, trois et quatre fois plus considérables qu'en France, où des directeurs de Revue ont 1,500 livres sterling (plus de 30,000 fr.), où les écrivains de ces Revues sont payés à raison de 20 livres ou 500 fr. la feuille (trois et quatre fois plus qu'à Paris); où les ouvriers proprement dits, et les laboureurs, gagnent un salaire double de celui qu'ont des travailleurs analogues en France.

M. Senior ajoute que le travailleur anglais est mieux rétribué, parce qu'il produit plus, et réciproquement; d'où il résulte que le prix des choses n'est pas autant affecté, qu'on pourrait le croire au premier abord, de la hausse des salaires.

Le savant économiste donne, de l'élévation du prix des services, l'explication suivante: Dans les pays où il y a des mines d'or, il est plus facile de se procurer une quantité donnée d'or en échange d'une quantité donnée de travail; et, dans les pays où il n'y a pas de mines, c'est le commerce qui produit l'effet de la mine d'or. Sous ce rapport, la mine anglaise est plus riche que celle de France, c'est-à-dire que le commerce est plus universel, plus fécond, plus productif; aussi, plus en rapport avec les pays à mines d'or, avec les Etats-Unis et la Californie, avec l'Australie, etc.

M. SUDRE fait remarquer que les services qu'a cités principalement M. Senior sont ceux qui sont rendus à la classe élevée et à la classe moyenne aisée; or, ces classes étant comparativement plus riches en Angleterre qu'en France, il en résulte plus de facilité, de la part des professions savantes et artistiques, à se faire rémunérer largement.

M. VEE, inspecteur de l'assistance publique, a eu sous les yeux divers documents relatifs aux classes pauvres en Angleterre, et il lui en est resté cette impression que les salaires de ces classes ne sont pas plus élevés en Angleterre qu'en France.

M. RENOUARD serait de l'avis de M. Senior, si la mine d'or dont il a parlé était prise dans un sens plus métaphorique. Ce qui constitue la richesse, la vraie mine d'or, c'est la fécondité du travail. Or, le travail est plus rétribué et plus fécond dans les pays riches, parce que le travailleur y est à la fois plus intelligent et plus productif.

M. COURCELLE SENEUIL. En Angleterre, les forces productives qui concourent avec le travail à la création de la richesse, et qu'on résume sous la dénomination de capital, sont plus grandes qu'en France. D'une part, le capital naturel est supérieur, et, d'autre part, le capital accumulé est également plus important. Il en résulte une plus grande facilité de production, et le pouvoir de rémunérer davantage les services du travail, sans élever les prix du marché. Une autre circonstance favorable est une plus grande égalité dans les prix des vivres.

M. L. DE LAVERGNE pense qu'il faut aussi tenir compte, dans ces appréciations, de l'influence de l'impôt. Il se félicite d'avoir provoqué cette conversation de laquelle il résulte bien, conformément à ce qu'il croyait déjà, qu'il est fort inexact de dire que tout est plus cher en Angleterre qu'en France. Ce qu'il y a de plus cher, ce sont certains services personnels qui se trouvent en face de consommateurs plus riches, sachant et pouvant se faire rétribuer davantage. C'est dans ce sens qu'il est permis de dire que la cherté est la richesse; ce qui est richesse, en effet, c'est la cherté des services compagne de la richesse, et non la cherté des choses.

M. DUPUIT ne peut admettre l'application de M. Senior. Si, dans le pays où l'or abonde, le travail, celui de blanchisseur, par exemple, se fait largement payer, il est obligé, à son tour, de payer laagement les autres travaux qu'il commande. Il en résulte une compensation qui n'exclut pas, toutefois, une plus grande facilité que l'or amène dans les échanges.

La conversation de la Société s'est ensuite portée sur la question de la liberté des défrichements, qui a récemment été agitée au Conseil d'État et dans plusieurs sociétés scientifiques, et qui est revenue sur le tapis, par suite d'un projet de loi destiné à remplacer le titre du Code concernant

les forêts, et que les pouvoirs publics ont successivement prorogée depuis plusieurs années.

M. le baron CHAILLOU DES BARRES, membre du Conseil général de l'Yonne, entre dans quelques détails sur les discussions qui ont eu lieu, touchant cette question, à la Société forestière qui s'est récemment constituée. La Société forestière ne s'est pas prononcée sur le principe de la liberté des défrichements; mais l'honorable membre est porté à croire que la majorité, composée de propriétaires de forêts, est favorable à cette liberté, qu'il réclame, pour son compte, comme un corollaire naturel du principe de propriété.

M. MAGNE, professeur d'agriculture à l'École vétérinaire d'Alfort, pense que la question des défrichements est une de ces questions complexes qui ne peuvent être résolues par l'application du seul principe de la liberté. Les défrichements influent sur le gazonnement des montagnes et les débordements des rivières. Il en résulte qu'on ne peut admettre un droit absolu de propriété forestière, qui mettrait en péril toutes les autres propriétés. Il peut donc s'agir d'améliorer le Code forestier actuel, dans le sens de la liberté, mais non de proclamer la liberté complète des propriétaires des forêts.

Au sujet du préjudice porté à ces derniers par les lois protectrices de l'intérêt général, M. Magne fait observer que les détenteurs actuels des propriétés les ont acquises avec les charges que la loi fait peser sur elles, et, par conséquent, à un prix calculé en conséquence. Il n'y a donc pas, de leur part, à faire valoir l'argument tiré du dommage que leur causent les obligations auxquelles ils sont soumis. Cela est moins vrai des propriétaires qui ont acquis antérieurement aux lois prohibitives, s'il y en a de semblables; mais cela est surtout vrai des propriétaires dont la possession est plus récente, de ceux, par exemple, qui ont acheté les forêts de l'État, aliénées après 1830, et qui les ont assurément payées moins cher que si les forêts eussent été soumises à un régime de liberté complète de défrichement.

M. LE PRÉSIDENT fait remarquer qu'il y a, dans la question, une partie relative à la physique terrestre et une autre économique. Au sujet de la première, il fait appel aux lumières de M. de Verneuil, à qui ses travaux de géologie ont récemment valu un fauteuil à l'Académie des sciences.

M. DE VERNEUIL répond que la croyance générale des hommes de science est bien que les déboisements produisent la crue des rivières, à de certaines époques de l'année, et que, sous l'influence de cette cause, on a vu des cours d'eau parfaitement et régulièrement navigables cesser de l'être. Tel est le Volga, depuis un demi-siècle environ. D'autres désavantages climatériques ont été observés en Espagne, et partout où les montagnes ont été défrichées. Il ne semble pas qu'il puisse y avoir doute à cet égard.

M. CHAILLOU DES BARRES dit qu'en admettant pleinement ces assertions

« PreviousContinue »