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» c'est que pour présenter sous une forme plus simple, ou des idées fines, ou même des idées grandes, il tombe quelquefois dans l'écueil dan» gereux de la familiarité du style, qui contraste » et qui tranche avec la délicatesse ou la grandeur » de sa pensée; disparate d'autant plus sensible qu'elle paroît affectée par l'auteur : au lieu que » la familiarité de la Motte (car il y descend aussi quelquefois) est plus sage, plus mesurée, plus » assortie à son sujet, et plus au niveau des choses » dont il parle. Fontenelle fut supérieur par l'étendue des connoissances, qu'il a eu l'art de faire » servir à l'ornement de ses écrits, qui rend sa philosophie plus intéressante, plus instructive, plus digne d'être retenue et citée; mais la Motte » fait sentit à son lecteur, que pour être aussi riche » et aussi bon à citer que son ami, il ne lui a manqué, comme l'a dit Fontenelle même, que » deux yeux et de l'étude ». XII. Des Discours moraux et philosophiques; des Pièces fugitives, dont la poésie est foible; des Lettres, parmi lesquelles on en trouve quelques-unes de jolies, &c.

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Ce fut aussi Fontenelle qui donna en 1732 la nouvelle édition du Dictionnaire des Sciences et Arts, par Thomas Corneille...... Ce philosophe aimable, ce savant bel esprit, digne de toutes les Académies, fut de celles des sciences, des belles-. lettres, de l'académie Françoise, et de plusieurs

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autres compagnies littéraires de France et des pays étrangers. « A son entrée dans la carrière des lettres, (dit M. le duc de Nivernois, qui a peint Fontenelle en beau, sans parler de ses défauts) « la lice » étoit pleine d'athlètes couronnés; tous les prix » étoient distribués, toutes les palmes étoient en» levées : il ne restoit à cueillir que celle de l'u››`niversalité : Fontenelle osa y aspirer, et il l'ob» tint. Semblable à ces chef-d'œuvres d'architecture qui rassemblent les trésors de tous les ordres, il réunit l'élégance et la solidité, la sagesse >>>et les graces, la bienséance et la hardiesse, l'a» bondance et l'économie; il plaît à tous les esprits, parce qu'il a tous les mérites: chez lui, le badinage le plus léger et la philosophie la plus profonde, les traits de la plaisanterie la plus enjouée et ceux de la morale la plus insinuante les graces de l'imagination et les résultats de la réflexion, tous ces effets de causes presque contraires, se trouvent quelquefois fondus ensemble, toujours placés l'un près de l'autre dans les oppositions les plus heureuses, contrastées avec une intelligence supérieure........ Il ne se contente » pas d'être métaphysicien avec Mallebranche physicien et géomètre avec Newton, législateur » avec le czar Pierre, homme d'état avec d'Ar» genson; il est tout avec tous; il est tout en chaque occasion: il ressemble à ce métal pré

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cieux, que la fonte de tous les métaux avoit » formé ». Peu de savans ont eu plus de gloire, et en ont joui plus long-temps que Fontenelle. Malgré un tempérament peu robuste en apparence, il n'eut jamais de maladie considérable, pas même la petite-vérole. Il n'eut, de la vieillesse, que la surdité et l'affoiblissement de la vue encore cet affoiblissement ne se fit sentir qu'à l'âge de quatrevingt-dix ans. Les facultés de son ame se soutinrent encore mieux celles de son corps. que II y eut toujours de la finesse dans ses pensées, du tour dans ses expressions, de la vivacité dans ses réparties, même jusques dans ses derniers momens. Il mourut le 9 janvier 1757, avec cette sérénité d'ame qu'il avoit montrée pendant tout le cours de sa vie. Voilà, dit-il, la première mort que je vois. Son médecin lui demandé s'il souffroit; il répondit: Je ne sens qu'une difficulté d'être. Aucun homme de lettres n'a joui de plus de considération dans le monde; il la devoit à la sagesse de sa conduite et à la décence de ses mœurs, autant qu'à ses ouvra→ ges. Il portoit dans la société, de la douceur, de l'enjoument, et autant de politesse que d'esprit. Supérieur aux autres hommes, il ne montroit point sa supériorité; il savoit les supporter, comme s'il n'eût été que leur égal. Les hommes sont sots et méchans, disoit-il quelquefois; mais tels qu'ils sont ; j'ai à vivre avec eux, et je me le suis dit de bonne

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heure. On lui demandoit un jour : « Par quel art » il s'étoit fait tant d'amis, et pas un ennemi »? Par ces deux axiomes, répondit-il : Tout est possible, et tout le monde a raison. - - JUSTICE et JUSTESSE étoit sa devise. Ses amis lui reprochèrent plusieurs fois de manquer de sentiment : il est vrai qu'il n'étoit pas bon pour ceux qui demandent de la chaleur dans l'amitié; mais il faisoit par raison et par principes, ce que d'autres font par sentiment et par goût. Si son amitié n'étoit pas fort tendre ni fort vive, elle n'en étoit que plus égale et plus constante. Il mettoit dans le commerce tout ce qu'on peut exiger d'un honnête homme, d'un galant homme, excepté ce degré d'intérêt qui rend malheureux. En amour il étoit plus galant que tendre: il vouloit paroître aimable, mais sans aucun desir sérieux d'aimer ni d'être aimé. Quoiqu'il n'ait pas senti l'amour, ni même aucune autre passion, il les connoissoit bien toutes; et c'est parce qu'il les connoissoit, qu'il chercha à s'en défendre. L'un des successeurs de Fontenelle dans la place de secrétaire de l'académie des sciences, M. le marquis de Condorcet, s'est fait un devoir de le justifier de la froide apathie qu'on lui a reprochée. « Il sortoit, » dit-il, pour les autres, de cette négligence, de » cette paresse qu'il se croyoit permis d'avoir » ses propres intérêts. Son amitié étoit vraie et » même active; il connoissoit sur-tout les peines

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» de la sensibilité, et il avoua qu'elles étoient les plus cruelles qu'il eût éprouvées, quoique les injustices qu'il avoit souvent essuyées dans la car» rière des lettres, eussent fait sentir bien vive» ment les peines de l'amour-propre à un homme qui auroit été moins philosophe. Il savoit obliger » ses amis à leur insçu (disoit-il un jour avec plai» sir à l'un d'eux), et leur laisser croire qu'ils ne » devoient qu'à eux-mêmes ce qu'ils tenoient de » son crédit, et de la juste considération qu'il avoit » obtenue. Ce desir d'obliger ne l'abandonna pas » dans les dernières années de sa vie, et survécut » même à l'affoiblissement de sa mémoire et de » ses organes. Un de ses amis lui parloit un jour » d'une affaire qu'il lui avoit recommandée : Je » yous demande pardon, lui dit Fontenelle, de » n'avoir pas fait ce que je vous ai promis. Vous l'avez fait, répondit son ami, vous avez réussi, je viens vous remercier. Eh bien, dit Fontenelle, je n'ai point oublié de faire votre affaire; » mais j'avois oublié que je l'eusse faite. Cependant

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on a cru Fontenelle insensible, parce que sa» chant maîtriser les mouvemens de son ame, il » se conduisoit d'après son esprit, toujours juste et toujours sage. D'ailleurs il avoit consenti sans

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peine à conserver cette réputation d'insensibilité; » il avoit souffert les plaisanteries de ses sociétés » sur sa froideur, sans chercher à les détromper;

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