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que

SIRE, sur la barbarie qui y régnoit, sera la plus éclatante et la plus singulière de toutes vos victoires. Vous vous êtes fait, ainsi que d'autres héros de nouveaux sujets par les armes; mais de ceux la naissance vous avoit soumis, vous vous en êtes fait par les connoissances qu'ils tiennent de vous, des sujets tout nouveaux, plus éclairés, plus heureux, plus dignes de vous obéir; vous les avez conquis aux sciences, et cette espèce de conquête, aussi utile pour eux que glorieuse pour vous, vous étoit réservée. Si l'exécution de ce grand dessein conçu par votre Majesté s'attire les applaudissemens de toute la terre, avec quel transport de joie l'inl'Académie doit-elle y mêler les siens, et par térêt des sciences qui l'occupent, et par celui dẹ votre gloire, dont elle peut se flatter désormais qu'il rejaillira quelque chose sur elle ! Je suis avec un très-profond respect,

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Le CZAR ayant fait l'honneur à l'Académie de lui répondre, le Secrétaire eut encore l'honneur d'écrire au Czar la lettre sui vante :

SIRE,

L'ACADÉMIE royale des Sciences est infiniment honorée de la lettre que votre majesté a daigné lui écrire, et elle m'a chargé de lui en rendre en son nom de très-humbles actions de graces. Elle vous respecte, Sire, non-seulement comme un des plus puissans monarques du monde, mais comme un Monarque qui emploie la grande étendue de son pouvoir à établir les sciences dont elle fait profession, dans de vastes pays où elles n'avoient pas encore pénétré. Si la France a cru ne pouvoir mieux immortaliser le nom d'un de ses rois, qu'en ajoutant à ses titres celui de restaurateur des lettres, quelle sera la gloire d'un souverain qui en est dans ses états le premier instituteur ! L'Académie a fait mettre dans ses archives la carte de la mer Caspienne, dressée par ordre de votre majesté; et

quoique ce soit une pièce unique et très-importante. pour la geographie, elle lui est encore plus précieuse en ce qu'elle est un monument de la correspondance que votre majesté veut bien entretenir avec elle. L'Observatoire a été ouvert au bibliothécaire de votre majesté, qui a voulu y dessiner quelques machines.

L'Académie la supplie très - humblement d'accepter les derniers volumes de son histoire, qu'elle lui doit, et qu'elle est bien glorieuse de lui devoir.

Je suis avec un très-profond respect,

SIRE,

DE VOTRE MAJESTÉ,

Le très-humble et très-obéissant serviteur, FONTENELLE, Secr. perpét. de l'Acad. royale des Sciences.

De Paris, ce 15 octobre 1721.

COMPLIMENT

Fait au Roi sur son Sacre, par FONTenelle, alors directeur de l'Académie Françoise, le 9 novembre 1722.

SIRE,

Au milieu des acclamations de tout le Royaume, qui répète avec tant de transport celles que votre Majesté a entendues dans Rheims, l'Académie Françoise est trop heureuse et trop honorée de pouvoir faire entendre sa voix jusqu'au pied de votre trône. La naissance, SIRE, vous a donné à la France pour roi, et la religion veut que nous tenions aussi de sa main un si grand bienfait; ce l'une a que établi par un droit inviolable, l'autre vient de le confirmer par une auguste cérémonie. Nous osons dire cependant que nous l'avions prévenue: votre personne étoit déja sacrée par le respect et par l'amour. C'est en elle que se renferment toutes nos espérances; et ce que nous découvrons de jour en jour dans votre Majesté, nous promet que nous allons voir revivre en même temps les deux plus grands d'entre nos monarques, Louis, à qui vous succédez, et CHARLEMAGNE dont on vous a mis la couronne sur la tête.

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COMPLIMENT

Fait au Roi le 16 décembre 1722, sur la mort de MADAME, par FONTENELLE alors directeur de l'Acadé.nie.

vous,

SIRE,

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QUAND l'art de la parole seroit tout-puissant quand l'Académie Françoise, qui l'étudie avec tant de soin, le posséderoit au plus haut degré de perfection, elle n'entreprendroit pas d'adoucir la douleur de votre Majesté. Vous regrettez très-légitimement, SIRE, une grande Princesse qui couronnoit toutes ses vertus par un attachement pour aussi tendre que l'amour maternelle. Quoique déja languissante, et attaquée d'un mal dont elle ne se dissimuloit pas les suites, elle voulut étre témoin de la cérémonie qui a consacré votre per➜ sonne, et remporter de cette vie le plaisir de ce dernier spectacle si touchant elle. Nous osons avouer, Sire , que l'affliction que vous ressentez de sa perte nous est précieuse; elle nous annonce, dans votre Majesté, ce que nous y desirons le plus. Combien doit être cher aux Peuples, un maître dont le cœur sera sensible et capable de s'attendrir pour eux !

pour

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