de Caftelvetro; enfuite vint Jules Scaliger, mais qui n'a écrit qu'en latin. Si vous croyez devoir faire 1755. entrer ces rocailles dans votre grand temple, il n'y a point à Paris d'aide à maçon qui n'en fache plus que moi, et qui ne vous ferve mieux. D'ailleurs, ne fuffit-il pas, dans un dictionnaire, de définir, d'expliquer, de donner quelques exemples? faut-il difcuter les ouvrages de tous ceux qui ont écrit fur la matière dont on parle? A l'égard des Espagnols, je ne connais que Don Quichotte et Antonio de Solis. Je ne fais pas affez ⚫ l'efpagnol pour avoir lu d'autres livres, pas même le Château de l'ame de fainte Thérèfe. A propos d'ame, j'avais pris la liberté d'envoyer à une certaine perfonne certain petit mot fur l'ame, non pas pour qu'on en fît usage, mais feulement pour montrer que je m'étais intéreffé à l'Encyclopédie. Il est bien douloureux que des philofophes foient obligés d'être théologiens. Ah! tâchez, quand vous en ferez au mot de Penfée, de dire au moins que les docteurs ne favent pas plus comment ils font des pensées, qu'ils ne favent comment ils font des enfans: ne manquez pas au mot de Réfurrection de vous fouvenir que St François-Xavier reffufcita onze personnes de compte fait; mais à Clavecin, vous n'oublierez pas, fans doute, le clavecin oculaire. Adieu, Monfieur ; je crains d'abuser de votre temps; vous devez être accablé de travail. Mille complimens à votre compagnon. Adieu, Atlas et Hercule, qui portez le monde fur vos épaules. 1755. LETTRE V I. DE M. DE VOLTAIRE. Aux Délices, près Genève, 9 de décembre. Le célèbre M. Tronchin, qui guérit tout le monde hors moi, m'avait parlé des articles Goût et Génie; Je demande le même éclairciffement fur Fauffeté A l'égard de Fornication, je fuis d'autant plus en droit d'approfondir cette matière, que j'y fuis malheureusement très-défintéreffé. Tant que j'aurai un fouffle de vie, je fuis au fervice des illuftres auteurs de l'Encyclopédie : je me tiendrai très-honoré de pouvoir contribuer, quoique faiblement, au plus grand et au plus beau monument de 1755. la nation et de la littérature. Je fais mes très-fincères complimens à tous ceux qui y travaillent. On m'a fort alarmé fur la fanté de M. Rouffeau; je voudrais bien en favoir des nouvelles. A propos de l'article Fornication, il y a encore un autre ƒ qui a son mérite, mais je ne crois pas qu'il m'appartienne d'en parler. Adieu, mon cher confrère; donnez-moi vos ordres. Je vous fuis tendrement dévoué à plus d'un titre.. Le malingre V. LETTRE VII. DE M. DE VOLTAIRE. A Monrion, 28 de décembre. VOILA OILA Figuré plus correct, Force dont vous prendrez ce qu'il vous plaira, Faveur de même, Franchife et Fleuri item. Tout cela ne demande, à mon gré, que de petits articles. Français et Hiftoire font terribles. Je n'ai point de livres dans ma folitude de Monrion; je demande un peu de temps pour ces deux articles. J'ajoute Fornication: je ne peux ni faire ni dire beaucoup fur ce mot. J'enverrai inceffamment l'hiftoire des flagellans. Que diable peut-on dire de Formalifte, finon qu'un homme formalifte eft un homme infupportable? En général, je ne voudrais que définitions et 1755. exemples; définitions, je les fais mal; exemples, je ne peux en donner, n'ayant point de livres et n'ayant que ma pauvre mémoire qui s'en va comme le refte. Mes maîtres encyclopédiques, eft-ce que vous aimez les chofes problématiques? M. Diderot avait bien dit, à mon gré, que quand tout Paris viendrait lui dire qu'un mort eft reffufcité, il n'en croirait rien. On vient dire après cela que fi tout Paris a vu refsusciter un mort, on doit en avoir la même certitude que quand tous les officiers de Fontenoi affurent qu'on a gagné le champ de bataille. Mais, révérence parler, mille personnes qui me content une chose improbable, ne m'inspirent pas la même certitude que mille perfonnes qui me difent une chofe probable; et je perfifte à penser que cent mille hommes qui ont vu reffufciter un mort, pourraient bien être cent mille hommes qui auraient la berlue. Adieu, mon cher confrère; pardonnez à un pauvre malade fes fottifes et fon impuiffance. Ce malade vous aime de tout fon cœur, et madame Denis auffi. LETTRE VI I I. DE M. DE VOLTAIR E. A Monrion, 10 de février. JE E vous envoie, mon cher et illuftre confrère, deux phénomènes littéraires; l'un des deux vous regarde, et vous verrez quels remercîmens vous devez à M. Formey, secrétaire de votre académie de Berlin. Pour moi, j'en dois de très-fincères au roi de Pruffe. Vous voyez qu'il m'a fait l'honneur de mettre en opéra français ma tragédie de Mérope: en voici la première fcène. J'ignore encore s'il veut qu'on mette en mufique ses vers français, ou s'il veut les faire traduire en italien. Il eft très-capable, comme vous favez, de faire la mufique lui-même; fans cela, je prierais quelque grand muficien de Paris de travailler fur ce canevas. Les vers vous en paraîtront fort lyriques, et paraiffent faits avec facilité. Il ne m'a jamais fait un présent plus galant. Dès que je serai de retour à mes petites Délices, je travaillerai à Français et à Hiftoire, et je ferai à vos ordres, fauf à être réduit par le fieur Formey. Mes complimens à tous les encyclopédiftes. 1756. |