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progressive et hardie dans la voie des réformes de toute espèce. A d'autres donc le soin de raconter comment elle aura rempli cette double tâche ! »

L'auteur de l'Essai sur l'histoire de Nantes a-t-il voulu répondre à cette invitation? Nous l'ignorons. Nous constatons seulement qu'il prend les faits politiques à l'endroit même où Guépin les avait laissés. Mais, d'autre part, le plan suivi est complètement différent et beaucoup plus étendu.

Les événements qui se succédèrent à Nantes aux débuts du règne de Louis-Philippe, eurent une grande importance au point de vue politique. Les partisans du régime qui vient de disparaître font entendre leurs protestations, tandis que, d'un autre côté, des orateurs donnent pleine carrière à leurs projets de réformes sociales. La Vendée commence à s'agiter; bientôt le mouvement légitimiste augmente; l'effervescence est grande dans la Loire-Inférieure et les départements voisins. Des troubles éclatent en divers lieux; l'état de siège est proclamé (3 juin 1832). Trompant la vigilance des agents du Gouvernement, l'armée vendéenne s'est organisée peu à peu et le pays devient le théâtre d'une véritable guerre civile. Tandis qu'à Paris, la garde nationale protège le Pouvoir contre les émeutes républicaines, à Nantes elle seconde l'armée régulière dans sa lutte contre les Vendéens ; l'incendie dévore le château de la Pénissière et ses défenseurs meurent ensevelis sous ses décombres le jour même où les républicains succombent dans la capitale, derrière les barricades de Saint-Méry (5 et 6 juin 1832). Des mesures rigoureuses sont prises contre les conspirateurs carlistes ; ils sont traduits devant les cours d'assises du Loir-et-Cher et de la Loire-Inférieure. Enfin, Madame la duchesse de Berry est arrêtée à Nantes (7 novembre 1832) et Louis-Philippe, dans son message aux Chambres (22 novembre 1832)

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considère cet événement comme • décisif pour la paix publique ». Toutefois l'état de siège n'est levé que le 10 juin 1833.

Tous ces faits sont mentionnés dans l'Essai sur l'histoire de Nantes; mais l'auteur se contente d'en donner une simple énumération, d'en dresser pour ainsi dire un tableau synoptique. Bien des monographies ont été écrites sur cette période de notre histoire; néanmoins, cette partie du travail devrait être plus développée le lecteur aime trouver tous ses renseignements dans un même ouvrage. Au reste, le côté politique paraît être très secondaire pour notre auteur: il raconte seulement les événements sans les juger ni les apprécier, et il s'attache surtout à l'histoire des institutions locales. Il étudie minutieusement leur organisation, leur fonctionnement et leurs travaux. Des chapitres très documentés sont consacrés aux administrations civile, religieuse et militaire, au Tribunal et à la Chambre de Commerce; des détails précieux sont donnés sur l'enseignement public et privé, l'agriculture, le commerce, l'industrie, la marine marchande. A côté des institutions publiques, les établissements privés sont passés en revue et l'auteur n'a pas manqué d'écrire d'intéressantes pages sur la Société Académique, la doyenne des sociétés nantaises. Des statistiques sur le mouvement de la population, le prix des denrées, etc..., complètent cet ouvrage.

Ce simple aperçu, Messieurs, vous montre l'importance du travail entrepris.

Tous ces renseignements, tous ces détails ont été, sans doute, puisés dans des collections de journaux, revues et autres publications, les registres municipaux, les archives des diverses institutions, etc... En indiquant ces sources, à la suite de chaque article, l'auteur aurait rendu un grand service à ceux qui voudraient approfondir d'une façon spéciale

l'histoire d'une institution déterminée : cette addition sera facile lors de la rédaction définitive de l'ouvrage.

Quant au plan suivi, l'auteur, surtout pour les années 1833-1835, mêle les événements politiques aux faits d'ordre purement local et privé. Il paraissait plus rationnel de les séparer, de passer en revue dans une première partie les événements politiques et d'étudier dans une seconde l'histoire des institutions permanentes publiques et privées, ainsi que certains faits particuliers à l'année, comme le choléra de 1832. Et, dans la partie politique, il fallait exposer les faits dans leur ordre chronologique, sans distinguer entre eux diverses catégories. En ne suivant pas exactement ce plan, même pour les années 1830-32, l'auteur s'est exposé à des répétitions inutiles et la succession des événements ne se présente pas toujours à l'esprit du lecteur avec toute la clarté désirable. Peut-être mentionue-t-il aussi des actes de l'autorité de trop peu d'importance, comme les mesures prises en mai 1833 contre les chiens enragés.

Ce sont des imperfections qu'il sera facile de corriger. L'auteur de l'Essai sur l'histoire de Nantes pendant les années 1830-1835 ne manquera pas, en effet, de revoir et de compléter son œuvre; il voudra certainement poursuivre son étude pendant tout le règne de Louis-Philippe et même au-delà.

Pour le récompenser du travail déjà fait, votre Commission n'a pas hésité à lui décerner une médaille de vermeil grand module: elle est heureuse d'accorder cette année la principale distinction du concours à un ouvrage qui intéresse au plus haut point la ville de Nantes.

Tels sont, Messieurs, les divers travaux que votre Commission des prix a dû examiner. Certains, comme vous le voyez, présentaient une réelle valeur, et les juger, les

analyser était pour votre secrétaire adjoint une tâche audessus de ses forces. Vous trouverez sans doute que, dans son rapport, il s'est montré

Plus enclin à blâmer que savant à bien faire

et vous aurez raison. En agissant ainsi, il a prouvé une fois de plus que

La critique est aisée et l'art est difficile.

CONCOURS DE 1894

RÉCOMPENSES DÉCERNÉES AUX LAURÉATS

PAR LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE

Médaille de vermeil grand module. M. Félix Libaudière, ingénieur des Arts et Manufactures. Essai sur l'histoire de Nantes pendant les années 1830-1835.

Médaille d'argent grand module.

M. A.-M. Maurel, professeur à l'institution Livet. Des rimes, poésies.

Médailles de bronze.

M. J. Cancel, instituteur-adjoint à Rezé-lès-Nantes. Monographie de la commune de Pamiers.

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MM. E. Sauvestre et P. Rozé, de Nantes. - Transparences, poésies.

Baron Gaëtan de Wismes. La chanson du pays,

drame en 1 acte, en vers.

Mile Poulet, de Nantes.

Pensées et Souvenirs, poésies.

Mentions honorables.

M. A. Lagrange, répétiteur au collège de Libourne.

Les grèves et la question sociale.

M. C. Schwingrouber, de Reims.

Speranza, poésie.

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