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selon l'expression juridique actuelle, une personne morale. Il serait trop long d'en donner ici les preuves. Or à quel titre la communauté chrétienne pouvait-elle posséder à cette époque, si ce n'est comme collège funéraire ?

Nous croyons donc avoir montré qu'au IIIe siècle, l'Eglise, profitant des avantages de la loi, s'organisa en collèges funéraires. Cette opinion est celle d'un grand nombre de savants français et étrangers qu'il serait trop long de citer ici. Nous nous contenterons de donner l'avis de M. de Rossi (Revue arch. chrét., 1866, t. 13, p. 241 et s.). « Les chrétiens, conclut-il, en leur qualité de possesseurs de cimetières communs ont for.né ipso jure un collège de ce genre; et pour leur ôter le bénéfice du sénatus-consulte, on devait prouver qu'ils tombaient sous le coup de cette restriction de la loi : « dummodo hoc prætextu collegium illicitum non coeat. A la constatation de ce délit équivalait chacun des édits spéciaux de persécution, où l'on interdisait aux chrétiens l'usage de leurs cimetières; et ces édits sont, en effet, du IIIe siècle, époque où l'histoire et les monuments témoignent que les fidèles possédèrent des tombeaux en qualité de corps constitué. Après la révocation de l'édit, le privilège rentrait en vigueur, et alors les empereurs restituaient aux évêques, comme représentants du corps de la chrétienté, la libre possession avec l'usage des cimetières. »

Pendant les deux premiers siècles, l'Eglise fut considérée par la loi comme une association illicite et ses membres furent poursuivis comme faisant partie d'une telle association. Mais au IIIe siècle, l'Eglise s'organise en collèges funéraires, elle devient par ce fait même, une association licite ses membres ne peuvent être poursuivis de ce chef. Il faut qu'un édit spécial retire aux chrétiens le bénéfice de la loi pour que la persécution recommence. Et l'histoire nous montre qu'il en fut ainsi !

UNE GERBE DE SONNETS

PAR M. J. MARBEUF.

LA MUSE.

Sonnet-Préface.

Muse, fille du ciel, monte et prends ton essor
Au-dessus de la froide et ténébreuse terre
Où du doute a passé le souffle délétère
Qui glace la pensée ardente, aux rêves d'or.

Monte, monte plus haut ! pour écouter l'accord
Du concert éternel, où, dans un doux mystère,
A la source du vrai l'âme se désaltère
Et, s'enivrant du beau, veut s'enivrer encor!

On n'entend retentir dans ce monde cupide
Que le son de l'argent monotone et stupide,
Que de l'impiété l'insolente clameur;

Du sceptique la voix stridente crie: « Arrière, Le dévouement, la foi, le devoir, la prière ! » O Muse, fuis un monde où l'Idéal se meurt.

O MARIA!

Mai, c'est le mois des fleurs, le mois où de la terre
S'élève un doux parfum qui monte de nos prés,
Qui monte du buisson, du vallon solitaire,
Des sentiers verdoyants de la foule ignorés;

C'est le mois de Marie, au nom plein de mystère,
Que saluaient, Juda, tes chantres inspirés,

Que l'oiseau dit au bois et la rose au parterre,
Qu'invoquent les pécheurs de remords déchirés.

Secours des affligés, Mère de l'espérance,

Se courbant sous le lourd fardeau de la souffrance, Quelle âme, sans espoir ici-bas te pria?

Vibrez, pieux accents, vibrez, sainte harmonie! Que la voix de la terre aux voix du ciel unie, Dans l'éternel concert murmure: O Maria!

LA MER:

Voilà tantôt cinq ans que je ne l'avais vue,
O mer, immense mer aux flots tumultueux;
Aussi, je me délecte à passer en revue
Tes grottes, tes chalets, tes rocs majestueux.

Tu n'es jamais, ô mer, de charmes dépourvue :
Je t'aime, déchaînant les vents impétueux
Qui font bondir au loin le navire à ma vue;
Je t'aime calme, en paix, comme un cœur vertueux.

De te revoir enfin j'étais brûlé d'envie :
Quand je suis fatigué des luttes de la vie,
Tes aromes salins me rendent plus dispos;

Tu peux lancer dans l'air la vague mugissante
Et briser à mes pieds l'écume blanchissante :
Ton mouvement rend plus suave mon repos.

LA ROSE.

Je la considérais, en extase, au jardin ;

Elle se balançait riante sur sa tige,

A la beauté joignant je ne sais quel prestige,
Comme Eve, humble et pudique, au milieu de l'Eden.

Approchez un parfum s'en dégage soudain ;
Le ciel en la créant fit un petit prodige.
Elle est fraîche, embaumée, odorante,
Jésus la chérissait aux rives du Jourdain ;

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que dis-je ?

Salomon la chanta dans son divin cantique,
Marie est appelée une rose mystique :
C'est la reine des fleurs, la merveille de mai.

Aucune fleur jamais n'a surpassé la rose ;
Cependant, un cœur pur et que la grâce arrose
Est encor plus suave, encor plus parfumé.

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