Page images
PDF
EPUB

Vous voyez qu'il n'est pas facile de faire de la graphologie et l'on pourrait s'étonner après cela que tant de personnes y prétendent. Mais pour la plupart, ce n'est qu'un amusement où elles ne se mettent guère en peine de vérité et d'exactitude. Et d'ailleurs, il est toujours difficile de bien faire une chose, et c'est avec juste raison qu'on a pu dire qu'il n'y a pas de sots métiers, pas de sottes occupations quand on s'en acquitte avec soin et avec le désir d'y approcher le plus possible de la perfection.

Au moins le graphologue est-il payé de ses peines et peutil, quand il a pris toutes les précautions désirables, quand il a mis toute son attention à son travail, se vanter d'être arrivé à la certitude absolue? Hélas, je n'oserais l'affirmer. Il aura recueilli des indications qui peuvent avoir leur importance pour apprécier la valeur intellectuelle et morale d'un individu; mais il devra, s'il est prudent, ne pas se prononcer sur son compte après ce seul élément d'information qui ne pourra être, pour employer l'expression juridique, qu'un commencement de preuve par écrit. Je ne lui conseillerai jamais de se parer de l'aphorisme: Donnez-moi quatre lignes de l'écriture d'un homme et je le ferai pendre. Je lui demanderai plus de circonspection et d'indulgence, et cette indulgence, Messieurs, je la solliciterai aussi de vous pour moi-même Je vous ai donné quelques pages, ne me faites pas pendre pour cela.

RAPPORT

SUR

BOUQUET DE FIANCÉ

PAR JEREMIE COURDIL.

Je vous remercie, Messieurs, d'avoir bien voulu me charger de dire en cette réunion quelques mots du dernier livre de Courdil : « Bouquet de Fiancé. »

C'est à la fois un plaisir pour l'ami et une satisfaction pour le rimeur que je suis d'avoir à faire au poète-instituteur tous les éloges qu'il mérite, et que vous vous accorderez, j'en suis sûr, à lui décerner avec moi.

Bouquet de Fiancé, c'est une brochure de 50 pages à peine, dans laquelle l'auteur a su mettre l'expression des plus purs sentiments qui l'animent, dans laquelle il a su à merveille nous faire entrevoir son rêve si doux de bonheur intime et peu ambitieux.

C'est bien, en effet, un bouquet de fiancé, que cette suite de petites pièces charmantes, toutes écrites en pensant à Elle, inspirées par Elle, la promise, la future compagne !

Courdil, Messieurs, m'apparaîtrait après la lecture de ses vers, si je ne le connaissais déjà très bien, comme un excellent cœur, doublé d'une âme aimante au possible.

N'a-t-il pas beaucoup de mérite, lui qu'un rude et fier

labeur, comme il le dit, retient toute une journée dans une salle d'école, au milieu de bambins turbulents, n'a-t-il pas beaucoup de mérite à se recueillir le soir et à travailler encore pour écrire ces fraîches poésies dont la lecture nous est d'un si grand charme?

Pas besoin de glossaire décadent pour comprendre ses vers. La forme en est souvent exempte de recherches, mais l'idée toujours belle et toujours poétique.

La muse de Courdil est une fille très douce que je crois voir simple, mais aimante, vivant loin du bruit des villes et n'ayant qu'un regard de compassion pour la muse chlorotique à laquelle nous sacrifions trop peut-être, nous autres jeunes.

D

En tous cas, si son poète la chérit, elle lui rend bien son attachement, et les tête-à-tête à la veillée dans une petite chambre de bohême, sous la clarté d'une lampe à lumière pâle, sont certainement les meilleurs moments vécus par l'instituteur.

Comment mieux vous prouver son talent, Messieurs, qu'en vous lisant cette poésie :

LOINTAIN.

Je vois dans un lointain très berceur et très doux
Ces jours pleins de parfums exquis d'épithalame,
Où la tendresse émue, au profond de notre âme
Elargira sans fin l'orbe de ses remous.

D'extatiques ferveurs s'éveilleront en nous ;

Le bonheur chantera dans nos yeux pleins de flamme,

Et calme, devant Dieu vous appelant ma femme,

Je vous adorerai comme on prie à genoux.

:

Oui, je les vois, ces jours remplis d'heureuse ivresse
Tel l'ardent voyageur que l'aurore caresse,

Marche d'un pas bardi vers l'horizon charmeur.

Tel frissonnant soudain aux baisers de mon rêve,
Je vais, le cœur vibrant, vers la magique grève,
Où l'amour triomphal étale sa splendeur !

Puis cette autre encore où chante la belle jeunesse de l'auteur:

ALORS!...

Lorsque viendra le jour, lorsque sonnera l'heure
Où mes espoirs beaux et chantants,

Sur votre cœur charmé que leur caresse effleure,
Se reposeront palpitants;

Lorsqu'ils moduleront la douce cantilène

De mon amour et de mes vœux ;
Lorsque votre âme pure épandra sur la mienne
L'exquise fraicheur des aveux ;

Lorsque nous marcherons sans crainte et sans rien dire,
Heureux et la main dans la main,

Vers les horizons bleus dont votre clair sourire
Illuminera le chemin ;

Alors, plein de la foi qui fait les âmes fortes,
Grandi par mon amour, fier de mon grand réveil,
Ressuscitant enfin mes illusions mortes,

Je vivrai, comme un dieu, mon rêve de soleil !

Et n'est-ce pas que ces vers sont beaux et consolants en ces temps de névrose ? Vous les lirez, Messieurs, et vous applaudirez avec moi, mon cher et excellent ami le poète Courdil.

ÉMILE BLANDEL.

LES COLLÈGES FUNÉRAIRES

A ROME

AU III® SIÈCLE APRÈS J.-C.

PAR M. HYACINTHE GLOTIN

Nous n'avons nullement l'intention de faire dans ce court travail l'histoire du droit d'association à Rome: cela ne rentre pas dans le cadre de notre sujet. Toutefois, il paraît nécessaire, avant d'étudier les collèges funéraires au III siècle, de rappeler en quelques mots quelles furent, suivant les époques, les diverses solutions de la législation romaine concernant ce droit.

Nous ne parlerons pas des lois de Numa Pompilius et de Servius Tullius qui, d'après Plutarque (Numa, 17) et Florus (1, 6), organisèrent les corporations ouvrières. Il suffit de remonter à la loi des XII Tables qui, nous apprend Gaius (L. 4, Digeste, XLVII. 22), permit l'association et donna la liberté la plus complète aux collèges composés de ceux qui faisaient un négoce ou se réunissaient dans un but quelconque, par exemple, pour cause de sépulture, « qui in eodem sepulcro sepeliuntur ». Les statuts, rédigés librement, faisaient la loi des parties; une seule condition était imposée ne rien entreprendre contre la paix publique.

« PreviousContinue »