L'ATTENTE. Oh! l'attente sereine! oh! le bonheur sans fièvres! C'est le printemps. L'amour parfume les sentiers; Voici les fleurs du rêve et les fleurs du délice! C'est le printemps. Bientôt de magiques rayons Oh! l'attente sereine! oh! le bonheur sans fièvres! ALORS!... Lorsque viendra le jour, lorsque sonnera l'heure Lorsqu'ils moduleront la pure cantilène De mon amour et de mes vœux; Lorsque votre âme douce épandra sur la mienne L'exquise fraîcheur des aveux ; Lorsque nous marcherons sans crainte et sans rien dire, Vers les horizons bleus dont votre clair sourire Alors, plein de la foi qui fait les âmes fortes, Je vivrai, comme un dieu, mon rêve de soleil ! MOMENTS BÉNIS. Oh! dans notre avenir baigné de vapeurs d'or, Nous sommes là, tous deux, sans redouter encor Après les âpretés du devoir fatiguant, Bien seuls dans la chambrette close, Nos pensers unis vont ineffables, vaguant Sous des ciels d'azur et de rose; Vous dites de ces mots intimes et charmeurs, Qui mettent des baisers dans l'âme ; Nos cœurs ravis, bercés par des flots cajoleurs, S'éclairent d'une douce flamme; A l'ombre de vos cils, dans l'éclair de vos yeux, Nos voix ont des accents émus et radieux, Le bonheur parfumé voltige dans l'air pur Apportant sur son aile, en ce nid calme et sûr, Nous sommes là, tous deux, sans redouter encor Le vol furtif de l'heure brève : Oh! dans notre avenir baigné de vapeurs d'or, Les moments bénis que je rêve! BOUQUET. J'avais au fond de l'âme un pli mystérieux, Ce grand soleil a lui : sous l'éclat de vos yeux, Tout mon être frémit de suaves délices! Prenez-le dans vos mains, ô douce fiancée! J. COURDIL. RAPPORT PAR M. F. FRAYE SUR LES GRANDS POÈTES ANGLAIS DE M. L'ABBÉ BLANLŒIL MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES, M. l'abbé Blanlœil, auteur de divers ouvrages très appréciés, vient de publier un nouveau volume: Les grands poètes anglais. Chargé par le Comité central de notre Société d'en faire le compte rendu, je viens m'acquitter de cette mission. Prendre ces poètes un à un, les grouper par époques, citer quelques extraits de leurs plus belles œuvres, les analyser, et donner une appréciation juste de leurs mérites respectifs, était là une idée ingénieuse et qui comblait en même temps une véritable lacune. Car, sauf quelques critiques dus, il est vrai, à des écrivains d'un incontestable talent, rien de pareil n'avait encore été tenté en France où les poètes anglais sont peu connus. Disons tout de suite que M. l'abbé Blanlœil a merveilleusement réussi dans la tâche qu'il s'est imposée. Habileté de classement, choix heureux des morceaux cités, appréciation juste et fine, style élégant, rien ne manque à son œuvre. Parcourons-le. Voici d'abord les deux contemporains de Shakespeare, Ben Jenson et Marlowe, auteurs dramatiques |