Page images
PDF
EPUB

L'ATTENTE.

Oh! l'attente sereine! oh! le bonheur sans fièvres!
Nos yeux fixent au loin de grands horizons doux.
L'espérance qui vague au ciel ouvert sur nous,
Met en reflets d'azur le sourire à nos lèvres.

C'est le printemps. L'amour parfume les sentiers;
L'âme a l'éclat neigeux des rameaux d'aubépines;
La tendresse, en nos cœurs, perle en gouttes divines,
Comme des pleurs d'aurore au sein des églantiers.

Voici les fleurs du rêve et les fleurs du délice!
Voici les coupes d'or et les coupes de miel,
Qui frissonnent soudain, quand un souffle du ciel
Passe et vient chastement baiser chaque calice.

C'est le printemps. Bientôt de magiques rayons
S'uniront aux lueurs de la clarté première,
Et les roses du cœur, s'enivrant de lumière,
Exhaleront l'encens des adorations!

Oh! l'attente sereine! oh! le bonheur sans fièvres!
Nos yeux fixent au loin de grands horizons doux.
L'espérance qui vague au ciel ouvert sur nous,
Met en reflets d'azur le sourire à nos lèvres.

ALORS!...

Lorsque viendra le jour, lorsque sonnera l'heure
Où mes espoirs beaux et chantants,
Sur votre cœur charmé que leur caresse effleure,
Se reposeront palpitants;

Lorsqu'ils moduleront la pure cantilène

De mon amour et de mes vœux; Lorsque votre âme douce épandra sur la mienne L'exquise fraîcheur des aveux ;

Lorsque nous marcherons sans crainte et sans rien dire,
Heureux et la main dans la main,

Vers les horizons bleus dont votre clair sourire
Illuminera le chemin ;

Alors, plein de la foi qui fait les âmes fortes,
Grandi par mon amour, fier de mon grand réveil,
Ressuscitant enfin mes illusions mortes,

Je vivrai, comme un dieu, mon rêve de soleil !

MOMENTS BÉNIS.

Oh! dans notre avenir baigné de vapeurs d'or,
Les moments bénis que je rêve :

Nous sommes là, tous deux, sans redouter encor
Le vol furtif de l'heure brève;

Après les âpretés du devoir fatiguant,

Bien seuls dans la chambrette close, Nos pensers unis vont ineffables, vaguant Sous des ciels d'azur et de rose;

Vous dites de ces mots intimes et charmeurs, Qui mettent des baisers dans l'âme ; Nos cœurs ravis, bercés par des flots cajoleurs, S'éclairent d'une douce flamme;

A l'ombre de vos cils, dans l'éclair de vos yeux,
Je lis la tendresse infinie ;

Nos voix ont des accents émus et radieux,
Montant en claire symphonie ;

Le bonheur parfumé voltige dans l'air pur
Comme une brise printanière,

Apportant sur son aile, en ce nid calme et sûr,
Un divin reflet de lumière ;

Nous sommes là, tous deux, sans redouter encor Le vol furtif de l'heure brève :

Oh! dans notre avenir baigné de vapeurs d'or, Les moments bénis que je rêve!

BOUQUET.

J'avais au fond de l'âme un pli mystérieux,
Plein de vagues de rêve et de fraîcheurs d'aurore,
Où des boutons d'argent attendaient, pour éclore,
La magique splendeur d'un soleil radieux!...

Ce grand soleil a lui : sous l'éclat de vos yeux,
Les fleurs, les frêles fleurs somnolentes encore,
S'éveillant au rayon qui gaiment les colore,
Elèvent leur front pur vers l'infini des cieux.

Tout mon être frémit de suaves délices!
Je cueille, très ému, les plus vivants calices,
Et j'en fais un bouquet d'amour et de bonheur :

Prenez-le dans vos mains, ô douce fiancée!
Que chaque fleur d'azur, sur vos lèvres pressée,
Puisse, oh! puisse, à jamais, parfumer votre cœur!

J. COURDIL.

RAPPORT

PAR M. F. FRAYE

SUR

LES GRANDS POÈTES ANGLAIS

DE M. L'ABBÉ BLANLŒIL

MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES,

M. l'abbé Blanlœil, auteur de divers ouvrages très appréciés, vient de publier un nouveau volume: Les grands poètes anglais. Chargé par le Comité central de notre Société d'en faire le compte rendu, je viens m'acquitter de cette mission.

Prendre ces poètes un à un, les grouper par époques, citer quelques extraits de leurs plus belles œuvres, les analyser, et donner une appréciation juste de leurs mérites respectifs, était là une idée ingénieuse et qui comblait en même temps une véritable lacune. Car, sauf quelques critiques dus, il est vrai, à des écrivains d'un incontestable talent, rien de pareil n'avait encore été tenté en France où les poètes anglais sont peu connus.

Disons tout de suite que M. l'abbé Blanlœil a merveilleusement réussi dans la tâche qu'il s'est imposée. Habileté de classement, choix heureux des morceaux cités, appréciation juste et fine, style élégant, rien ne manque à son œuvre.

Parcourons-le. Voici d'abord les deux contemporains de Shakespeare, Ben Jenson et Marlowe, auteurs dramatiques

« PreviousContinue »