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Vous savez avec quel tact et quelle connaissance des moindres détails, M. Gadeccau a dirigé vos débats et vos travaux, mais j'ai pu, mieux que tout autre, apprécier la délicatesse et l'amabilité pleine de simplicité, avec lesquelles notre Collègue consent à accepter un surcroît de travail, quand il s'agit de rendre un service. Je l'en ai bien souvent remercié dans l'intimité, mais je tenais à lui en exprimer publiquement ma reconnaisance, d'autant plus que j'y trouve une occasion de lui affirmer, au nom de tous, que si nous avons dû nous incliner devant sa décision formelle de ne pas prendre définitivement, en 1892, la place qu'il a si bien occupée provisoirement en 1891, nous conservons toujours le souvenir des services qu'il a rendus à la Société et l'espoir de le compter encore parmi nos meilleurs colla

borateurs.

Notre secrétaire général, M. Francis Merlant, vous a donné le spectacle encourageant de cette activité qui, le transportant un jour en Russie et le lendemain en Allemagne, le ramenait toujours à temps au milieu de nous, pour prendre part, chaque mois, à nos travaux.

Quant à notre secrétaire adjoint, M. le Dr Samson, en vous l'attachant cette année en qualité de secrétaire général, vous lui avez marqué en quelle estime vous le tenez.

Il est presque superflu de vous rappeler les services rendus à la Société par MM. Delteil et Viard.

Chez nous, comme dans toute Société, le Trésorier et le Bibliothécaire sont, qu'on me passe l'expression, les colonnes du temple; si elles venaient à fléchir, l'édifice tout entier serait menacé de ruine.

Nous sommes fort heureusement sûrs de la solidité du dévouement et du zèle des deux collègues que vos acclamations ont maintenus dans ces importantes fonctions.

Peut-être, vous semblera-t-il, mes chers Collègues, que

je devrais m'en tenir à ces compliments qui, dans ma bouche, ont au moins le mérite de la sincérité, car je sais bien que sans l'appui de ces précieux collaborateurs, la seule chose que je puisse personnellement mettre à votre service, ma bonne volonté eût été absolument réduite à l'impuissance.

Je croirais cependant forfaire à mon devoir, si je ne vous disais une dernière fois tout le fond de ma pensée.

Ce n'est certe pas pour les Sociétés comme la nôtre qu'a été émis cet axiôme que le mieux est l'ennemi du bien. » En métaphysique, cela peut être vrai, mais pour nous, hélas! le bien n'étant que relatif, nous ne pouvons espérer faire bien, qu'à la Condition de tendre toujours à faire

mieux.

Pourrions-nous donc faire mieux ?

Bien souvent, dans des conversations particulières, un certain nombre d'entre vous l'ont affirmé. Tout récemment enfin on a dit tout haut ce que, depuis longtemps, on disait tout bas, et dans la dernière réunion de votre Comité central, un certain nombre de modifications ont été proposées et adoptées à l'unanimité, lesquelles, sans toucher sérieusement aux Statuts de la Société, pourraient ranimer l'activité, un peu languissante parfois, de nos séances.

Je ne parle pas du vœu émis déjà par un de mes prédécesseurs, mon excellent ami M. Andouard, de voir toutes les Sociétés savantes de notre ville réunies dans un même local. Pour toutes ces Sociétés, il y aurait à cela, sans nul doute, avantage dans le présent et sécurité pour l'avenir.

Malheureusement il ne s'agit pas là d'une modification qu'il soit en votre pouvoir d'établir du jour au lendemain. C'est un souhait que nous pouvons formuler avec l'espoir qu'il trouvera un écho près des autres intéressés.

Ces modifications, qu'il dépend de vous de mettre immédia

tement en vigueur, vont, dans quelques instants, être soumises à votre approbation. Nul moment ne saurait être mieux choisi pour tenter de conserver à notre Société cette activité laborieuse qui en fait depuis près d'un siècle, la première Société savante de la région.

Vous venez, en effet, de choisir un Président qui, par sa situation, comme savant, professeur, directeur de l'Ecole des sciences et des lettres, impose à tous, dans notre ville, l'estime et le respect.

Dévoué à votre Société et en même temps administrateur éprouvé, M. Larocque saura faire pour elle ce qu'il a si bien fait ailleurs. Si nous avions pu éprouver quelque crainte pour l'avenir de la Société Académique, nous serions pleinement rassuré en voyant ses destinées remises en des mains aussi sûres.

6 janvier 1892.

ALLOCUTION DE M. L.-E. LAROCQUE

PRÉSIDENT ENTRANT.

MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES,

Croyez bien que j'apprécie à toute sa valeur l'insigne honneur que vous m'avez fait en m'appelant à présider vos délibérations, bonneur que je ressens d'autant plus vivement qu'il était pour moi plus inattendu et que je m'y reconnaissais moins de titres. Vous avez pensé, et cela, du moins, avec raison, que mon peu d'assiduité à prendre part à vos travaux devait être attribué à la multiplicité de mes occupations et non m'être imputé à indifférence; vous avez cru que je pourrais vous rendre quelques services, et vous avez fait appel à ma bonne volonté c'était m'imposer le devoir d'accepter; je ferai tous mes efforts pour que vous soyez le moins déçus possible; si j'y réussis, si, à la fin de l'année, j'ai la conscience de n'avoir pas été trop au-dessous de ma tâche, d'avoir mérité une faible part des éloges anticipés qu'a bien voulu m'adresser mon honorable prédécesseur, qui prête si généreusement aux autres les qualités qu'il possède, si je puis croire que mon passage à la présidence n'a pas été sans quelque utilité pour la Société, alors, Messieurs, mais alors seulement, je vous remercierai.

Aujourd'hui, il y aurait de ma part plus que de la témérité à tracer quelque chose comme un programme; certes, je suis

convaincu, ainsi que vous tous, sans nul doute, que pour vivre, pour se maintenir dans de bonnes conditions de santé et de vigueur, tous les corps organisés doivent s'adapter aux modifications qui se produisent dans le milieu où ils évoluent; j'admets donc qu'il puisse y avoir des améliorations à réaliser dans le fonctionnement de notre Société; mais je suis non moins convaincu qu'il ne faut procéder à aucun changement qu'après une étude approfondie et de mùres réflexions, qu'avec une certitude presque complète d'obtenir un bon résultat, et que, là surtout, dans le doute on doit s'abstenir. Mieux vaut retarder une réforme que l'essayer prématurément ; soyons hardis dans la conception, très prudents dans l'exécution; efforçons-nous, autant qu'il est possible, de concilier le respect de la tradition, qui seul maintient la continuité de l'être, avec l'esprit de progrès, qui en assure la vitalité.

Toutefois, Messieurs, si je dois en ce moment me renfermer dans ces généralités, un peu bien banales, il est un point particulier qu'ont touché, en semblable circonstance, mes deux éminents prédécesseurs et sur lesquels je crois devoir dire, dès aujourd'hui, que mon sentiment s'accorde avec le leur de la manière la plus formelle. Oui, Messieurs, comme M. Andouard, comme M. le Dr Guillemet, je suis intimement persuadé que les diverses Sociétés savantes de notre ville auraient tout à gagner à ne pas rester isolées, mais, au contraire, à former un groupe où chacune, tout en conservant sa complète autonomie, s'appuierait en quelque sorte sur les autres et verrait sa propre vitalité augmentée de celle de ses émules. Il y a là une œuvre de haut intérêt à accomplir et que nous ne devons jamais perdre de vue; loin de moi la prétention de me croire plus capable de la les hommes distingués que je viens de nommer;

réaliser que mais de ce

qu'ils n'ont pu aboutir, il ne faut pas conclure qu'on doive

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