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s'est développée dans le chœur, a traversé un coin de la foule, puis a disparu.

L'âge des hérésies, l'âge des barbaries ont été vécus. Et la vieille foi catholique reste toujours la même, sublimement forte et vivante.

Il demeure et demeurera éternellement vrai le mot de Julien l'apostat :

<< Tu as vaincu, Galiléen ! »

EMILE OGER.

SEUL!

Pauvre homme! toujours donc la même âme d'enfant !
Tu l'as voulu subir la nouvelle blessure;

Tu devais bien savoir que la peine était sûre,
Jalousant des bonheurs que le Ciel te défend!

Tu t'es pris au mirage, au doux mensonge, au rêve.
Tu voulus, dans l'oubli du cher passé défunt,
Fleurir ton sentier sombre, y répandre un parfum,
Comme si toute fleur pour toi n'était pas brève!

Surtout ne mêle rien d'amer au souvenir :
Profaner une fleur ou blesser une femme,
Vois-tu, quelque serait le motif, est infâme.
Puis, c'est meilleur d'aimer et plus doux de bénir!

Sais-tu donc le secret des misères, poète !
Es-tu saint pour pouvoir juger un autre cœur?
Que ta lèvre, plutôt que de crier: Rancœur !
Se serre jusqu'au sang et demeure muette !

De nos tristes bonheurs sache quitter le seuil
En montrant que ton âme est forte et bien trempée !
Et redis-toi les vers de ton maître Coppée

Si, quelque jour, montait un sanglot dans ton deuil :

a On fut cruel pour toi. Sois indulgent et juste.

» Rends le bien pour le mal: c'est le vrai talion.
» Mais t'étant bien bardé le cœur d'orgueil robuste,

» Va! calme comme un sage et seul comme un ljon!

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EMILE OGER.

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Après le meurtre est un roman.

Tout de suite, j'entends vos questions. Qu'est ce roman? Du roman d'idées ou du roman de mœurs ? Du roman d'hier, pour parler comme M. Marcel Prévost, ou du roman de demain? Le romancier est-il objectif ou subjectif? Estil un réaliste ou un idéaliste, c'est-à-dire, selon le joli mot de M. Maxime du Camp, un myope ou un presbyte?

Je me permets d'arrêter vos questions ici et de ne répondre à aucune.

Certes, il ne serait point trop difficile d'affirmer que, bien probablement, l'auteur d'Après le meurtre éprouve une grande sympathie pour M. Emile Zola, une un peu moindre pour M. Paul Bourget, une beaucoup moindre pour M. Marcel Prévost; que, peut-être aussi, dans l'œuvre où j'ai cru reconnaître une tendance, tantôt vers le réalisme, tantôt vers l'idéalisme, tantôt vers la pure psychologie, l'écrivain a voulu essayer du roman vraj, du roman chef-d'œuvre, du roman éclectique.

Mais, chacun de vous, Messieurs, jugera.

Après le meurtre, de M. Jean Tillault, plein de bonnes promesses, avec, çà et là, mieux que des promesses, peut vaillamment porter la plus sincère des critiques.

C'est une critique sincère que je vous apporte.

« Rien n'annonçait l'approche d'un train, dans le silence endormi, stagnant, où achevait de vibrer le timbre téléphonique, ni sur le quai de la gare désert, mal éclairé de son unique lampe..., ni sur la voie vide, enténébrée, qui, des deux côtés, toute droite, s'enfonçait dans le noir, se perdait dans la nuit; une nuit d'automne, refroidie par un vent de Nord qui préparait une belle gelée sur toute cette terre déjà rouillée, drapée de pourpre et de vieil or, livrée somptueuse que la froidure hivernale allait arracher, balayer, emporter où tout s'en va....., d'où rien ne revient : dans l'infini. »

Voilà l'alinéa de début. Presque de l'inquiétude, presque de la tristesse s'en dégagent. Ce ne peut être le prélude d'un de ces contes exquis, très doux, où, dans les rires et dans la lumière, naissent et vivent les amours bénies. Remarquez même les mots qui le terminent :

« ...arracher, balayer, emporter où tout s'en va..., d'où rien ne revient dans l'infini. »

Ils seront comme les leitmotive de notre musique moderne. Plus d'une fois, au cours du drame, ils traverseront votre mémoire.

Avec tout l'élan du cœur et toute l'ardeur des sens, le comte Philbert du Margath aime Mile France Sauban; la jeune fille adore le comte: séparés par un meurtre, ou plutôt par le spectre d'une misérable qui fut épouse pour celui-ci, mère pour celle-là, ils ne seront jamais l'un à l'autre. Pourquoi ? Comment ?

France est née d'un « pauvre fonctionnaire et a d'une

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