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ET LA

RAISON CATHOLIQUE

OU

CONFÉRENCES SUR LA CRÉATION,
PRONONCÉES A PARIS DANS L'ANNÉE 1852,

AUGMENTÉES ET ACCOMPAGNÉES DE REMARQUES ET DE NOTES,

PAR

LE T. R. P. VENTURA DE RAULICA,

Ancien General de l'Ordre des Theatins, Consulteur de la Sacrée Congrégation des Rites,
Examinateur des Evêques et du Clergé romain.

SUITE DES CONFÉRENCES DE L'ANNÉE 1851.

TOME SECOND.

PREMIÈRE PARTIE.

PARIS,

GAUME FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS,

RUE CASSETTE, 4.

1853.

265. a. 148.

§1. Caducité de l'erreur. Vie et puissance du Catholicisme.

l'a été une bien singulière idée que celle de ce phiAlosophe de l'école éclectique moderne, prétendant apprendre au genre humain, qui ne s'en doutait pas, Comment les dogmes finissent (1). Le mot grec dogma, que les Latins traduisaient par le mot décret (Cicer., Quæst. academ.), signifie une vérité universelle, nécessaire, éternelle, hors de toute contestation. Dire donc que de pareilles vérités peuvent finir, c'est dire que le vrai peut être faux, l'universel peut devenir particulier, le nécessaire peut cesser d'être, l'incontestable peut être contesté, l'éternel peut mourir. Dans cette thèse donc Comment les dogmes finissent, il y a contradiction flagrante dans les termes; il y a l'absurde. Si certaines croyances des peuples changent, finissent, c'est qu'elles n'étaient pas des dogmes : les dogmes ne finissant jamais, pas plus que le Dieu dont ils émanent. C'est ce qui a fait prononcer à Cicéron cette belle et magnifique sentence: « Le temps, qui efface les rêves - et les opinions de l'homme, ne fait que confirmer, affermir les arrêts de Dieu; Opinionum commenta delet dies; Naturæ judicia confirmat.

a

n

Mais dix siècles avant que le philosophe romain eût

(1) C'est le titre d'un écrit bien connu de M. Jouffroy.

parlé ainsi, on lisait déjà dans les Psaumes ces grandes paroles, empreintes d'un charme tout divin : « Tout

s'use, tout vieillit comme les vêtements de l'homme. Dieu seul est toujours le même; Dieu seul ne change « pas, ne vieillit pas; et la vérité du Seigneur reste « éternellement ce qu'elle est; Omnia sicut vestimen« tum veterascent... Tu autem idem ipse es, et anni tui « non deficient... Et veritas Domini manet in æter« num (Psal. 101 et 116). » C'est, comme on le voit, l'histoire de la vérité et de l'erreur résumée en quelques mots.

Rien n'est plus vrai, en effet, que ce fait : « Que tous les systèmes d'erreur que la raison et les passions de l'homme ont enfantés, dans la suite des siècles, se sont démolis les uns les autres, et qu'au milieu de tant de ruines, les seules vérités générales que l'Agriculteur divin a semées dans le monde dès l'origine du monde, les seules vérités nécessaires à la subsistance et à la vie de l'humanité, les dogmes seuls sont restés debout. »

Les anciennes hérésies, qui ont fait tant de bruit et ravagé tant d'États, ont disparu pour ne plus revenir. Les modernes n'ont pas été plus heureuses. Est-ce qu'il est resté quelque chose de positif des doctrines de Luther et de Calvin? Les quelques vérités chrétiennes qui restent aux peuples que ces doctrines ont séduits, ne sont que des débris de traditions catholiques, que les enseignements et les persécutions de l'herésie n'ont pu tout à fait effacer tout comme les quelques vérités religieuses que conservent les infidèles ne sont que des débris de traditions universelles, que l'idolàtrie et le mahométisme n'ont pu tout à fait détruire.

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