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saint Augustin et saint Thomas; mettant à nu les misères, le vide, le néant, les sophismes, les absurdités de la raison philosophique; l'écrasant de tout le poids de sa supériorité, et la faisant expirer à ses pieds, de rage, de honte et de confusion.

neux,

Ce sont des productions singulières. Elles sont si différentes dans leur genre! L'une l'emporte par l'élévation de la pensée, l'autre par la force du raisonnement; l'une instruit par des traits lumil'autre persuade par les charmes du sentiment; l'une s'adresse au cœur par l'esprit, l'autre saisit l'esprit par le cœur ; l'une touche en éclairant, l'autre éclaire en touchant : et cependant, formées au même moule du génie, elles tendent au même but, elles se complètent mutuellement l'une par l'autre, et présentent dans leur ensemble l'histoire achevée de l'ÈTRE INFINI et de son essence, de ses attributs, de ses opérations; du monde et de son origine, de sa fin; de l'homme et de sa nature, de ses facultés, de ses destinées.

Ce sont enfin les productions les plus utiles, les plus importantes, les plus nécessaires à avoir sous les yeux, en présence du dévergondage philosophique de nos jours. Je voudrais les voir réunies et réimprimées ensemble dans un volume prenant place dans toutes les bibliothèques des familles dans les mains de tous les jeunes gens des deux sexes. C'est de la plus haute métaphysique à la portée de tout le monde; c'est le cours le plus beau

dialectique! quelle forme saisiss
quelle originalité de marche'
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mère, l'Église, et unies ensemble par la communauté de la même gloire, des mêmes intérêts, et de la même destinée.

Mais la philosophie nouvelle, ce triste épanouissement de la pensée païenne, avait malheureusement été accueillie avec trop d'enthousiasme, s'était trop profondément implantée dans les esprits, pour qu'elle ait pu être arrêtée, dans son développement funeste, par ces productions immortelles, par ce magnifique rayonnement de la pensée chrétienne. Ainsi, malgré les intentions de ses auteurs (1), elle n'en continua pas moins ses ra

(1) Par rapport à l'Église, voici comment Descartes s'est exprimé : « Je ne voudrais pour rien au monde qu'il sortît de moi un

os jours; et ce sont ces ravages nstater dans la seconde partie.

NDE PARTIE.

le répéter les philosophes du dixème siècle, qui avaient essayé de s'exl'origine du monde à l'aide des hypothèses ussi ridicules qu'absurdes que je viens d'exposer; ces philosophes, dis-je, à des exceptions près, étaient chrétiens; ils ne voulaient certainement pas toutes les conséquences des principes qu'ils avaient posés. Ils ne se doutaient même pas que d'affreuses conséquences pouvaient être déduites de ces mêmes principes. Ayant laissé Dieu en tête de la création, ils croyaient en avoir fait assez pour sauvegarder la révélation. Pour eux, la matière première ne devait son existence qu'à la parole toute-puissante de Dieu; mais, pour eux aussi, cette matière, une fois créée, aurait formé par elle-même tous les corps. Or c'était laisser trop peu

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« discours où il se trouvât le moindre mot qui fut désapprouvé de l'Église... Je sais bien qu'on pourrait dire que tout ce que les inquisiteurs de Rome ont décidé n'est pas incontinent article de foi pour cela, et qu'il faut premièrement que le concile y ait passé. Mais je ne suis point si amoureux de mes • pensées que de me vouloir servir de telles exceptions pour avoir moyen de les maintenir. (Lettre au P. MERSENNE; OEuvres, Paris, 1824, tom. V, pag. 238, 239, 243). »

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et le plus parfait de philosophie, capable d'élever la raison par la foi, d'affermir la foi par la raison, de réformer le vrai philosophe tout en conservant le vrai chrétien, et bien propre, par conséquent, à remplacer ces prétendus cours philosophiques où l'on trouve tout, excepté de la philosophie, et qui, après avoir démoli toute foi dans les jeunes intelligences, finissent par leur faire perdre toute science et toute raison.

Français, vous ne sauriez être assez fiers de ces deux monuments de la science et de la foi de vos pères, que je serais tenté de vous envier au nom de l'Italie, si l'envie pouvait avoir lieu entre l'Italie et la France, deux nations sœurs, filles de la même mère, l'Église, et unies ensemble par la communauté de la même gloire, des mêmes intérêts, et de la même destinée.

Mais la philosophie nouvelle, ce triste épanouissement de la pensée païenne, avait malheureusement été accueillie avec trop d'enthousiasme, s'était trop profondément implantée dans les esprits, pour qu'elle ait pu être arrêtée, dans son développement funeste, par ces productions immortelles, par ce magnifique rayonnement de la pensée chrétienne. Ainsi, malgré les intentions de ses auteurs (1), elle n'en continua pas moins ses ra

(1) Par rapport à l'Église, voici comment Descartes s'est exprimé : « Je ne voudrais pour rien au monde qu'il sortît de moi un

vages jusqu'à nos jours; et ce sont ces ravages que nous allons constater dans la seconde partie.

9.

J'AIM

SECONDE PARTIE.

'AIME à le répéter les philosophes du dixseptième siècle, qui avaient essayé de s'expliquer l'origine du monde à l'aide des hypothèses aussi ridicules qu'absurdes que je viens d'exposer; ces philosophes, dis-je, à des exceptions près, étaient chrétiens; ils ne voulaient certainement pas toutes les conséquences des principes qu'ils avaient posés. Ils ne se doutaient même pas que d'affreuses conséquences pouvaient être déduites de ces mêmes principes. Ayant laissé Dieu en tête de la création, ils croyaient en avoir fait assez pour sauvegarder la révélation. Pour eux, la matière première ne devait son existence qu'à la parole toute-puissante de Dieu; mais, pour eux aussi, cette matière, une fois créée, aurait formé par elle-même tous les corps. Or c'était laisser trop peu

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<< discours où il se trouvât le moindre mot qui fut désapprouvé de l'Église... Je sais bien qu'on pourrait dire que tout ce que les inquisiteurs de Rome ont décidé n'est pas incontinent ar«ticle de foi pour cela, et qu'il faut premièrement que le concile y ait passé. Mais je ne suis point si amoureux de mes

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pensées que de me vouloir servir de telles exceptions pour

avoir moyen de les maintenir. (Lettre au P. MERSENNE;

OEuvres, Paris, 1824, tom. V, pag. 238, 239, 243). »

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