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que chez les reptiles. On a vu aussi qu'elle ne se manifeste point de même chez tous.

Par exemple, le retranchement d'un lobe cérébral, dans les mammifères, ou dans les oiseaux, est suivi d'une faiblesse plus prononcée du côté opposé. Ce croisement n'a point lieu, ou du moins n'a pas lieu d'une manière sensible, chez les reptiles.

7. Un second mémoire aura pour objet d'indiquer la cause de cet effet croisé, de montrer à quelles parties il se borne, et à quelles il est remplacé par l'effet direct.

Ce mémoire aura pour objet encore de démêler l'influence propre de chaque partie du système nerveux sur l'énergie totale de ce système ; de poser les limites respectives des propriétés des diverses parties nerveuses, et d'assigner, enfin, la part de ces diverses propriétés dans les mouvemens dits involontaires.

8. Dans celui-ci, après avoir rigoureusement déterminé le sens précis des mots excitabilité et sensibilité, j'ai montré que les deux propriétés qu'ils désignent sont deux propriétés nerveuses, et pourtant toutes deux distinctes.

Puis, expérimentant séparément chaque partie du système nerveux, j'ai séparé les propriétés de chacune d'elles; j'ai tour à tour reconnu et

assigné le rôle du nerf, celui de la moelle épinière, celui du cervelet, des tubercules quadrijumeaux, et des lobes cérébraux.

9. Ce rôle présentement connu et assigné, tout le monde conçoit la possibilité de déduire l'altération des parties de l'altération des propriétés, et, réciproquement, la lésion des propriétés de la lésion des parties; ce qui est le but et la fin de toute physiologie et de toute pathologie.

Par exemple, qu'une blessure de la masse cérébrale détermine la perte de la marche et de la station, et j'en conclus la lésion du cervelet; qu'elle détermine des convulsions générales et universelles, et j'en conclus la lésion de la moelle alongée; qu'elle produise simplement ou la stupeur, ou la perte des sensations, et j'en conclus la lésion des lobes cérébraux.

10. J'enfonçai un poinçon dans la boîte crânienne d'un cochon-d'inde : l'animal perdit toutà-coup la faculté de marcher et de se tenir debout. J'ouvris le crâne, et je trouvai le cervelet profondément altéré.

11. J'enfonçai un poinçon très fin dans le crâne d'une grenouille : l'animal tourna longtems sur le côté gauche; le tubercule quadrijumeau gauche avait seul été compromis.

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12. Je perçai le crâne d'un pigeon: il mourut dans des convulsions universelles; la moelle alongée se trouva déchirée.

13. On pourra donc enfin soumettre à des règles fixes et positives l'observation encore si embrouillée des lésions cérébrales.

On pourra concilier tant de résultats opposés, ou contradictoires, ou inconcevables en apparence, de tant d'expériences célèbres.

On verra pourquoi Rédi, et Zinn, et Haller, et Lorry, et les autres, ont observé des phénomènes si confus sur les animaux qu'ils mutilaient si aveuglément, et sans savoir sur quelles parties portaient leurs mutilations, et surtout sans avoir, par une analyse expérimentale préalable, déterminé l'expression propre de chacune de ces parties.

On concevra comment les effets des apoplexies varient selon que varie le siége de l'épanche

ment.

Et l'on comprendra, enfin, comment il peut se manifester des paralysies distinctes du sentiment et du mouvement.

14. Je ne pousserai pas plus loin ces conséquences; je laisse aux esprits judicieux le soin de les développer et de les étendre.

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FAIT A L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES
DE L'INSTITUT,

SUR

LE MÉMOIRE LU A CETTE ACADÉMIE

DANS SES SÉANCES DES 4, 11, 25, 31 MARS, ET 29 AVRIL 1822;

AYANT POUR OBJET

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LA DÉTERMINATION DES PROPRIÉTÉS DU SYSTÈME
NERVEUX, ET DU RÔLE QUE JOUENT LES DI-

VERSES PARTIES DE CE SYSTEME DANS LES
MOUVEMENS DITS VOLONTAIRES, OU DE LOCO-
MOTION ET DE PRÉHENSION.

Le secrétaire perpétuel de l'Académie pour les sciences physiques certifie que ce qui suit est extrait du procèsverbal de la séance du lundi 22 juillet 1822.

L'Académie nous a chargés, MM. Portal, le comte Berthollet, Pinel, Duméril et moi, de lui rendre compte d'un mémoire de M. Flourens, intitulé: Détermination des propriétés du système nerveux, ou Recherches physiques sur l'irritabilité et la sensibilité.

Ce mémoire peut être considéré sous trois aspects: les expériences faites par l'auteur, les conséquences qu'il en tire, le langage dans lequel il les exprime.

Il a répété devant nous ses principales expériences, et elles nous ont paru exactes. Nous avons suivi ses raisonnemens avec attention, et le plus grand nombre nous a semblé juste ; mais le langage dont il s'est servi s'écarte en quelques points importans de l'usage le plus généralement et donnerait lieu à des objections et à des malentendus, si nous ne nous occupions d'abord de le rectifier. C'est même dans l'intention d'être utiles à l'auteur, de rendre ses résultats avec plus de clarté, que nous commencerons ce rapport par quelque critique de sa nomenclature.

Lorsque l'on pince ou que l'on pique un nerf, les muscles où il se rend se contractent avec plus ou moins de violence, et en même tems l'animal éprouve des douleurs plus ou moins fortes. Lorsqu'un nerf est séparé du reste du système nerveux par une ligature ou une section, et qu'on agit sur lui de la même manière, au-dessous de la ligature ou de la section, il se produit encore des contractions dans le muscle; mais il n'y a plus de douleur dans l'animal, et l'animal perd en même tems le pouvoir de commander

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