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dans la masse cérébrale, du siége de la sensation de la vue. L'origine du sens réside dans les tubercules quadrijumeaux; le principe de la sensation, dans les lobes cérébraux.

10° Chacun des autres sens, l'odorat, le goût, l'ouïe, a pareillement, dans la masse cérébrale, une origine distincte du centre, ou réceptacle unique des sensations.

Il y a donc, dans la masse cérébrale, des organes distincts pour les sens, pour les sensations, pour les mouvemens.

11o Lorsqu'on enlève le cervelet en entier à un animal, tous les mouvemens réglés de locomotion et de préhension sont aussitôt perdus: mais tous les mouvemens réglés de conservation subsistent. Les mouvemens de locomotion sont donc essentiellement distincts des mouvemens de conservation. (On verra, dans un prochain Mémoire, de quel organe ceux-ci dérivent. ')

12° Chaque partie essentiellement distincte des centres nerveux a donc un rôle déterminé, des fonctions propres, des propriétés distinctes et

spécifiques.

Ce rôle, ces fonctions, ces propriétés maintenant connus, tout le monde voit la facilité

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Voyez plus haut pages 168 et suivantes.

qu'aura désormais la pathologie à conclure l'altération des parties de l'altération des propriétés, et réciproquement la lésion des propriétés de la lésion des parties: double détermination qui constitue le but et le complément de toute pathologie.

13° Je n'ajoute plus qu'une réflexion. Pour obtenir les résultats que l'on vient de voir, il m'a fallu isoler, avec le plus grand soin, les divers organes cérébraux les uns des autres; découvrir en entier ces organes, afin de suivre et de guider l'instrument par l'œil; ne les enlever que par couches régulières et ménagées, afin de ne dépasser jamais les limites qui les joignent ou les séparent. (Voyez plus haut le rapport de M. Cuvier, p. 71) Toutes ces précautions étaient indispensables pour les obtenir avant de les connaître; aujourd'hui même qu'on les connaît, le défaut d'une seule suffirait pour empêcher de les reproduire. On peut donc avertir ici M. Rolando, qu'en opérant, comme il a toujours opéré, c'est-à-dire sans isoler, sans découvrir, sans voir, sans savoir ni jusqu'où il va, ni où il s'arrête, il ne les reproduira sûrement jamais.

14° M. Rolando n'a donc jamais observé que des phénomènes complexes; il n'en a jamais déduit que des conséquences vagues ou contra

dictoires; il s'est constamment borné à répéter les expériences de Haller, de Lorry, de Zinn. Tous mes efforts, au contraire, ont tendu au perfectionnement de la méthode expérimentale, dans le but d'arriver enfin à des résultats précis. Les physiologistes décideront si j'ai réussi.

ANALYSE DU MÉMOIRE

INTITULÉ

DÉTERMINATION DES PROPRIÉTÉS DU SYSTÈME NERVEUX, ET DU RÔLE

QUE JOUENT LES DIVERSES PARTIES DE CE SYSTÈME DANS LES

MOUVEMENS DITS

HENSION I.

VOLONTAIRES OU DE LOCOMOTION

ET DE PRÉ

(Extrait des Annales de physique et de chimie; septembre 1822.)

Ce Mémoire se compose de deux parties: la première a pour objet la détermination des propriétés du système nerveux; la seconde, la détermination du rôle que jouent les diverses parties de ce système dans les mouvemens volontaires.

PREMIÈRE PARTIE.

Détermination des propriétés du système nerveux.

S. Ier.

On sait que le système nerveux est tout à la fois l'origine des sensations et des mouvemens. Mais est-ce par une propriété unique ou par deux propriétés différentes qu'il détermine deux phé

nomènes aussi distincts? Cette question, presque aussi ancienne que la science, n'a jamais été résolue d'une manière définitive.

L'opinion la plus générale a toujours été que le système nerveux n'est doué que d'une propriété unique, en vertu de laquelle il détermine également et les sensations et les mouvemens. Néanmoins, et à diverses reprises, quelques physiologistes ont soutenu l'opinion contraire savoir, qu'il y a deux propriétés distinctes, l'une pour les mouvemens, l'autre pour les sensations. Mais, quand on leur a demandé si ces deux propriétés résidaient dans les mêmes parties ou dans des parties différentes, nul n'a répondu par des expériences directes; et ainsi cette opinion, tour à tour abandonnée ou reproduite dans la science, n'a jamais été ni complètement établie, ni complètement réfutée.

Pour concevoir les motifs de cette longue indécision, on n'a qu'à réfléchir au peu d'expériences suivies qu'on a jusqu'ici tentées sur le système nerveux. Les premières, en date comme en importance, remontent incontestablement à Haller et à ses disciples; et, pendant près d'un siècle et demi, on n'a fait que les répéter, ou que raisonner sur elles. Il faut excepter toutefois les expériences vraiment neuves de Lorry et de Le

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