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savoir s'il n'existerait pas des substances qui pussent amener un effet contraire, c'est-à-dire le dégorgement des parties affectées; et, cet effet supposé, quelles applications nombreuses pourraient en être faites à l'art de guérir. Dès que ces recherches m'auront conduit à quelques résultats positifs et déterminés, je m'empresserai de les soumettre à l'Académie.

NOTA.

Les principaux résultats du Mémoire qu'on vient de lire avaient été communiqués, dans les termes suivans, à l'Académie, dans sa séance du 5 novembre 1823.

1° Il y a des substances qui, à une dose déterminée, agissent constamment et exclusivement sur des parties déterminées du cerveau.

Ainsi, certaines substances, introduites dans l'estomac, ou injectées dans les veines, n'agissent que sur les lobes cérébraux; d'autres, que sur le cervelet; d'autres, que sur les tubercules quadrijumeaux; d'autres, enfin, que sur les moelles épinière et alongée.

2o Les résultats physiques déterminés par l'action d'une substance donnée sur une partie donnée sont absolument les mêmes que ceux des lésions mécaniques de cette partie, décrits dans mes précédens Mémoires.

Quand la substance employée, par exemple, est l'une de celles qui affectent exclusivement les lobes cérébraux, il n'y a d'altéré que les fonctions que j'ai attribuées à ces lobes. Quand

c'est une de celles qui n'affectent que le cervelet, il n'y a que les fonctions que j'ai attribuées au cervelet de perdues; et ainsi du reste.

3o Que je donne, par exemple, à un animal une dose déterminée d'une certaine substance que j'indiquerai dans mon Mémoire, et les mouvemens coordonnés seuls seront perdus, toutes les sensations, toutes les facultés intellectuelles subsisteront. A l'ouverture du crâne, je ne trouverai que le cervelet d'altéré.

Que je donne une autre substance, au contraire, les mouvemens subsisteront réguliers et coordonnés, mais toutes les sensations, toutes les facultés intellectuelles seront perdues. Je ne trouverai, à l'ouverture du crâne, que les lobes cérébraux d'altérés.

Que je donne, enfin, une troisième substance, la vue seule sera perdue, toutes les autres sensations, toutes les facultés intellectuelles, tous les mouvemens, persisteront. Le crâne ouvert, l'altération se trouvera confinée aux seuls tubercules quadrijumeaux.

4° Il existe une telle conformité entre l'altération spécifique déterminée par la substance et l'altération mécanique déterminée par l'instrument, que le degré de l'une de ces altérations correspond constamment au degré de l'autre :

une légère dose à une lésion légère, une dose plus forte à une lésion plus grave, et ainsi de suite.

5° L'action spécifique, c'est-à-dire exclusive, de chaque substance sur chaque organe laisse toujours, après la mort, des traces qui peuvent servir à faire distinguer l'organe affecté des autres.

6° L'altération de l'organe par l'action de la substance se manifeste d'une manière si prononcée, qu'on peut en suivre à l'œil et la formation et le développement: il suffit pour cela d'avoir mis préalablement à nu les parties sur lesquelles on expérimente; il est même des cas où cette dénudation immédiate n'est pas nécessaire, il suffit que les os du crâne aient été mis à nu.

C'est une chose bien curieuse de voir la fonction, à mesure que l'organe s'altère ou se modifie, se modifier ou s'altérer dans une proportion si rigoureusement parallèle, qu'on peut toujours, à coup sûr, juger du degré de l'altération de l'organe par celui de la fonction, et réciproquement de celui de la fonction par celui de l'organe.

7° Enfin, la spécialité d'action, ou, si l'on peut ainsi dire, l'affinité élective de chaque substance pour chaque partie est telle que jamais il ne survient la moindre déviation; que jamais une

partie n'est affectée pour une autre; que les mêmes parties sont toujours invariablement affectées par les mêmes substances.

8° Je dois faire observer, en finissant, que les expériences desquelles dérivent ces résultats n'ont pour objet que de faire mieux ressortir encore, par un nouveau genre d'épreuves, la spécialité d'action des diverses parties du cerveau, établie par mes précédens Mémoires, et qu'il n'y est nullement question, par conséquent, des recherches qu'on a faites, à diverses époques, pour établir ou manifester l'antagonisme qui pouvait se trouver entre le cerveau proprement dit et les moelles épinière ou alongée, entre les nerfs du mouvement et ceux du sentiment, entre le cerveau et les nerfs, les nerfs et les muscles, etc.

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