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3° Que le mot de paralysie, appliqué à la destruction des parties qui veulent ou coordonnent le mouvement, signifie simplement faiblesse ; et qu'appliqué à la destruction des parties qui l'excitent ou le produisent, il signifie abolition totale;

4° Que l'influence de chaque partie du système nerveux sur la vie générale tient particulièrement à l'ordre de mouvemens (de conservation ou de locomotion) qui dérive d'elle;

5° Enfin, qu'il y a, dans le système nerveux, un point placé entre les parties du sentiment et celles du mouvement, à peu près comme le collet des végétaux l'est entre la tige et la racine; point auquel doivent arriver les impressions pour être perçues; duquel doivent partir les ordres de la volonté pour être exécutés ; auquel il suffit que les parties soient attachées pour vivre ; dont il suffit qu'elles soient détachées pour mourir : point qui, conséquemment, constitue le foyer central, le lien commun, et, comme M. de Lamarck l'a si heureusement dit du collet chez les végétaux, le nœud vital de ce système.

RECHERCHES PHYSIQUES

TOUCHANT L'ACTION DÉTERMINÉE, OU SPÉCIFIQUE, DE CERTAINES SUBSTANCES SUR CERTAINES PARTIES DU CERVEAU '.

S. Ier.

1. On sait, depuis long-tems, que certaines substances, bien qu'introduites dans les voies digestives ou circulatoires, n'en exercent pas moins une action très énergique sur le cerveau.

Mais jusqu'ici on n'a considéré cette action que sur le cerveau pris collectivement et en masse ; mais jusqu'ici personne ne s'est même douté, je crois, qu'il y eût des substances susceptibles de n'agir que sur telle ou telle partie du cerveau, à l'exclusion des autres; de n'altérer conséquemment que les fonctions de telle ou telle de ces parties; de localiser enfin, par un procédé qu'on

1 Mémoire lu à l'Académie royale des sciences de l'Institut, dans sa séance du 24 novembre 1823.

pourrait appeler chimique, et ces partiès et ces fonctions, d'une manière tout aussi précise, tout aussi rigoureuse, que par les lésions mécaniques employées dans mes précédens travaux.

2. D'un autre côté, on sait depuis long-tems aussi, que les diverses substances dont l'action se porte sur le cerveau n'en déterminent pas moins toutes, bien qu'elles agissent toutes sur le même organe, toujours considéré en masse, des phénomènes essentiellement divers.

Les unes produisent la stupeur, la perte des sens, le trouble de l'intelligence: d'autres, l'ivresse, la perte de l'équilibre, le désordre des mouvemens; quelques unes, des convulsions.

Mais personne aussi n'a même seulement soupçonné, je crois, que cette étonnante diversité, cette merveilleuse spécialité d'effets tînt précisément à l'action spéciale des diverses substances sur les diverses parties du cerveau ; ou, si l'on peut ainsi dire, à l'affinité élective de chacune de ces substances pour chacune de ces parties.

3. Les expériences dont je vais rendre compte à l'Académie ont donc deux principaux objets : l'un, de confirmer, par un nouveau genre d'épreuves, la spécialité de fonction des diverses parties du cerveau, établie dans mes précédens Mé

moires; l'autre, de montrer que la diversité d'action des diverses substances qui agissent sur le cerveau tient précisément à ce que chacune de ces substances agit spécialement sur une partie diverse de cet organe.

4. Ces expériences ont toutes été répétées sur une infinité d'espèces d'animaux différens, des poules, des pigeons, des canards, des cochonsd'Inde, des lapins, etc., etc.

Mais, c'est principalement sur les petits oiseaux qu'on peut en suivre le développement jusque dans les circonstances les plus délicates, jusque dans les plus petits détails.

Le peu d'épaisseur des parois craniennes n'y interpose qu'un voile à peu près transparent entre l'observateur et les phénomènes.

La rapidité avec laquelle les substances agissent sur d'aussi petits animaux permet de multiplier, presque instantanément, les expériences; de les répéter; de les varier de mille manières.

On éprouve incomparablement moins de difficultés, enfin, à évaluer la dose convenable, soit au volume de l'animal, soit au genre d'action de telle ou telle partie cérébrale donnée.

5. Il y a, en effet, deux ordres de tâtonnemens relatifs à l'évaluation des doses. L'un se rapporte au volume de l'animal; l'autre, à la

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partie du cerveau sur laquelle on expérimente: car, comme on le verra bientôt, certaines proportions dépassées, une substance ne borne plus son action à une seule partie; elle l'étend aux

autres.

6. Indépendamment, en outre, de la dose précise à saisir pour chaque animal et pour chaque partie, il y a, quand cette dose se trouve dépassée, un moment à saisir pour démêler, dans l'observation, le phénomène principal des phénomènes secondaires qui alors se joignent bientôt à lui.

L'affinité de chaque substance pour chaque partie est effectivement telle que, lorsqu'une dose trop forte en étend l'action aux parties voisines, c'est toujours néanmoins sur sa partie de prédilection que chaque substance agit primitivement et prédominamment.

7. Or on a vu, par mes précédentes expériences, que l'ablation des lobes cérébraux se borne à produire la stupeur et la perte des sens et de l'intelligence, sans troubler, en aucune manière, ni la régularité, ni l'ordonnance des mouvemens.

L'ablation du cervelet, au contraire, qui abolit l'équilibre des mouvemens, laisse l'animal éveillé, et ne trouble ni ses sens, ni son intelligence.

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