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essentiellement distinctes et séparées. On nomme communément la première, sensibilité je propose de nommer la seconde, excitabilité.

S. IV.

:

Expériences relatives aux limites de l'excitabilité.

1. J'ai découvert, sur un jeune chien, la moelle épinière, dans toute son étendue, depuis le sacrum jusqu'au crâne. Puis j'ai irrité, successivement, tous les points de cette moelle ainsi dénudée, à partir de l'extrémité caudale ; et j'ai provoqué, par tous les points, des phénomènes de contraction musculaire.

J'ai aussitôt ouvert le crâne, j'ai continué mes irritations sur la masse cérébrale, et j'ai bientôt rencontré un point où les phénomènes de contraction musculaire ont cessé.

2. Ensuite, et comme pour contre-épreuve, j'ai commencé, sur un autre chien, par ouvrir le crâne; j'ai irrité d'abord impunément tous les points des centres nerveux antérieurs : l'excitabilité (c'est-à-dire l'effet sur la contraction musculaire) n'a reparu qu'au point où, dans l'expérience précédente, elle avait cessé.

3. J'ai mis à nu, dans le même tems à peu près, toute la région dorsale de la moelle épinière

sur un pigeon, toute la région cervicale sur une grenouille, toute la région lombaire sur un lapin. Partout, dans toute l'étendue de ces régions, sur tous ces animaux, les piqûres ou les pressions ont été suivies de convulsions.

4. J'ai découvert la masse cérébrale sur trois autres individus de ces trois espèces. J'ai constamment trouvé, chez tous, un point où l'excitabilité a cessé; et, chez tous, ce point a été le même.

A partir de ce point, la moindre irritation provoquait des convulsions: de l'autre côté de ce point, j'avais beau dilacérer, piquer, brûler; nulle contraction n'avait lieu.

5. Il y a donc un point, dans le système nerveux, où finissent les phénomènes d'excitabilité, et il y en a un où ils commencent. L'excitabilité, c'est-à-dire la propriété de provoquer immédiatement des contractions musculaires, n'appartient donc pas à tout ce système.

S. V.

Expériences relatives à la détermination des propriétés des
diverses parties de la masse cérébrale.

1. J'enlevai, sur un petit lapin, les deux os frontaux: l'animal perdit peu de sang, et il al

lait tout aussi bien après l'opération qu'avant.

Je fendis la dure-mère des deux côtés, en ménageant le plus possible les vaisseaux sanguins que je voyais ramper sur elle; je fendis également l'arachnoïde, je les écartai toutes deux ; je piquai ensuite les hémisphères cérébraux dans toute leur étendue, sans produire nulle part le moindre signe d'effet sur la contraction musculaire.

2. J'enlevai ces hémisphères, par couches successives, sur un pigeon : l'animal resta impassible.

3. Je découvris le cervelet sur un autre pigeon; je le perçai de part en part, et dans tous les sens, avec une aiguille; je le coupai par tranches successives : l'animal ne bougea pas.

Je passai aux hémisphères cérébraux ; il ne bougea pas davantage. Je piquai les tubercules quadrijumeaux: il y eut un commencement de tremblement et de convulsions; et ce tremblement et ces convulsions s'accrurent d'autant plus que je pénétrai plus avant dans la moelle alongée.

4. J'ai répété un nombre infini de fois cette expérience le résultat a toujours été le même.

:

5. J'enlevai toute la paroi crânienne du côté gauche, sur un jeune chien: je piquai, je dé

chiquetai les lobes cérébraux et le cervelet de ce côté : l'animal n'en fut ni troublé ni agité.

6. Je piquai, sur un chien beaucoup plus âgé, les tubercules quadrijumeaux: de faibles convulsions parurent. Je piquai la moelle alongée : il en survint de violentes.

7. Je piquai d'abord, dans tous les sens, et j'enlevai ensuite en totalité, par tranches successives, sur un lapin, les corps striés et les couches optiques: nulle agitation n'accompagna cette double épreuve.

On a prétendu que la pression des couches optiques abolit la contraction des iris on l'a prétendu aussi de la pression des corps striés. La paralysie des iris n'a lieu, dans ces cas, que parceque les nerfs optiques, placés au-dessous de ces parties, sont comprimés avec elles.

8. Je piquai, dans tous les sens et sur tous les points, les corps striés et les couches optiques d'un cochon-d'inde : l'iris de ses yeux demeura immobile. Je piquai les tubercules quadrijumeaux, et il y eut sur-le-champ des contractions manifestes des deux iris.

9. J'enlevai tous les hémisphères cérébraux, y compris les couches optiques, sur un pigeon: l'iris conservait toute sa contractilité. Je n'avais qu'à piquer, ou les nerfs optiques, ou les

tubercules quadrijumeaux, pour y décider des contractions vives et prolongées.

10. J'ai répété cette expérience sur plusieurs autres pigeons : le résultat a été le même.

11. Ainsi, 1o les hémisphères cérébraux ne sont point susceptibles d'exciter immédiatement des contractions musculaires.

Haller et Zinn' l'avaient déjà reconnu pour les parties supérieures; Lorry' pour le corps calleux je l'ai vérifié pour tout l'ensemble des hémisphères, les corps striés et les couches optiques.

C'est à tort qu'on a attribué la paralysie des iris à la lésion de ces dernières parties. On peut les couper, ou les piquer sur tous les points, sans abolir comme sans provoquer la contractilité des iris 3.

1 Mémoires sur la nature sensible et irritable des parties du corps animal: Lausanne, 1756. t. I-II.

2 Acad. des sciences, Mém. des savans étrangers, t. III. 3 Il y a un fait concordant d'anatomie comparée fort remarquable. Les reptiles manquent de corps striés ; les poissons de couches optiques; mais nul d'eux ne manque de tubercules quadrijumeaux, et conséquemment de vision.

On sait, en outre, que le volume des tubercules quadrijumeaux est, dans toutes les espèces, en raison directe du volume des nerfs optiques et des yeux.

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