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On a vu des paralysies distinctes du sentiment et du mouvement, des paralysies locales, des paralysies bornées à un seul côté ou à une seule région du corps ; on en a vu de situées du même côté, et d'autres du côté opposé à la lésion; on a vu produire enfin, comme à volonté, des paralysies jointes à la stupeur, ou à la perte d'équilibre, ou à la convulsion.

6. L'expérience reproduit donc tout ce que donne l'observation; et ce que ne donne pas toujours l'observation, c'est-à-dire la cause ou le siége interne des phénomènes externes, l'expérience le donne.

Tant de belles observations recueillies par tant de savans médecins, depuis Hippocrate jusqu'à nous, peuvent donc être regardées comme des expériences dès long-tems indiquées à la physiologie.

7. En tout genre, l'observation précède l'expérience, et la raison en est simple : c'est que l'observation est une expérience toute faite.

Mais, presqu'en tout genre, l'observation est insuffisante: elle est trop compliquée pour être comprise, trop , trop détachée pour être suivie, trop bornée pour être féconde.

L'expérience décompose l'observation, et en la décomposant, la débrouille; elle joint les faits

isolés par des faits intermédiaires, et en les joignant les complète; et en les complétant les explique. En un mot, l'observation avait commencé, l'expérience achève.

8. Dans l'étude des phénomènes naturels, il y a donc un tems pour l'observation, et il y en a un pour l'expérience.

On ne cherche d'abord qu'à constater les circonstances évidentes de ces phénomènes ; l'observation suffit: on veut en pénétrer ensuite et la constitution intime et les ressorts cachés ; c'est le tour de l'expérience.

RECHERCHES

SUR L'ACTION DU SYSTÈME NERVEUX DANS LES MOUVEMENS DITS INVOLONTAIRES, OU, DE CONSERVATION '.

S. Ier.

1. J'ai tâché, dans un premier travail que j'ai eu l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie, de déterminer avec précision et les diverses propriétés des diverses parties nerveuses, et les divers rôles que ces parties jouent, soit dans les phénomènes de la pensée et des sensations, soit dans les mouvemens volontaires.

2. On a vu d'abord qu'il y a deux propriétés essentiellement distinctes dans le système nerveux; la première, d'exciter les contractions musculaires; la seconde, de percevoir les impressions; que ces deux propriétés diffèrent de siége comme d'effet; et qu'il y a une limite précise entre

' Mémoire lu à l'Académie royale des sciences de l'Institut, dans ses séances des 27 octobre et 10 novembre 1823.

les organes de l'une et les organes de l'autre. 3. En second lieu, la délimitation du rôle que jouent les diverses parties nerveuses qui concourent à un mouvement volontaire a montré que les nerfs n'y sont proprement que pour l'excitation des contractions musculaires; la moelle épinière, pour la liaison de ces contractions en mouvemens d'ensemble; le cervelet, pour la coordination de ces mouvemens en mouvemens déterminés, saut, vol, marche, course, station, préhension, etc.; et les lobes cérébraux, pour la volition de ces mouvemens.

4. On a vu ensuite que le principe primordial du jeu de l'iris et de l'action de la rétine dérive des tubercules quadrijumeaux.

5. Et il a été démontré enfin que le principe des sensations, des perceptions et des volitions réside exclusivement dans les lobes cérébraux ; comme la coordination des mouvemens volontaires, dans le cervelet.

6. La masse cérébrale se compose donc jusqu'ici, et sans compter la moelle alongée proprement dite, de trois organes essentiellement distincts savoir, les tubercules quadrijumeaux, les lobes cérébraux, et le cervelet; et chacun de ces trois organes a des fonctions non moins distinctes que spécifiques.

7. Il y a un centre primordial du jeu de l'iris et de l'action de la rétine, et il réside dans les tubercules quadrijumeaux ; il y a un centre des perceptions et des volitions, et il réside dans les lobes cérébraux ; il y a enfin un centre coordonnateur des mouvemens volontaires, et son siége est le cervelet.

8. Ces divers points établis, il ne restait plus qu'à déterminer si les mouvemens dits involontaires, les seuls dont nous n'eussions pas encore parlé, n'avaient pas aussi quelque pareil centre d'action ou de coordination; et ce centre supposé, quel en pouvait être le siége.

Tel a été l'objet des expériences suivantes.

§. II.

1. Je retranchai, sur un jeune et vigoureux lapin, d'abord les lobes cérébraux, et l'animal perdit aussitôt toute faculté de vouloir et de percevoir; puis le cervelet, et il perdit toute faculté de se mouvoir avec ordre et régularité; enfin les tubercules quadrijumeaux, et ses iris, jusque là contractiles et mobiles, perdirent bientôt tout ressort et tout mouvement.

Malgré ces diverses mutilations, l'animal vivait et respirait bien.

Ce fut alors que je commençai à retrancher,

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