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creat wealth, and wealth creates wants (Le mot want est pris ici dans deux sens un peu différents).

2. Chaque nation est intéressée dans la production de toutes les autres nations, et toutes souffrent des obstacles élevés à la production de l'une d'elles.

3. Cet intérêt mutuel existe, même lorsque ces nations n'ont aucun rapport entre elles.

4. La distribution du travail, ou des productions par pays rend les produits beaucoup plus abondants, et lorsqu'une nation crée un nouveau produit, toutes les autres en profitent.

5. « Le commerce harmonise toutes les différences de l'industrie du monde ».

L'auteur cite aussi le mot de sir James Mackintosh : « Une nation commerciale a le même intérêt à la prospérité de ses voisins, qu'un marchand à la prospérité de ses clients. >>

Nous ne citerons, parmi les auteurs allemands, que les plus récents et surtout ceux qui nous offrent un point de vue particulier. M. W. Roscher part de la division du travail, dont le commerce est le complément. Il définit le marché (1) d'une manière un peu vague par la scène (Spielraum, les limites entre lesquelles) où a lieu l'échange des biens; les marchandises: par les biens destinés à être échangés; la circulation, par le passage des marchandises d'une main dans une autre, et il insiste sur l'importance de la rapidité de la circulation. Il fait dépendre cette rapidité de la quantité des marchandises disponibles et de l'intensité de la division du travail, ainsi que de la nature de la marchandise et du degré de liberté dont on jouit, sans oublier la proximité des débouchés. M. Roscher s'occupe aussi (Traité, 18 éd., p. 568 et suiv. et Ansichten der Volkw.), beaucoup des crises, mais ses livres étant très répandus, nous nous bornons à y renvoyer.

M. Carl Menger, Grundsätze der Volkswirthschaftslehre (Vienne, 1872) insiste, p. 227 et suiv., sur l'importance d'une définition exacte du mot marchandise, étude inutile en France, le mot « marchandise » renfermant sa définition en lui-même, il désigne des objets qui sont chez le marchand, par conséquent, qui sont destinés à être vendus, et qui cessent d'être des mar

(1) Sur le marché, on trouvera un intéressant travail dans le tome Ier des Œuvres de Prince-Smith (Berlin, Herbig, 1877); le tome II renferme un chapitre sur les guerres de tarif.

chandises quand ils sont arrivés chez le consommateur. Pour ce dernier ce sont « des objets d'usage », des objets de consommation. Après cette définition, M. C. Menger cherche à indiquer les limites des débouchés, ou plutôt (pour mieux rendre le mot Absatzfähigkeit) les facilités plus ou moins grandes de vente, de débit, littéralement, de vendabilité. Il énumère ainsi ces limites :

I. Par rapport aux personnes. Le marchand n'a aucune probabilité de vendre : 1o à ceux qui n'ont pas besoin de ses marchandises; 2° à ceux qu'une loi ou un usage interdit de les acheter; 3° à ceux qui ignorent l'existence des marchandises à vendre (de là les annonces); 4° à ceux qui les trouvent trop chères.

II. Par rapport à l'espace ou au territoire: 1° il faut qu'il y ait des moyens de transport, et qu'aucune loi n'en prohibe l'introduction; 2° que les frais de transport ne dépassent pas les bénéfices possibles. Les limites diffèrent beaucoup d'une marchandise à l'autre.

III. Par rapport à leur quantité. Il n'y a pas autant de consommateurs pour une grammaire arabe que pour un kilogramme de café, pas autant pour un canon que pour un fusil, pour du velours que pour du drap commun. Il paraît superflu d'en développer les raisons.

IV. Par rapport au temps. Il est des objets dont on n'a besoin que dans certaines saisons, il en est d'autres qui ne se conservent pas.

M. Menger développe tous ces points et examine les diverses circonstances qui les modifient, aggravent ou atténuent.

L'un des auteurs qui ont traité avec le plus de succès la théorie économique du commerce, c'est M. W. Lexis, dans le travail qu'il a fourni au Handbuch de M. Schönberg (t. II, p. 663 à 790); nous en signalerons quelques passages en les résumant (p. 713). Le service que le commerce rend à l'industrie, en facilitant la vente de ses produits, est dû surtout à la collaboration de ses capitaux, qui complètent ceux de l'entrepreneur de la production. Il peut sans doute parfois être avantageux au fabricant de se mettre en rapport direct avec le consommateur et de se passer du commerce, mais le plus souvent la collaboration des deux sortes d'entreprises c'est-àdire la division du travail

sera utile, car dans le premier

cas, le fabricant devra avoir recours à des agents salariés qui seraient chargés des placements, et dans le second, le négociant ou marchand qui s'est fourni chez le fabricant, vendant directement au public, sera mû par son intérêt particulier et travaillera avec plus d'ardeur, de suite et d'intelligence, et naturellement aussi de succès. Sous ce régime le fabricant aura généralement moins de préoccupation et moins de risque.

Nous trouvons, p. 726, quelques arguments en faveur des grands magasins de détail, surtout pour les vêtements, le linge, la quincaillerie, les ustensiles de ménage, meubles, etc. Il est des magasins qui travaillent avec un capital de 10 à 15 millions de marks (1 fr. 25) et qui ont un mouvement d'affaires de 40 à 50 millions par an. Pour qu'une pareille entreprise gagne et conserve l'immense clientèle dont elle a besoin pour exister, elle est forcée de livrer à des prix modérés des marchandises relativement bonnes, et il lui est plus facile de le faire qu'à une entreprise plus petite. Les grandes affaires ont des frais généraux relativement moins élevés (?) pour le loyer, l'aménagement, le chauffage, l'éclairage; par suite de l'af fluence des acheteurs, le travail des employés est plus complètement utilisé, la circulation des marchandises est plus rapide, il y a moins de perte par suite des changements de la mode; faisant de très grosses commandes, on achète à plus bas prix; enfin on peut dire last not least on ne vend qu'au

comptant.

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L'auteur étudie ensuite la question de la spéculation (p. 727 et suiv.). Il montre très bien comment la spéculation sérieuse. cherche à prévoir l'avenir et à prendre des mesures, soit pour prévenir une disette, soit pour remédier à l'avilissement des prix causé par une production surabondante, et il ne voit aucun mal à ce que le spéculateur ait surtout en vue son intérêt personnel, car cet intérêt personnel profite à l'intérêt général. On a beaucoup écrit sur la spéculation; nous nous bornons donc à indiquer ici quelques travaux intéressants, mais peu connus en France. G. Cohn, Zeitschrift du bureau de statistique, année 1868, continué dans les Jahrbücher que dirige actuellement M. Conrad (année XVI); Michaelis, Volkwirthschaftliche Schriften, t. II, Börse (Berlin, Herbig, 1873, A.-C. Stevens « Futures » in the wheat Market dans le Quarterly Journal of economics (oct. 1887, Boston, G.-H. Ellis). De même un

article de M. Weinstein dans la Nation, dirigée par M. Barth (n° 10, 1887-88).

M. Ciccone, dans ses Principj di economia politica (vol. II, Naples, Jovene et C, 1882-1883, 3e édit.), dit de bonnes choses sur le commerce, mais nous ne voyons pas pourquoi il insiste sur cette erreur que l'échange a lieu entre valeurs égales (p. 3 et p. 296); pourquoi alors opérer l'échange? M. Ciccone n'aurait raison que si la valeur était une chose intrinsèque; alors on troquerait la valeur x forme A contre la valeur x forme B, comme on pourrait donner une pièce de 5 francs contre cinq pièces de 1 franc. Mais le commerce ne fait pas de ces affaires-là, M. Ciccone le sait très bien, et s'il allait chez un changeur, une pièce de 5 francs à la main, il ne s'étonnerait pas si le changeur lui demandait 5 centimes pour sa peine. La valeur n'est pas intrinsèque, elle est relative et dépend en grande partie de l'appréciation de ceux qui consentent à un échange. Je vous donne ma vache pour votre cheval, et vous donnez votre cheval pour ma vache, parce que pour vous la vache a une plus grande valeur, comme pour moi le cheval; en réalité chacun a gagné, parce qu'il a obtenu ce qu'il préférait.

CHAPITRE XXII

LA MONNAIE

La division du travail, et le commerce qui en est le complément, pour se développer et produire tous leurs effets, avaient besoin d'un instrument qui facilitât les échanges. La difficulté à résoudre, à l'époque des trocs en nature, consistait à faire coïncider les propositions correspondantes d'échange, à appareiller les offres et les demandes. Si Pierre a un excédent de blé qu'il désire troquer contre du vin, il faut, pour être satisfait, qu'il rencontre justement une personne qui ait trop de vin et pas assez de blé. Pour que l'échange s'opère, il ne suffit même pas que les offres naturelles correspondent aux besoins à satisfaire, il faut encore que les quantités se présentent dans la proportion voulue. Le blé et le vin étant des objets divisibles, les quantités respectives peuvent s'ajuster. Mais il arrivera souvent que, sous le régime du troc, les deux parties, même en possédant les choses désirées de part et d'autre, ne puissent s'entendre, faute de pouvoir proportionner les valeurs, car personne ne donnera un boeuf ou un cheval pour un mouton (on exigerait plusieurs moutons, etc.). On trouva le moyen de résoudre cette difficulté en adoptant. une marchandise universelle; ce fut un objet très recherché, d'un facile placement, et qui devint l'intermédiaire des échanges. Selon les pays, on prit des peaux, du sel, du bétail, des clous, du blé, ou autre chose. Alors A... pou

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