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les fautes de dessin, les incorrections des extrémités, la mollesse du coloris, qui, presque toujours, se font remar quer dans les travaux de la dernière époque de sa vie, si bien qu'ils semblent sortir d'un autre pinceau.

Le chemin direct de Bologne à Ferrare est une grande et belle route faite par le dernier gouvernement, à côté de l'ancienne. Elle est bien entretenue, et passe à travers des plaines unies et peu pittoresques. A une petite distance de la poste de Malalbergo, la nécessité de passer le Reno sur radeau est le premier des nombreux désagrémens qu'on éprouve entre Ferrare et Venise, parce que le pays est tout-à-fait plat, et que les Alpes y versent une énorme quantité d'eaux qui se rendent par cette route dans la mer Adriatique.

Ferrare, la cité « ben aventurosa >> de la muse adulatrice de l'Arioste, étend sa vaste solitude au milieu de ces plaines insignifiantes, dont la nudité en fait un site bien approprié à cet ancien siége de domination féodale, et à ses fortifications encore formidables, qui sont maintenant dans les mains des troupes autrichiennes. Le premier aspect de Ferrare, en approchant de la Piazza-Nuova, Place nouvelle, est extrêmement imposant: ces rues longues et larges, silencieu

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la scène où l'on jouait les drames du Tasse, de l'Arioste et du Guarini. C'est là que Lucrèce Borgia tenait ses académies savantes, et que la nouvelle convertie, Rénée de France, assemblait ses conciles disputeurs, en dépit de son époux orthodoxe. A chaque pas que je faisais dans ces corridors humides dont l'histoire résume toute celle de Ferrare, il me semblait voir flotter devant moi les images de l'Arioste, du Tasse, d'Éléonore et de Lucrèce, des Alphonse et des Hippolyte. Pouvais-je quitter Ferrare sans visiter l'habitation "du chantre de Roland et de nos preux? Je saluai ces murs d'où son génie s'élevait aux plus hautes régions de l'imaginative et, tel que son hippocriffe, parcourait tous les mondes. De l'humble et précieuse demeure de l'Arioste, mes pas se dirigent naturellement vers l'hôpital Saint-Anne et sa cellule consacrée. L'hôpital, sacrée. L'hôpital, quoique rebâti en partie, présente aujourd'hui à peu près le même aspect qu'il pouvait offrir quand le Tasse y fut renfermé en 1579. C'est un édifice vaste et sombre : les salles principales, toujours dévouées aux infirmités morales et physiques, se déployèrent à mes yeux quand je passai devant elles dans un étroit corridor, pour arriver à la rampe qui mène à la petite cour à murailles hautes et noires, où se trouve la cellule dite du Tasse (Pl. 207). Le guide ouvrit les doubles portes, autrefois puissantes, maintenant vermoulues et ruinées, et me montra un réduit humide, éclairé par une petite fenêtre grillée, long de neuf pas, large de cinq à six, et d'environ sept pieds de hauteur. « C'est là, me dit-il, que le Tasse demeura pendant sept années..... » Malgré l'autorité du conducteur, malgré celles, plus recommandables d'ailleurs, de lord Byron, de Casimir Delavigne

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