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« On reproche à Montaigne ses obscénités. On a fait le même reproche à « Bayle, a beaucoup d'autres philoso«phes Sans vouloir justifier une licence dont les bonnes mœurs peuvent être « blessées, faut-il s'étonner si, en raisonnant hardiment sur les vices et les « penchans de la nature humaine, ils ont & cu pouvoir se permettre les détails les « plus délicats sur une passion qui a tant & d'influence sur l'économie de notre « être, qui forme et modifie continuelle « ment la société, qui en est enfin le principe le plus actif et le plus puis

sant ?

«Balzac et Mallebranche se sont pleints de ce que Montaigne parlait sans cesse « de lui-même : ils n'ont donc pas senti « qu'en nous approchant de lui, il nous & rapprochait de nous-mêmes; qu'en nous « montrant comment il avait étudié ses « propres faiblesses, il nous apprenait à « observer les notres ... La franchise « avec laquelle Montaigne nous entre« tient de tout ce qui le touche, ne con« tribue pas seulement à rendre son livre plus instructif, elle le renal aussi « plus intéressant. Elle lui ôte l'air con«traint, l'air pésant d'un livre, elle lui « communique toutes les graces, tout le « charme d'une conversation vive et fa« milière; et c'est ce qui faisait dire à <« madame de La Fayette qu'il y avait du « plaisir à avoir un voisin comme lui. »

OEuvres de M. Turgot, ministre d'Etat, précédées et accompagnées de mémoires et de notes sur sa vie, son administration et ses ouvrages. 9 vol. in 8°. ornés de son portrait. Firmin Didot.

Article troisièmé et dernier

Dans les deux précédens articles nous avons donné un aperçu rapide d'abord du premier volume où se trouve la vie de M. Turgot rédigée par Dupont de Ne. mours, éditeur de ses OEuvres, puis dès

Donbreuses et intéressantes productions dont se composent les sept volumes qui viennent à la suite du premier. Nous allons, dans un dernier article faire connaître, par une simple nomenclature, les œuvres diverses dont se compose le neuvième et dernier volume. Ces œuvres diverses peuvent se diviser en trois classes. Dans les premiers se rangent les traductions en ve s faites par M. Turgot de plusieurs poésies latin's, anglaises et allemandes niêlées de diverses observations littéraires: dans la seconde, des morceaux de critique et de littérature dans la troisième, des lettres et des mé moires relatifs à différens points d'économie politique et d'administration. Nous y joindrons quelques observations.

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Traductions en vers. Avis sur la traduction en vers des Géorgiques de Virgile.. De plusieurs morceaux des Géorgiques avec le latin en regard. Du premier chart : du second, chant : du qua trième chant. Sur la prosodie de la langue françaisé et de la versification métrique. — Invocation à la Muse d'Honrère, Traduction du quatrième livre de l'Enéïde, en un poëme appelé Didon en trois chants, avec le latin en regard. Chant premier chant second : chant troisième. Traduction de quélque odes' d'Horace, savoir de l'ode dix-deuf du premier livre des odes trois, cinq, Lust et dix dụ deuxième livre. De la première élégie de Tibulle De Newton, de Pope, de l'Essai sur l'homme par cẻ de nier; commencement de la première épître de ce dernier, de la seconde, de la troisième. De la Prière universelle du même, de celle de Cléanthe. — Vers au bas du portrait de Benjamin Franklin.

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Lettre sur les poésies ersas : Connal et Crimera Rym et Alpin. - Préface de la traduction de la Mort d'Abel : tradretion d'Amyntas, de Daphuis; avertissement qui précède la première édition de la traduction des Idylles de Gesner: traduction de l'idylle intitulée Lamet et Zilla de Schmidt.

Morceaur de critique et de littera.

ture. Sur la poésie allemande : avertissement éclaircissement 'sur la versification allemande, et sur la nature de la prose mesurée dans laquelle sont écrits les ouvrages de Gesner: du mécanisme de la versification allemande de la prose mesurée. A madame de Gra-A M. de C... sur le livre de

figuy. PEsprit.

:

Les trente-sept Vérités op posées aux trente-sept Impiétés de Béli

saire.

Commencement de l'histoire du

Jansénisme et du Molinisme.

Lettres et Mémoires relatifs à différens points d'économie politique et d'administration. Premières opéra

tions tendantes à régler les poids et mesures par un étalon physique inaltérable et toujours facile à vérifier. Lettres de M. Turgot à M. Messier, à M. de Sartine, à M. l'intendant de Bordeaux.

Lettres au docteur Josias Tocker: première lettre seconde lettre sur le commerce des grains. Mémoire à M. Franklin, relativement à l'impôt sur le revenu et de l'impôt sur les consominations. Lettre au docteur Price: elle

les lit encore avec plaisir après l'excellente et mémorable traduction de la totalité des Géorgiques et celle du quatrième livre de l'Enéide par M. Delille dont nous avons à regretter vivement la perte toute récente.

Dans ses traductions de plusieurs odes d'Horace, M. Turgot reproduit avec beaucoup de talent dans notre rebelle langue française les différens rithmes du poëte latin.

dans laquelle M. Turgot a fait revivre les La traduction de l'Elégie de Tibulle belles images, les descriptions brillantes les sentimens énergiques ou voluptueux étendu son travail aux autres élégies de de ce poëte, fait regretter qu'il n'ait pas ce poëte dont nous n'avons en prose que des traductions décolorées.

Si les fragmens de traduction de quelques épîtres connues sous le titre d'Essai sur l'Homme de Pope n'atteignait pas à la perfection qu'on admire dans la traduction entière de cet Essai par M. de Fontanes, on y trouve un talent bien supérieur à celui de l'abbé du Resnel dont la traduction de cet Essai fut néanmoins le seul titre qui lui ouvrit les por tes de l'Académie française.

La lettre sur les Poésies erses offre des observations très-profondes sur le caractère des poëtes du Nord; et la traduc tion de deux poëmes écossais est la première qui nous ait fait connaître ce genre intéressant de littérature.

roule principalement sur les constitutions des Etats-Unis d'Amérique. - Mémoire sur la gomme élastique. moire sur le voyage du capitaine Cook. -Supplément au tome IV des OEuvres de M. Turgot. Lettre aux curés pour demander leur correspondance sur les pestes des bestiaux et autres sujets. Autre lettre aux curés pour leur démander leur coopération aux redressement du rôle des tailles. Lettre aux officiers municipaux pour la confection du L'éditeur des OEuvres de M. Turgot rôle des tailles dans les villes. Lettre nous a révélé, dans un avertissement aux curés pour qu'ils concourent à l'a- placé à la tête d'une traduction de deux doucissement de la collecte et à l'établis de Gesner, javec quelle délicasement des receveurs particuliers, tesse ce respectable littérateur déroba Autre lettre aux curés sur divers points au public toute la part qu'il avait eue à P'utilité publique. la traduction du poëme d'Abel du célèbre poëte Helvétien qui eût un si prodigieux succès. Non-seulement il avait rédigé lui seul l'excellent avertissement qui précède ċette traduction; mais dans la traduction même il avait seul tout le mérite de la diction. M. Turgot désira vivement que M. Hubert en recueillit tout l'honneur.

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Relativement aux traductions que M. Turgot a faites de la plus grande partie des Géorgiques de Virgile et du quatrième livre de l'Enéïde sous le titre d'un poëme intitulé Didon, nous croyons en faire suffisamment l'éloge en disant qu'on

(Voyez pour le développement du titre, l'adresse et le prix, le précédent cahier de ce Journal. )

L

La difficulté était d'obtenir de cet homme honnête qu'il y consentit: M. Turgot le lui demanda comme un service, Je suis magistrat, lui dit-il, une occupation de ce genre pourrait me nuire auprès de mes collègues et de mes superieurs permettez que notre traduction de la Mort d'Abel soit imprimée sous votre nom, et adoptez aussi la préface que j'y mettrai. Par cet ingénieux dé- NOUVELLES DES SCIENCES, DES tour il parvint à vaincre les scrupules de M. Hubert.

Dans ses éclaircissemens sur la versification allemande, sur le mécanisme de eelte versification, sur la prose mesurée, sur la prosodi de la langue française et a versification métrique, M. Turgot a développé une profonde connaissance du génie des deux langues, Peut-être a-t-il auguré trop favorablement des ressources que l'idiome français pourrait se procurer pour atteindre à la richesse du rhytme allemand.

On est confondu de trouver chez un homme qui a développé de sì vastes connaissances dans toutes les matières d'économie politique et d'administration des lumières aussi étendues sur la littérature ancienne et sur la littérature anglaise et allemandé.

NECROLOGIE.

Dans la nuit du 30 avril au premier mai, M. de Lille succombant à une dernière attaque d'apoplexie, a terminé, a Fâge de soixante quinze ans,, une carrière qu'il a constamment honorée par les vertus les plus douces et les plus a mables, et qu'il a illustrée presque jusqu'à ses derniers instans par les productions les plus brillantes,

JOURNAUX.

Ce numéro, comme les deux précédens, renferme des morceaux choisis de httérature espagnole, italienne, auglaise

et orientale.

LETTRES ET DES ARTS.

La Société d'encouragement du departement de la Seine a proposé pour cette année ( 1813 ) dix sujets de prix, savoir :

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Pour une machine à tirer la tourbe sous l'eau, 2000 francs. Pour la fabrication, en fonte de fer, de divers ouvrages pour lesquels on emploie ordipairement le cuivre et le fer forgé, 3000 francs. - Pour le cardage et la filature , par mécanique, des déchets de soie, 1500 francs. Pour la filature mécanique, à toute grosseur de fil, de la laine peignée pour chaîne et pour tiamie 2000 francs. Pour un procédé facile et économique de fabriquer des liturges et des mimiums purs, avec le plomb provenant des mines de France, 1000 francs.. Pour le secretage, sans emploi de sel mercuriel, 2000 francs. Pour la purification du miel, 2000 francs. Pour la fabrication des vases de métal revêtus d'un émail économique, 1000 francs. Pour la plantation et la greffe du noyer, 500 francs. - Pour la culture comparée des plantes oléagineuses, 1200 francs.

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Ces prix seront décernés dans le courant du mois de juillet prochain.

Les mémoires doivent être adressés francs de port, avant le premier mai, au secrétaire de la Société, rue du Bae,

Mercure étranger, etc., no. 3. hôtel de Boulogne.

DE LA

LITTÉRATURE DE FRANCE.

QUATRIÈME CAHIER, 1813.

Prix pour douze cahiers 15 francs.

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coltés aux articles

Les doubles prix, séparés par un tiret annoncés dans ce journal, désignent le prix pour Paris, et celui franc de port par la poste, jusqu'aux frontières de la France. Ces prix doivent nécessairement augmenter dans l'étranger, vu les frais alterieurs, en raison de la distance des lieux.

PREMIÈRE CLASSE.

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Dans un premier article, nous avons donné une idée rapide du premier volume de ce grand et bel ouvrage qui ne renfermait en quelque sorte que les préliminaires des recherches, tels que le discours préliminaire, un mémoire sur l'ibis

Journal général, 1813, No. 4..

et la description minéralogique des environs de Paris. L'objet du présent article est de faire connaître, par un simple aperçu, les recherches même que renferme la première partie de l'ouvrage :

elle embrasse les ossemens fossiles de déterrés dans les terrains meubles et quadrupèdes pachydermes et d'éléphans d'alluvions. L'auteur y donne d'abord la description ostéologique et comparative du daman, la description ostéologique seulement du rhinocéros unicorne avec des observations sur les ossemens fossiles du rhinocéros : il passe de là l'hippopotame, à son ostéologie et à ses ossemens fossiles il y fait succéder la description ostéologique du tapir et celle de ses ossemens fossiles. Il traite ensuite éléphans vivans et fossiles. Il fait connaî

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I

tre enfin le grand mastodonte vulgaire ment animal de l'Ohio, et divers mastodontes de moindre taille.

L'auteur a fait précéder ces profondes et intéressantes recherches de remarques préliminaires sur les terrains meubles et d'alluvions, et sur la famille des pachydermes en général : nous allous en extraire les observations suivantes.

Plusieurs raisons, dit l'auteur, l'ont déterminé à choisir les ossemens fossiles de quadrupèdes et d'éléphans déterrés dans les terrains meubles ou d'alluvions pour les objets de ses premières recherches. D'abord les os fossiles en général sont beaucoup plus commuus dans les terrains meubles d'alluvions que dans toutes les autres couches. Ceux de quadrupèdes sont même si rares dans les couches pierreuses régulières, que des géologistes célèbres ont douté qu'ils y

existassent. La nature meuble de ces terrains fait qu'on en retire les plus entiers et les plus reconnaissables D'ailleurs comme ils forment les couches les plus superficielles du globe ce sont eux qu'on fouille le plus souvent; et comme les couches superficielles sont nécessairement aussi les plus récentes, les os qu'elles récèlent sont aussi les plus semblables à ceux des animaux d'aujourd'hui, et par conséquent plus faciles à déterminer,Il y a néan moins encore de grandes distances d'ancienneté entre les couches meubles : les unes qui forment le fond des grandes vallées ou la superficie des grandes plaines, s'étendent à de grandes distances et à de grandes profondeurs, ce sont elles qui font l'objet principal des recherches actuelles de l'auteur : la plupart des os qu'elles recèlent appartiennent évidemment, au moins à des animaux étrangers à nos climats, tels que des éléphans, des rhinocéros, des bufles, etc.... Les autres couches meubles, moins étendues et sur tout plus récentes sont déposées jour nellement par les rivières, soit lors de leurs inondations, soit dans les endroits où leur bord est le plus concave, et sont ce qu'on appelle proprement des alluvions: composées presque uniquement

de sables roulés, elles n'enveloppent que des os d'animaux du pays.

Mais parmi tous les os des couches meubles, l'auteur a encore eu des raisous particulières de commencer par ceux des pachyderines, en y joignant ceux des éléphans: ce sont ces os qu'on a le plus généralement recueillis, parce que la plupart des espèces qui appartiennent à ces familles sont fort grandes, et qu'étant toutes étrangères à nos clonats, si l'on en excepte le cochon, leurs dépouilles ont dû frapper davantage les curieux par leur singularité : ainsi ils ont fourni des matériaux plus abondans que les autres. L'examen ostéologique en était aussi plus aisé, parce que l'ordre des pachydermes ne comprend qu'un petit nombre de geures, que ces genres sont fort dis tincts les uns des autres, et qu'il est par conséquent plus facile d'en reconnaître les parties. Il n'y a pas une de leurs dents, ni de leurs os de la tête ou des extrémités qui ne soit isolément en état de fournir des caractères distinctifs suffisans ; c'est ce que les ruminans, par exemple, ne feraient pas, parce qu'ils sont trop semblables entre eux.

Enfin l'état de la science a donné à l'auteur un dernier ordre de raisons Il avait besoin, pour toute la suite de ses déterminations, et particulièrement pour la démonstration des animaux extraordi. naires de nos pierres à plâtre qui font l'objet de la seconde partie de son ouvrage et qu'il regarde comme ses principales découvertes en ce genre, il avait besoin, dit-il, de l'ostéologie de plusieurs animaux de cette famille dont les squelettes n'ont pas encore été décrits. On ne connaissait point celui du rhinocéros, de l'hippopotame, ni du tapir celui de l'éléphant même ne l'était encore qu'imparfaitement il avait donc à les décrire, et l'endroit le plus naturel, pour le faire était celui où il devait parler des fossiles des mêmes genres: ainsi c'était par ces fossiles qu'il devait commencer sou travail. Quand il en aura terminé l'histire, ajoute-il, il dans sa sepassera

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