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bestiaux à l'étable et les prairies artificielles sont également inconnues. Ce n'est qu'en hiver qu'on donne du fourage aux bestiaux, mais avec tant de parcimonie qu'il maigrit considérablement: il ne peut reprendre ses forces en été que dans des pâturages très-éloignés, mais à la vérité très gras. Chez les peuples nomades où le gros bétail constitue la principale richesse, il est encore moins soigné, mais malgré cette négligence, il forme encore un objet très-important d'exportation. Dans quelques gouvernemens on élève des bufles; et dans la Tauride et chez tous les peuples nomades, l'âne et le chameau sont animaux domestiques.

L'éducation des moutons est peut-être plus étendue que celle du gros bétail, mais encore plus négligée. Nulle part ou ne s'occupe de perfectionner la laine, de sorte qu'on puisse se passer des laines étrangères.

vres,

La chèvre, animal domestique trèscommun chez le paysan russe et chez les nomades, n'est estimée que pour son lait et pour sa peau. Cependant les chèen Tauride, perdent, pendant l'hiver, un poil fin et soyeux dont on ne tre aucun parti, qu'on pourrait facilement recueillir en peignant ces animaux, et qui donnerait d'autant plus de profit, que par sa finesse et son élasticité il a beaucoup d'analogie avec la matière dont on fait les schals précieux qu'on tire de Cachemire (*).

Quant aux porcs, il s'en consomme une quantité prodigieuse dans les provinces septentrionales de la Russie, parce qu'en hiver le porc gelé et le lard forment un article principal de nourriture c'en est un aussi très-important que les soies de cet animal: en 1793 onen exporta pour 742,000 roubles.

(*) Nous croyons devoir observer, que l'auteur suppose ici que c'est avec le poil de chèvres que se font ces schals, tandis que, suivant l'opinion commune, ils se fout avec le poil de jeunes agneaux de la Grande-Tartarie. Nous avons donc cu devoir 'établir qu'une simple analogic entre le duvet des chèvres de la Tauride et celui que donuent ees jeunes agucaux.

On n'élève en Russie que peu de v lailles. Le chien est employé à un auti usage que celui de la chasse et de garde des troupeaux : on l'emploie à tire et à porter, surtout chez les Kamtscha dales.

terre

Si l'éducation des bestiaux en Russi est défectueuse, la culture des n'est pas moins imparfaite. L'usage d laisser chaque année un tiers des terre en jàchère est général presque partou dans la Grande-Russie. Le paysan sèm son grain sur le champ qui avait ét laissé en jachère sans le fumer préala blement. La culture au reste est infini ment plus pénible dans le nord que dan le midi. Dans la Petite-Russie où le terres sont beaucoup plus fertiles, celles de la meilleure qualité rapportent plusieurs années de suite cinq, huit ou même dix grains pour un. Pour répare l'épuisement que ces récoltes successives doivent produire, on laisse reposer les terres pendant plusieurs années suivant les circonstances. L'auteur aurait pu remarquer que cette méthode est très-defectueuse, et n'a pas, à beaucoup près les avantages de nos assolemens. La cul ture en Russie s'étend à plusieurs végétaux qui fournissent des articles importans de commerce, tels que le chanvre et le lin dans les provinces du nord, le tabac et le houblon dans celles du midi.: ces produits sont beaucoup plus considérables que celui du grain.

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La Russie possède des mines très-riches on évalue le produit annuel des mines d'or et d'argent à un million sept cent vingt-neuf mille roubles, cèlui des mines de cuivre à deux millions, celui des mines de fer à quatre millions cinq cent mille roubles : le produit des mines de plomb est très-médiocre : il ne paraît pas que la Russie ait aucunes mines d'étain. La Couronne seule possède les mines d'or et d'argent les autres appartiennent, ou à des établissemens publics, ou à des particuliers. Les mines de sel gemme et marin donnent en Russie un produit très-considérable : la plus

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forme

grande partie s'en consomme dans le
pays; mais ce qui s'en exporte
encore un article d'exportation assez im-
portant. Les magasins de la couronne
sont toujours approvisionnés de sel pour
deux ans les particuliers sont obligés
d'y déposer leur sel, la couronne s'en
étant réservé le commerce exclusif.

La pêche est une branche d'industrie
très-profitable pour tous les habitans de
la Russie: elle est même l'unique moyen
de subsistance pour les peuplades les
plus grossières de la Sibérie: non-seule
ment elle fournit un objet de consom-
mation inépuisable, mais elle fournit des
ร articles d'exportation dont la valeur se
monte à plus de quinze millions de rou-
bles. La mer Glaciale, la mer Blanche,
la mer Baltique, la mer Noire, la mer
d'Azof, la mer Orientale, nais surtout
la mer Caspienne fournissent une abon-
dance prodigieuse de poissons de toute
espèce. Les grands fleuves et les nom-
breux lacs en donnent aussi une quantité

empiéter sur le droit de propriété met
un terme aux abus qui s'y commettaient,
ainsi qu'au gaspillage même des forêts
des particuliers, l'aménagement des fo-
rêts était très-défectueux: leur défri--
chement, pour y substituer des champs
et des prés, les faisait insensiblement dis-
paraître l'usage de bâtir les maisons en
bois consommait les plus beaux arbres.
A ces causes du dépérissement des fo-.
rêts, il faut en ajouter deux autres nou
moins importantes dont l'auteur ne parle
pas et qu'il est douteux que l'on donnance
ait pu faire disparaître, c'est la forma-
tion des routes avec des arbres qui sont
à peine équaris et qu'il faut renouveler
fréquemment, c'est l'usage abusif de pré-
parer
nuiserie et beaucoup d'autres usages dans
les bois pour la cha pente, la me-
la forêt même, qui emporte la perte ab-
solue de tous les copeaux extrêmement
multipliés par Phabitude qu'ont tous les
ouvriers en Russie de ne se servir que de
la hache. Indépendamment du bois de
charpente et de marine, du bois qu'em-
ploie la menuiserie et du bois à brûler,
que fournissent les forêts de la Russie,
elles donnent aussi du charbon, de la

considérable, Pallas à estimé en 1793 le
produit de la seule pêche de l'esturgeon
à 524,135 roubles, et celui de tous les
autres poissons à 1,623,810 roubles. La
chasse du veau marin dans la mer Cas-Potasse, du goudron, du brai et de la
résine pour l'exportation.
pienne est très-lucrative.

La chasse est un objet très important pour la Russie par les articles qu'elle fournit pour le commerce d'exploitation. La chasse est libre dans toute l'étendue de l'empire, à l'exception de la Sibérie où par les ordonnances du gouvernement elle est réservée aux peuples de cette vaste contrée qui acquittent leurs tributs en fourures. Les plus précieuses sont fournies par les zibelines, les renards, les ours, les castors et les loutres. Les élans, les cerfs, les daims, les bouquetins, les gazelles donnent les meilleures peaux pour la chamoiserie le musc est fourni par l'animal qui porte ce nom. La chasse des oiseaux, surtout celle de l'édredon est encore un article assez important.

Avant l'ordonnance de 1802 relative aux forêts de la couronne et qui, sans

Les abeilles fournissent pour cette exportation deux articles assez importans: en 1803 la Russie exporta pour 361,813 roubles de cire et pour 169,528 roubles de miel.

Les productions naturelles de la Russie sont, dans le règne animal, les chevaux, les boeufs, les moutons, les chèvres, le cochon, l'âne, le chameau, le renne, les chiens et une grande quantité d'animaux sauvages: nous en avons précédemment parlé. Dans le règne végétal, on recueille, surtout dans les régions tempérées, le froment, le seigle, le maïs, l'orge, l'avoine, le millet, le blé sarrazin, l'épautre, les légumes. Les principales plantes potagères sont le choa, le navet, l'ail, l'oignon, le concombre: on cultive peu d'autres plantes en Russie, les pommes de potagères

en

terre même y sont rates; mais en revanche beaucoup de plantes anti-scorbutiques y croissent naturellement, ainsi que de petits arbrisseaux qui donnent des baies les arbres fruitiers de toute espèce abondent dans les gouvernemens du midi, ils sont rares dans ceux du nord qui n'ont que de petits fruits du genre de l'airelle. Le chanvre, le lin, le houblon, le tabac sont des objets de culture très-multipliés et très-importans; les plantes oléagineuses sont très-répandues dans les départemens méridionaux, ainsi que plusieurs végétaux d'un goût épicé. La Russie posséde, surtout Asie, beaucoup de plantes médicinales. Les arbres les plus communs dans l'em pire sont les diverses espèces de pins, le sapin, le mélèze, le bouleau, le tilleul, le frêne, le saule, l'orme, le hêtre, l'érable et le peuplier: on ne trouve le chêne que dans la région tempérée et dans la partie méridionale de la Sibérie; il y en croît de très-beaux. Depuis quelques années on a fait des plantations régulières de mûriers qui réussissent naturellement et sont très communs dans le territoire de Kiew. On recueille du coton aux environs d'Astrakan et dans quelques autres contrées. La culture de la vigne n'a réussi que dans ces mêmes contrées, et dans la Tauride et le Caucase.

Dans le règne minéral, outre les mines dont nous avons parlé, la Russie possède de très-beaux marbres et des granits, beaucoup de pierres précieuses, des terres de diverses espèces et propres à être employées dans les arts, telles particulièrement que les terres à porcelaine et à faïence, les' craies, le schiste, et outre le sel gemme, le sel ammoniac, le natron, l'alun, le vitriol, le salpêtre, etc. Le Kamtschatka offre plusieurs

chaussées de basalte.

Le Russe est très-heureusement organisé pour tous les ouvrages mécaniques: il comprend et retient avec facilité ce que lui apprend son maître et peut l'imiter à l'instant en mettant même, dans cette imitation une certaine élégance; mais

cette facilité même est une des causes de la médiocrité d'une grande partie de son travail. Du reste tous les objets fabriqués dans l'empire et qu'on exporte ne balancent pas la valeur de ceux qu'on exporte de l'étranger. En 1802 l'importation l'emporta de 944,571 roubles sur l'exportation.

L'industrie des arts se divise en trois

branches dans la Russie; l'industrie des habitans de la campagne, l'industrie des artisans, l'industrie manufacturière.

Celle des campagnes procure le goudron, le salpêtre, le charbon, le noir de fumée, l'huile et la potasse, le souffre et le vitriol, les nattes, le cavial, la colle et l'huile de poisson, les nattes, les crins des chevaux : on y taille la pierre, on y fait la brique et la tuile. Le paysan russe, en outre, s'occupe, concurremment avec l'artisan des villes, de la fabrication et de la teinture des gros draps. Il travaille aussi au charonage, en nienuiserie, en ouvrages au tour.

Parmi les ouvriers russes des villes on distingue les menuisiers, les tourneurs, les charrons, les fabricans de savon, les orfèvres et les bijoutiers; mais en général on manque d'ouvriers habiles dans l'art de traiter les métaux. On ne fabrique dans l'empire ni faulx, ni faucilles : on y expo te encore des clous et du fer façonné d'Angleterre la cire et le suif sout exportés bruts: les fourures sont mal péparées. Une profession particulière aux villes est celle de brasseur de

bière; mais la distillation de l'eau de gain a fréquemment lieu dans les camvilles préparent l'hydromel, les vins de pagnes. Concurremment avec elles, les cerise, de framboise et de bouleau.

L'auteur arrivant à l'industrie des arts en Russie observe qu'elle possède la plupart des branches industrielles qu'on voit dans le reste de l'Europe, mais qu'elles n'y sont pas encore parvenues à De toutes les manufactures de la Russie un certain degré de perfectionnement. la plus ancienne, et celle qui y a atteint

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une perfection à laquelle on n'a pas pu arriver dans les autres pays de l'Europe est celle qui s'occupe de la préparation des cuirs. On connaît suffisamment l'excellente qualité du jought ou cuir de Russie: c'est la principale production des tanneries de l'empire où l'on prépare aussi d'autres cuirs dont la qualité est encore très-bonue.

L'auteur entre dans des détails intéressans, mais qui excéderaient les bornes de notre Journal sur les neuf grandes espèces de manufactures qu'offre la Rus sie: nous allons simplement les indiquer:

en

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ce sont celles des toiles de lin et de chanvre, des divers ouvages en laine soie, en coton, de tapis de haute lisse de chapeaux, d'armes, de chandelles et de savon, de différentes huiles. A la suite de ces détails, est une notice de toutes les autres espèces de manufactures dont les plus nombreuses sont celles de papeteries, de potasse, de verreries, de fayence, de fonderies de cuivre et d'ateliers de fabrication d'ustensiles de ce métal. Il est assez piquant d'observer qu'il n'y a en Russie que quatre fonderies de canons, et qu'il y en vingtdeux de claches.

L'exercice du commerce en Russie est sujet à des restrictions immenses dans les autres états commerçans de l'Europe. Le commerce ne peut-être exercé que par les négocians inscrits dans les trois corporations qui suivent. La première se compose de ceux qui déclarent posséder un capital de 10,000 à 50,000 roubles: ils peuvent faire le commerce intérieur et extérieur, et entreprendre des opérations maritimes. La seconde corporation comprend ceux dont le capital est déclaré être de 5,000 à 10,000 roubles: ils sont astreints à ne s'occuper que du commerce intérieur dont ils peuvent em➡ brasser toutes les branches. La troisième corporation renferme ceux qui n'ont qu'un capital de 1,000 à 5,000 roubles: il ne leur est permis de s'occuper que du commerce de détail. La loi accorde aux banquiers, aux marchands en gros qui

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n'ont point de boutiques, aux chefs de fabriques, aux propriétaires de navires, la faculté d'entreprendre certaines bran ches de commerce les nobles peuvent les exercer sans rien perdre de ses prérogatives. Les Juifs, les marchands ambulans, les colporteurs sont soumis à un grand nombre de restrictions: plusieurs paysans serfs s'occupent du commerce de détail. Presque tout le commerce des départemens méridionaux est entre les mains des Arméniens, des Grecs et des Hindous; les premiers sont en possession exclusive du commerce du Caucase.

Le commerce de la Russie se divise. en commerce par mer, commerce par terre, commerce des colonies. Il faut lire dans l'ouvrage même les développemens que donne l'auteur au tableau de ces trois sortes de commerce. Nous nous bornerons à observer que le commerce par mer se partage entre la iner Baltique, la mer Blanche, la mer Noire, la mer d'Azof et la mer Caspienne, et que ce commeice est le plus important et le plus lucratif en même temps, puisqu'en 1809 les expo tations ont monté à 19,990,891 roubles, et que les importations n'ont pas excédé 5,133,209 roubles. Quant au commerce par terre, il se divise en commerce extérieur, commerce de transit, commerce intérieur. Le commerce des colo

nies où du grand Océan appelé par les Russes mer Orientale, n'a pour objet principal que des pelleteries qu'on échange sur la côte nord-ouest de l'Amérique, contre des marchandises d'Europe et pour l'entretien duquel on a établi des colonies où l'on ne compte que sept cents individus russes. Les îles Aléoutiennes fournissent aussi à ce commerce le produit de leur chasse et de leur pêche. La Russie a tenté inutilement jusqu'ici de s'ouvrir un commerce au Japon.

Les établissemens relatifs au commerce de cet empire sont les routes dont la plupart ne sont formées qu'avec des poutres qu'il faut, comme on l'a observé précé demment, renouveler assez fréquemment et qui emportent une prodigieuse

consommation de bois; les postes et reun meilleur lais qui ont été mis sur pied depuis 1797, et parmi lesquels la poste aux chevaux est renommée par sa vélocité; les nombreux canaux qui, avec les lacs et les grandes rivières navigables aboutissant à plusieurs mers, facilitent singulièrement les communications; les foires et marchés ; les banques ; les traites de commerce avec l'étranger; les compagnies et les écoles de commerce. Tels sont les principaux établissemens qui le favorisent. Les obstacles qui s'op posent à sa plus grande prospérité sont le long crédit qu'il faut faire aux marchands, le peu de bonne foi de quelquesuns d'entre eux, la rareté des espèces métalliques, les droits excessifs portés au tarif des douanes qui encouragent la fraude; enfin l'immensité du territoire dont quelques parties se trouvent séparées les unes des autres par des déserts et dont une grande étendue de côtes est baignée par des mers où les bâtimens restent renfermés presque la moitié de l'année, et le grand nombre de terrains marécageux qui, situés sous la zône boréale sont presque toute l'année couverts de glace et deviennent impraticables au dégel. Ces obstacles sont d'une nature insurmontable: ceux qu'on pourra vaincre avec le temps sont la servitude des cultivateurs et l'exploitation défectueuse de

la terre.

Les monnaies, les mesures et les poids sont des véhicules essentiels du commerce. L'auteur est entré sur ces trois objets dans des détails très-instructifs, mais qui ne sont pas susceptibles d'être analysés et qu'il faut lire dans l'ouvrage même.

Nous ferons la même observation à l'égard des forces militaires de la Russie; et nous nous bornerons à énoncer que dans cette partie de l'ouvrage, l'auteur traite de l'ancien état de l'armée russe ; 2) de son état actuel; 3) du ecrutement de l'armée; 4) de son eutretien; 5) de l'organisation d'un régiment d'infanterie ; 6) de l'organisation

d'une compagnie; 7) des Russes en général et du soldat en particulier; 8) du moral des officiers russes et de leur service; 9) enfin des observations générales que fournit l'armée russe relativement l'infanterie, à la cavalerie nationale et à la cavalerie auxiliaire.

Relativement à cette dernière milice composée de peuples à demi-barbares l'auteur déclare qu'il ne parlera pas des étrangers qu'on aperçoit dans les armées russes, parce que, comme ils ne s'y montrent qu'accidentellement et qu'ils ne forment pas de corps séparés, il ne pourrait pas le faire avec exactitude.

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