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celles de Térence et de Plaute, et des sonnets, madrigaux, élégies et satyres sorties de la veine féconde de ce poëte inimitable.

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M. de Sismondi passe légèrement sur les poëmes de Giron-le-Courtois de Luigi Alamanni, et de l'Amadis de Bernardo Tasso, père du Tasse, qui n'étaient que de faibles essais il s'arrête un peu plus la tentative que fit Jean Gcorge Trissin pour renouveler le poëme épique, et il insiste fort judicieusement sur le style bas, les détails vulgaires ? le manque d'intérêt de ce poëme : il lui rendra, dans la suite, la plus éclatante justice sur les tentatives beaucoup plus heureuses qu'il fit pour ressusciter la tragé

die ancienne.

Parvenu au poëme de la Jérusalem délivrée du célèbre Torquato Tasso publié en 1581, M. de Sismondi s'étend avec un abandon justifié aujourd'hui par les suffrages universels (*) sur la magnificence du sujet qui résulte de l'importance de la lutte des croisades pour la civilisation de l'univers : il fait observer que dans la Jérusalem délivrée cette guerre est rendue plus poétique par les sentimens désintéressés et les croyances religieuses des deux grandes races d'hommes qui y combattirent; que le surnaturel, dans cette Epopée, naît du sujet même et s'accorde avec la croyance de tous; que le lieu de la scène est le plus riche de tous en tableaux poétiques : il donne ensuite une analyse rapide du poëme il ne dissimule pas l'invraisemblance du caractère de Clorinde d'où le poëte néanmoins a su tirer de si grandes beautés; il exalte avec raison l'introduction des sentimens les plus tendres dans l'Epopée, particulièrement par l'amour d'Herminie; l'emploi si heureux des puissances infernales dont le Tasse a enseigné l'usage à Milton cette apparition d'Armide qui offre le mélange de la galanterie la plus déli

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(*) Les littérateurs les plus distingués s'accordent à trouver beaucoup trop sévère la critique faite par Boileau.

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cate et de la poésie la plus noble, la grande vérité des descriptions, la parfaite connaissance des lieux. Après une savante analyse des morceaux les plus distingués du poëme, M. de Sismondi pose d'excellens principes sur le poëme épique: il observe que la perfection de l'ensemble l'unité dans l'immensité sont de l'essence de ce poëme ; que la poésie romantique et la poésie classique sont d'une nature opposée ; que les deux époques de la civilisation ont eu leurs temps héroïques qui les ont précédées ; que ces temps héroïques sont l'idéal des temps postérieurs; qu'il est une beauté idéale différente pour les temps anciens et pour les temps modernes. En faisant l'application de ces principes à la Jérusalem délivrée, M. de Sismondi fait voir que le Tasse a réuni l'unité classique de l'ensemble à la perfection romantique des détails. Il descend ensuite dans des détails intéressans sur la vie du Tasse et particulièrement sur ses amours et sa captivité à l'Hôpital des Fous, sur l'impression de son poëme et la guerre acharnée qu'il excita, `enfin sur la malheureuse idée qu'eut le Tasse et qu'il exécuta tout aussi malheureusement de refaire son poëme sous le titre de Gerusalemme Conquistata.

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Avant de passer à l'Aminte de ce grand poëte, M. de Sismondi remonte à l'origine du poëme pastoral qu'offre l'll Sagrifizio d'Agostino Beccari: il développe ensuite le plan de l'Aminte, fait remarquer avec franchise les défauts du style qui consistent principalement en ce qu'on a appelé depuis des concetti; mais il observe avec raison qu'ils sont en grande partie couverts par le charme de la versification. Il termine cet article du Tasse par une notice de ses autres ouvrages, spécialement de sa tragédie de Torrismondo. L'Aminte fit éclore un grand nombre de drames pastoraux au

seizième siècle.

Catalogue des livres rares et présieux de la Bibliothèque de feu M.

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Pierre Henri Larcher, membre de P'Institut, etc., dont la vente se fera dans le commencement de février 1814. Un vol. in-8°. Debure frères. 3 fr.-4 fr.

Ce catalogue offre une collection intéressante des plus anciennes et des meilleures éditions des auteurs classiques grecs et latins: il est précédé d'une notice également curieuse et savante sur la vie et les ouvrages de M. Larcher.

CINQUIÈME CLASSE.

MÉLANGES.

Mes Pensées, par C. Bruun-Neergard. Broch. in-8°. Firmin Didot. 1 fr. 50 c.

Correspondance littéraire,etc., par le baron de Grimm et Diderot. 3°. partie. (Voy. pour le développement du titre, l'adresse et le prix, le quatrième cahier de ce Journal 1813.)

Article deuxième.

Nous avons annoncé que cet article serait consacré à donner à nos lecteurs quelque idée des jugemens portés par le baron de Grimm sur les pièces de théâtre qui ont paru en France pendant les années qu'embrasse cette partie de sa Correspondance. Cette époque n'est pas féconde en hons ouvrages de ce genre: nous nous arrêterons d'abord à une anecdote relative à l'une des meilleures comédies qui depuis Molière ait paru sur le Théâtre Français, la Métromanie: la voici dans les propres termes du baron de Grimm.

<< M. Rigoley de Juvigny et M. Imbert « ont fait des brochures et des volumes <<< pour nous prouver que Piron était un « des plus grands hommes que la France « eut jamais produits. M. de La Harpe a « écrit quelques pages pour nous faire

<< voir que cette prétention était tant << soit peu exagérée, et M. de La Harpe << avait bien ses raisons pour cela. Mais << aucun de ces Messieurs ne nous a « expliqué la distance prodigieuse qu'il « y a de la Métromanie à tous les au« tres ouvrages de Piron, et cette disparate singulière méritait bien quel«que attention. Une anecdote que nous « venons d'apprendre ces jours passés « pourra bien contribuer à l'éclaircir.

« Des personnes très à portées de con« naître l'Histoire secrète du théâtre << nous ont assuré que la Métromanie << était dans l'origine bien différente de « ce qu'elle est aujourd'hui, et que lors<< qu'elle fut refusée des comédiens elle « méritait à tous égards de l'être. Tout <«< informe qu'était l'ouvrage alors, ma« demoiselle Quinault et son frère qui << avaient infiniment de connaissances et « de goût, y découvrirent le germe des « plus grandes beautés. On engagea le « poëte à corriger sa pièce, à la refondi e a toute entière; et il y a telle scène qu'on << lui fit recommencer trois fois. Made« moiselle Quinault avait pris le plus « grand ascendant sur son esprit, et à « force d'adresse et de soin, elle sut ob<< tenir de lui tous les sacrifices qu'exigeait la perfection de l'ouvrage.

« Quoique les anecdotes de ce genre « soient toujours un peu suspectes, celle « qu'on vient de rapporter semble au « moins justifiée par toutes les circou«stances; elle est d'autant plus vraisem

« blable que ce qui met surtout une si « grande différence entre la Métromanie « et les autres pièces de Piron, c'est que << toutes les autres pièces pêchent essen« tiellement par le défaut de convenance « et de goût, défauts que les conseils << d'une amitié éclairée peuvent seuls rẻ<< parer. »

Les jugemens du baron de Grimm portent d'abord sur le Déserteur de M. Mercier sur lequel il observe que quelque romanesque que soit le fond de cet Ouvrage, quelques dépourvus de vraisemblance et de goût qu'en soient souvent la conduite, les incidens et le style, on ne peut nier qu'il ne soit rempli de situations fortes et touchantes, en général du plus grand effet, etc.

Les autres jugemens du baron de Grimm qui ont tous le caractère d'une grande sagacité, embrassent le poëme de l'opéra de Renaud par le sieur Lebouf; la scène lyrique de Prrame et Thisbe; le poëme de l'opéra de Didon par Marmontel; celui de l'opéra de Chimène par M. Gaillard; la tragédie des Brames par La Harpe; la tragédie de Macbeth par M. Ducis ; le poëme de Castor et Pollux par Bernard; la Double Clef, comédie par Desfaucheret, la Fille Garçon par Desmaillot. La plupart de ces ouvrages sont oubliés aujourd'hui, et le jugement qu'en porte le baron de Grimm n'est que d'un trèsfaible intérêt; mais on s'arrêtera avec plaisir sur la manière dont il juge trois ouvrages assez distingués; les Etourdis par M. Andrieux; les Chateaux en Espagne de Colin d'Harleville, et la tragédie de Charles IX par Chénier.

L'Hermite de la Chaussée d'Antin, ou Observations sur les mœurs et les usages parisiens au commencement du dix-neuvième siècle. Tome troisième. in-12. Pillet. 3 fr. 75 c.

Ce troisième volume d'un ouvrage qui a été favorablement accueilli, embrasse

res.

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La

les objets suivans. Les époques de la Galanterie française. - La Journée d'un fiacre. -Lectures et succès de salon. Le chapitre des considérations. Prison pour dettes. Quelques Ridicules. Les Restaurateurs. La Maison des Fous.Paris à différentes heu- Promenade à la Bibliothéque impériale. Histoire d'un jokey. Le Marché aux Fleurs. Le café Touchard, ou les Comédiens de province. Vente après décès. La Matinée d'une jolie femme. Une première représentation d'Aujourd'hui. Un Duel. Iustitution des Sourds et Muets. - Une Maison de la rue des Arcis. Le Dépôt de la chaîne. Le Salon de 1812.

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Le mérite de ces différens morceaux n'est pas égal: il y en a de très-agréables; c'est le plus grand nombre; mais on désirerait plus de choix. L'auteur s'engage de publier un volume tous les six mois; c'est beaucoup. La Bruyère, dans tout le cours de sa vie n'a publié qu'un seul volume sur les caractères et les mœurs du siècle; mais ce volume est un chef-d'oeuvre.

ALMANACHS.

l'an 1814.

Almanach des Dames pour Un vol. in-18. Tubingue, Cotta. Paris, Treuttel et Würtz. Broché 5 fr. ; en papier avec étui 7 fr.; relié en veau doré 7 fr.; en maroquin 9 fr.; avec étui en papier maroquin 9 fr. 75 cent.; idem, doublé en tabis 10 fr.; en soie, étui en papier glacé 10 fr.; en papier glacé, étui idem 10 fr.; en papier fond d'or et d'argent 12 fr.; en maroquin ta bis, étui en maroquin, médaillon 15 fr.; en soie, doublé de tabis, étui en soie 15 fr.; en moire, , étui en moire, couleurs diverses 18 fr. ; en velours très-élégant, avec étui en soie 20 fr.

Cet Almanach offre, comme dans les années précédentes, un choix très-judicieux de pièces de vers de différens genres et quelques morceaux de prose. Dans les pièces de vers, indépendamment de celles qui portent des noms avantageusement connus, tels que ceux de MM. Béranger, Brifaut, Creuze de Lesser, Millevoye, et de mesdames Delandine et Dufresnoy, on distinguera encore les Elégies de MM. Géraud, Mandelot et Manuel; l'Invocation, traduite du premier livre de Lucrèce, par M. Pascal; l'Episode d'Ugolin, par M. Terrasson; la Charité d'un Barde au tombeau de Selma, par M. Talairat.

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ou en toute autre matière. Les deux

NOUVELLES DES SCIENCES ET premiers prix doivent être décernés

DES LETTRES.

La Société d'encouragement pour l'industrie nationale, a ienu, le 6 octobre, avec la solemnité accoutumée, sa séance générale pour la distribution des prix : elle n'a distribué dans cette séance, qu'un seul prix, celui qu'elle avait proposé pour la multiplication du noyer, et une médaille d'encouragement pour le même objet. L'un a été adjugé à M. Panières, ancien membre du Corps législatif, demeurant à Auriac (Corrèze); et l'autre a été décerné à M. Pomies, maire de la ville de St.-Antonin (Tarn et Garonne). Elle a suspendu son jugement sur un autre prix d'une haute importance, celui qui avait pour objet de fabriquer du minium pur avec les plombs impurs de nos mines. Le problême paraît résolu ; mais la Société qui n'accorde son suffrage qu'avec une entière certitude, a cru devoir soumettre encore à de nouvelles expériences en grand, les procédés des concurrens qui prétendent à ce prix. Ces concurrens sont MM. Pérard, manufacturiers à Tours, et Da Olmi, professeur d'histoire naturelle an Lycée de Sorrèze, departement du Tarn. Ces expériences que la société fait à ses frais sont longues, pénibles et couteuses.

La Société a reçu peu de mémoires sur les autres sujets des prix qu'elle avait mis au concours pour cette année; elle en a témoigné sa surprise et ses regrets par l'organe de M. Costaz, son secrétaire. Ce mécompte a dû l'affliger, mais il n'a pas pu refroidir son zèle: elle vient de proposer encore quatre nouveaux prix; savoir, un de 2,000 fr. pour le meilleur procédé de salaison des viandes; un de 3,000 fr. pour la conservation des viandes sans sel; un de 2,000 fr. pour la fabrication de la colle de pois son; un de 600 fr. pour la fabrication de tuyaux sans couture, en fil de chanvre

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en 1814 et les deux autres en 1815.

Voici la note des prix réunis au concours pour 1814. Prix de 1500 fr. pour le cordage at la filature, par mécanique, des déchets de soie; de 2,000 fr. pour la filature, par mécanique, de la laine peignée pour chaîne et pour trame, à toute grosseur de fil ; de 1,000 fr. pour la fabrication des vases de métal revêtus d'émail; de 1,000 fr. pour le feutrage sans emploi de sels mercuriels; de 2,000 fr. pour la purification du miel; de 1,000 fr. pour la culture comparée des plantes oléagineuses : le prix de 3,000 fr. pour la fabrication, en fonte de fer, d'ouvrages de petite dimension a été remis à l'année 1815: le prix, pour une machine à extraire la tourbe sous l'eau a été retiré du concours; le concours pour la fabrication du minium

a été fermé.

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