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d'illusions; et les traditions les plus fabuleuses ont une grande autorité dans ce pays de montagnes.

Si tous les habitans des Pyrénées par tagent les qualités qui viennent d'être observées, ils différent néanmoins entre eux par des nuances qui sont faciles à saisir. Il faut se rappeler à cet effet, que le sang du Cantabre indompté coule avec toute sa pureté dans les veines des Montagnards de l'ouest, qu'il est mélangé avec celui du Visigoth dans le reste de la chaîne, qu'à l'extrémité orientale, reçoit une forte dose du sang espagnol, et que, de ces mélanges résultent daus les caractères et dans les moenrs, les mêmes différences qui existent dans les origines. M. Dialet donne à ces observations, des développemens d'un grand intérêt.

La langue basque n'a rien de commun avec celle d'aucune nation, si ce n'est que les noms appellatifs, comme dans la langue hébraïque, expriment quelques qualités des objets auxquels ils ont rapport: : elle est antérieure à tous les établissemens faits en Espagne par les nations étrangères; elle ne présente guère de différence chez les Basques français et chez ceux de la Biscaie et de la Navarre, que dans la prononciation de certains mots.

Le costume des Basques consiste en un berret bleu (*), une veste rouge fort courte, un gilet, des culottes et des bas blancs, des jarretières lâches de couleur tranchante, des souliers fort couverts ou des spartilles (sorte de sandales ), et un mouchoir de soie négligemment attaché au cou il règne une grande propreté dans ces ajustemens. Le costume des femmes n'a rien de remarquable que la coiffure : c'est un fichu qui semble noué sans préparation autour de la tête; mais la couleur de ce tissu et la manière de le

(*) M. Dralet ne nous explique pas ce qu'il faut entendre par cette partie de Phabillement des Basques.

Journal général, 1813, No. 7.

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placer sont toujours de nature à favoriser la nature de ces Vénus montagnar des : les Basquaises se font remarquer par leurs belles proportions et la régularité de leurs traits; mais cela ne doit s'entendre que de celles qui vivent dans les parties tempérées de la chaîne des Pyrénées ; car les femmes exposées à une température plus vigourense, out en général des formes communes et quelquefois dégradées, et un teint bruni par l'ardeur du soleil.

On a vu, dans le premier article de notre analyse, que les Pyrénées étaient en général peuplées d'hommes sains et robustes; mais il est à cet égard des exceptions frappantes : les vallées basses ne sont pas aussi favorables à l'économie animale, que celles qui ont une certaine élévation les maladies endémiques qui règnent dans ces vallées ont un caractère particulier; elles se manifestent ordinairement par des tumeurs à la gorge connues sous le nom de goitres. M. Dralet ne pense pas que dans les Pyrénées l'humidité soit la cause unique de cette maladie, puisqu'elle ne règne pas dans des contrées tout aussi humides, encore moins qu'on doive considérer les goîtreux comme les restes d'un peuple vaincu, dispersé et assujèti aux plus rudes travaux, puisqu'il n'y a pas d'exemple que le plus dur esclavage ait donné naissance aux goîtres; mais il attribue ceux dont sont affligés les habitans dans les vallées basses des Pyrénées, aux variations de l'atmosphère dans ces vallées où ils passent chaque vingt-quatre heures de l'été d'une chaleur suffocante à un froid glacial: ces passages brusques d'une température à l'autre, sont éminemment nui. sibles à l'économie animale, notamment aux organes de la voix et de la respiration, et aux parties qui les environnent: ils sont cause du relâchement du tissu de la glaude tyroïde et de l'affaissement de ses conduits muqueux.

HISTOIRE.

Histoire critique des ordres de ahe

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valerie civils et militaires existant en Europe, etc. Royaume de Dannemarck Ordres de Daneborg, de l'Éléphant et de l'Union parfaite, par M. J. Un vol. in-4°. avec quatre planches. Vente et Guil

laume.

Monumens historiques sur les Templiers, etc., par M. Raynouard, etc. (Voyez pour le développe ment du titre, l'adresse et le prix, le cinquième cahier de ce Journal 1813.)

Article deuxième.

L'historien, après avoir rapidement tracé l'origine de l'ordre des Templiers et rapporté textuellement le témoignage honorable de Saint-Bernard sur cet ordre, donne un précis de sa constitution, de la forme de réception des chevaliers et de celle de leurs vœux. Il observe que si quelques historiens leur ont reproché leur ardeur à amasser des richesses, aucan, avant leur terrible catastrophe ne les a accusés, ni niême soupçonnés d'impiété et de déréglement dans les moeurs il ajoute qu'avant de seconder les mesures violentes de Philippe-le Bel, le pape exprima la surprise que lui causait le genre d'accusations portées contre eux, accusations, dit-il dans une lettre adressée à ce prince, invraisemblables, incroyables et inouies. Trois ans seulement avant leur proscription, Philippe-le-Bel lui-même, dans un acte qui contient de nouveaux privilèges en faveur des Templiers expose de la manière la plus honorable pour l'ordre, les motifs de sa munificence. Le grandmaître, Jacques de Molai, avait toujours'été traité avec distinction à la cour de ce prince qui lui fit l'honneur de le choisir pour parain de l'un des enfans de France. Ce ne fut qu'au commencement de l'année 1307, que des diffamations

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vagues et sourdes, des délations insidieuses accusèrent l'ordre et les chevaliers du Temple. Vers le mois d'avril de cette même année, Molai se rendit à Poitiers auprès du souverain pontife avec quelques dignitaires pour se justifier et justifier l'ordre le pape leur parla des impiétés dont on les accusait, et notamment de l'adoration des têtes et des idoles. Il ne fut pas difficile à ces chefs de l'ordre de le disculper pleinement. Philippe cependant concertait dans l'ombre et le silence les moyens terribles qui devaient opprimer les chevaliers. Dès le 12 septembre des mandemens furent expédiés pour arrêter dans toute la France les Templiers, le 13 octobre à la même heure. Il est évident, dit l'historien, que depuis le retour du grand-maître à Paris le roi s'était affermi dans le dessein de parvenir à l'abolition de l'ordre et en avait calculé les moyens : il avoue que si ces moyens avaient été moins justes et moins violens, l'intérêt de l'état, la sû reté du trône auraient justifié peut-être cette grande mesure politique. Leurs richesses leur permettaient de faire la guerre par eux-mêmes et de la faire continuellement : c'était une milice courageuse et entreprenante qui toujours prête par devoir et par habitude à rester armée au milieu des états de l'Europe pouvait inquiéter vivement le monarque dans un temps où il n'y avait point de troupes réglées : un écrivain contemporain a porté à plus de quinze mille le nombre des Templiers, la plupart Français: parmi les faits qui pouvaient exciter les craintes du monarque, il en est deux que l'impartialité de l'historien ne permet pas de dissimuler. L'ordre s'était permis d'intervenir comme puissance belligérante dans la querelle des maisons d'Arragon et d'Anjou au sujet des royau mes de Naples et de Sicile. Philippe-leBel pouvait donc justement prendre des mesures pour empêcher un ordre trop puissant de s'armer un jour contre lui, soit en faveur d'un monarque étranger, soit en faveur des grands vassaux de la couronne : voici l'autre fait. Lors

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qu'à l'occasion des changemens faits aux monnaies, une émeute avait forcé le roi à chercher un asile dans le palais du Temple, les chevaliers en le protégeant avec succès, avaient prouvé par ce succès même qu'il n'eût tenu qu'à eux de l'abandonner aux fureurs populaires. L'effet heureux et prompt de leurs soins à calmer la sédition avait peut-être donné à penser qu'ils n'y étaient pas entièrement étrangers. Enfin la lutte longue et pénible de la France avec la cour de Rome avait laissé sans doute dans l'esprit du roi de fortes préventions contre un ordre qui, soumis par sa constitution même à l'autorité des papes, pouvait trouver dans les débats de la couronne et de la thiare des motifs ou des prétextes résister à l'autorité royale. Les pour Templiers, conclut l'historien, furent donc coupables aux yeux de Philippele-Bel de tout le mal qu'il était en leur pouvoir de faire ; et sa prévoyante politique ne leur pardonna pas. Il ajoute qu'à la raison d'état se joignait une raison particulière, c'était le besoin de s'emparer de leurs trésors et de s'approprier leurs riches possessions. Quoique par la suite des événemens ces possessions we soient pas restées dans le domaine de la couronne et aient passé à l'ordre des Hospitaliers (aujourd'hui l'ordre de 15 Malte), il est évident que Philippe-leBel a eu primitivement le dessein de les y réunir: il ne peut pas y avoir le moindre doute à cet égard, lorsqu'on voit t dans une pièce qui se trouve au trésor des chartres et qui est postérieure à l'arlérestation des Templiers que Philippe posa la question si leurs biens doivent * étre confisqués en faveur des princes dans les états desquels ils se sont retirés. Il est constant d'ailleurs que * prince, pendant tout le cours de son #règue n'a pas cessé de jouir des revenus de l'ordre dont ni lui ni ses successeurs ne rendirent aucun compte : il en fut de même du riche et immense mobilier, et de l'or et de l'argent saisis au moment de l'arrestation des chevaliers.

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Après cet exposé des motifs qu'eut

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Le Bulletin contient : 1) notice d'une histoire de Pologne, par M. Gley ; 2) description de l'Egypte, ou recueil d'observations et de recherches qui ont été faites en Egypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de S. M. l'Empereur Napoléon-le-Grand. Première livraison, neuvième extrait. Description des mines d'El-Kaliou ou Elathy in, par M. Saint Gennés. Description d'Esme et de ses environs, Despar MM. Jollois et Devilliers. oription d'Erment ou Hermonthis, par ·E. Jomard. Mémoire sur le nilomètre de l'isle Eléphantis et les mesures égyptiennes, par M. P. S. Girard; 3) quel ques éclaircissemens sur le Voyage des Russes autour du monde, communiqués. par M. Horner à M. Depping; 4) état actuel de la Turquie, ou description de la constitution politique, civile et religieuse du gouvernement et des lois de T'empire Ottoman, par Th. Thornton, traduit de l'anglais; 5) revue de quelques Ouvrages historiques publiés en Allemagne pendant les années 1811 et 1812; 6) Histoire des Croisades, première partie contenant Phistoire de la première Croisade, par M. Michaud; 7) Statistique de la Hongrie, par M. Schwartner; 8) analyse des annuaires des départemens; 9) description de l'Egypte, etc. neuvième extrait. Grotte d'Elethyia. Mémoire sur l'agriculture, sur plusieurs arts, sur plusieurs usages civils et religieux des anciens Egyptiens, par M. Costuz. Mémoire sur les vases murrhins qu'on apportait jadis en Egypte et sur ceux qui s'y fabriquent, par M. Rozière; 9) recherches historiques sur la ville de Saumur, ses monumens et ceux de son arrondissement, par M. Bodin, 10) notice sur une réplique de M. Charles Amoretti; 11) annonces des nouveaux ouvrages d'histoire et de géographie,

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VOYAGES.

Voyages en Russie, en Tartarie et en Turquie, par M. E. D. Clarke. (Voyez pour le développement du titre, l'adresse et le prix, le deuxième cahier de ce Journal 1813.)

Article troisième.

En traversant les détroits qui séparent la Circassie, le docteur Clarke parvint dans la contrée où étaient situés les états

du célèbre roi du Pont Mithridate : ily observa un phare qui porte son nom, un monument qu'on dit être sa tombe, un ancien sépulcre remarquable : il recueillit plusieurs médailles du Bosphore. Le pays offre des ruines intéressantes, et Kertchy un assez grand nombre d'antiquités. Le voyageur fut singulièrement frappé de la vue imposante des monts Cimériens, et profondément affligé des traces de destruction qu'ont laissées partout les ravages des Russes. 11 indique nettement la cause de l'obscurité qui règue dans l'ancienue topographie de la Crimée. Cette contrée lui offrit trois insectes également redoutables; les sauterelies dout on distingue trois espèces et qui font quelquefois de grands ravages ; deux araignées dont l'une paraît être la tarentule d'Italie et qui parvient dans la Crimée à une grandeur effrayante, et dont l'autre, quoique très-petite, est beaucoup plus dangereuse, puisqu'au rapport de Pallas les blessures qu'elle fait peuvent devenir funestes dans certaines occasions; enfin un centipède, nommé scolopendra morsitans,qui se cache dans les bois de charpente secs, derrière les pierres, dans les fissures de la terre et dont les morsures ont des suites funestes: le scorpion se trouve aussi dans les montagnes de la Crimée.

Le docteur Clarke aperçut dans les villages tartares plusieurs troupes d'Egyptiens composées de même qu'on les voit en Angleterre sous leurs tentes,

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La fortune des nobles tartares consiste surtout en bestiaux qu'on voit répandus par milliers dans les steppes, et souvent tous appartiennent à un seul propriétaire le voyageur remarqua parmi eux une ceutaiue de chameaux.

A travers ces steppes, le docteur Clarke arriva dans la magnifique baie de Caffa, ville qu'on suppose avoir été Theodosia. Caffa paraît avoir couvert La côte méridionale de la baie: elle s'élevait en vaste amphithéâtre avec ses mosquées et ses minarets nombreux : elle reçut et mérita, dans le moyen âge le nom de petite Constantinople: ses murailles renfermaient alors 36,000 maisons et ses faubourgs 45,000. Malgré la destruction de la plupart de ces bâtimens rapidement faite par les Russes, elle offrait encore un spectacle intéressant. Cinquante familles composent aujourd'hui toute la population de cette ville: le docteur Clarke y recueillit quelques inscriptions qu'il a transcrites. Il a décrit aussi =plusieurs bains ruinés. et une villa de Catherine II.

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Akmatchet, dont la situation est trèsmalsaine, est la résidence actuelle du gouverneur général de la Crimée des arbres nombreux remplissant la vallée où coule le Salgir embellissaient les abords de cette ville: les Russes ont tout dévastés; mais ce lieu sera long-temps célèbre par le séjour du professeur Pallas dont le docteur Clarke et ses compagnons reCurent l'accueille plus distingué et la plus généreuse hospitalité : Akmatchet doit à cet homme illustre de n'avoir pas partagé le sort de la plupart des autres vilFes de la Crimée : on y avait laissé subsister plusieurs des bâtimens tartares et les fontaines publiques : il y occupait un

palais dont la magnificence ne le défendait pas de l'insalubrité de l'air.

En quittant cette ville, les voyageurs. s'avancèrent vers Baktchaseraï, l'ancienne résidence des Kans des tartares :

leur principal palais est encore intact: Pordre donné par Catherine Il de le conserver toujours dans sa forme orientale l'a préservé de la destruction générale : le docteur Clarke le visita et l'a décrit. It est entouré de jardins et la ville lui doit son nom : ils sont remplis de foutaines. et de beaux arbres fruitiers..

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Dans la visite que les voyageurs firent de la forteresse de Tchifoute-Kaleh, its observèrent avec intérêt une colonie de Juifs karaïtes qui s'y est établie : le caractère de ces Juifs est entièrement opposé à celui qu'on attribue en général à leurs frères dans d'autres. pays : ils sont exempts de reproche: leur honnêteté. passe même en proverbe en Crimée, l'on regarde dans ce pays leur parole comme équivalent à un billet: ces Juifs s'adonnent aucommerce ou aux manufactures. Les excursions que les voyageurs firent dans laCrimée leur firent connaître Aktar, le cippe de Théogènes, le monastère de Saint-Georges, une forteresse génoise. Le docteur Clarke place ici de savantes recherches sur l'ancienne géographie et les antiquités de la Crimée, telles qu'Empatorium, Chersonésus, le Parthenium de Formaléoni: il nous donne l'aspect d'une ancienne ville grecque et le tableau des mesurs des. habitans. Daus la vallée Bailar, il observe les habitudes et les moeurs domestiques des Tartares, décrit plusieurs villages de la côte, fait remar

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dans le pays des vestiges de l'idiome génois, entre dans des détails intéres sans sur les cérémonies d'un mariage, selon le rite de l'église grecque, avec les quelles il fait contraster celles des noces juives, et donne un état circonstancié de la force militaire de la Crimée. Le professeur Pallas, quoiqu'âgé de soixantedix ans et affaibli par ses nombreux tra vaux eut la généreuse complaisance d'accompaguer le docteur Clarke daus un

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