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Cet ouvrage, fruit des loisirs d'un militaire distingué, est divisé en dix chapi tres. Le premier est consacré au chant et à la poésie lyrique en général; le deuxième, aux premiers chants connus, e aux chants des peuples anciens; le troisième, aux chants des peuples modernes; le quatrième, au chant français, c'est-à-dire, à la romance; le cinquième, à la division dont les romances sont susceptibles; le sixième, à la manière de composer les petits poëmes nommés romances; le septième, à la manière de les mettre en musique; le huitième, à la manière de les chanter; dans le neuvième, l'auteur traite des personnes susceptibles de les entendre; et dans le dixième, il donne des notices sur les romanciers, poëtes et musiciens les plus célèbres et sur leurs meilleurs romances.

On doit savoir gré à M.Thiébault de ses recherches sur un genre de poésie universellement goûté, mais dont la théorie avait été entièrement négligée par les

littérateurs.

Recherches sur le ranz des vaches, ou sur les chansons pastorales des bergers de la Suisse, avec musique, par M. G. Tera. Broch. in-8°. Louis. 2 fr.- -2 fr. 50 c.

Histoire critique de l'éloquence chez les Grecs, contenant la vie des orateurs, rhéteurs, sophistes et principaux grammairiens grecs qui ont fleuri depuis l'origine de l'art jusqu'au troisième siècle après J.-C., avec des remarques historiques et critiques, par M. Belin de Ballu, membre de l'ancienne académie des inscriptions et belleslettres. 2 vol. in-8°. Nicolle. 12 fr. 15 fr.

Nous reviendrons sur cet ouvrage.

De la Littérature du midi de l'Eu-rope, par J. C. L. Simonde de Sismondi. (Voyez pour le développement du titre, l'adresse et le prix, le quatrième cahier de ce Journal. )

Article deuxième.

La corruption de la langue latine, amenée nécessairement par le mélange des sujets de Rome qui avaient adopté cette langue avec les conquérans teutoniques qui introduisirent chacun en Europe leurs idiomes barbares, donna naissance aux langues romanes qui se réduisirent à cinq du neuvième au douzième siècle. Celle qui se distingua d'abord fut la langue provençale : elle fut adoptée par toutes les cours de l'Europe comme plus flexible et plus riche qu'aucune autre : elle fut employée exclusivement à des chants d'amour et à des chants de guerre. Les poésies provençales, observe l'auteur, ne sont point imprimées, et les manuscrits sont confus et fatiguaus à la lecture. On divise généralement ces poésies en chanzos et en sirvantes : la structure eu est harmonieuse on les connaît beaucoup moins qu'on n'est instruit de la vie des poètes provençaux ou troubadours remplie d'aventures roma nesques. La curiosité s'est portée principalement sur les Serventes qu'inspirerent les malheurs de Richard Coeur-de

Lion, le héros du siècle et l'idole des Troubadours. Richard lui-même tient un rang distingué parmi eux. L'auteur rapporte celle qu'il composa durant sa captivité, et il en transcrit l'original en deux langues.

C'est vers cette époque que s'établirent les cours d'amour où siégeaient les dames dout plusieurs étaient elles-memes poètes l'auteur nous donne l'origine de ces tribunaux poétiques.

A une notice intéressante sur quelques-uns des Troubadours les plus célèbres, l'auteur fait succéder les observations suivantes qui décèlent une grande sagacité.

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La littérature des Trouvères qu'il faut bien distinguer de celle des Troubadours, appartient néanmoins à la littérature du midi dont elle a emprunté son esprit 10mantique. Ce fut lors de la fondation du royaume d'Arles que s'opéra la distinction de deux langues en France. On appelle langue d'Oïl ou d'Oui celle qu'on parlait dans les provinces septentrio nales, et langue d'Oc celle qui était en usage dans les provinces méridionales. C'est dans la première de ces langues que furent écrites les lois de Guillaume

Outre la monotomie de la poésie provençale qui pendant trois siècles n'avait fait aucuns progrès, l'association des Jongleurs aux Troubadours dégrada singulièrement ces derniers : leur ignorance d'ailleurs ôtait toute nourriture à leur poésie : ils ne surent point tirer parti de Î'histoire de leur temps: aussi n'est-il resté d'eux aucun essai dans le genre épique. La religion n'échauffait point non plus leur imagination; elle ne se mêlait à leurs vers que d'une manière profane l'imagination elle-même était peu développée chez eux; la seule ins-le-Conquérant, et l'histoire fabuleuse des truction enfin qui fut à leur portée gâtait leur esprit et lear goût.

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Les fureurs de la guerre contre les Albigeois, en allumant les bûchers de l'inquisition éteignirent le feu de la poésie provençale. Quelques Troubadours s'unirent aux persécuteurs; mais le plus grand nombre prirent parti contre les croisés et devinrent victimes de leur tolérance pour les opinions nouvelles. Jeanne de Naples, Charles et René d'Anjou firent à différentes époques, de vains efforts pour ranimer la poésie provençale : l'établissement des papes à Avignon lui fut surtout funeste. Les magistrats de Toulouse s'efforcèrent au quatorzième siècle de réveiller le goût de l'ancienne poésie : la puissance des villes ayant succédé, dans ce siècle à celle des hauts-barons, quoiqu'elle fut plus juste et mieux réglée était moins favorable à la poésie c'est néanmoins au commencement de ce même siècle qu'il faut rapporter l'origine des jeux floraux de Toulouse. Dans le même temps où la langue et la littérature provençale déclinaient dans le Lauguedoc et dans la Provence elles brillaient d'un assez grand éclat dans les états d'Arragon, et particulièrement dans la Catalogne qui produisit des poëtes et des romanciers distingués; mais lors de l'union de l'Arragon à la Castille, elles tombèrent en décadence pour ne plus se relever jamais, de sorte que la langue provençale n'est plus qu'un patois, mais qui est répandu dans de vastes contrées.

rois d'Angleterre ; c'est dans cette langue que parut le poëme d'Alexandre auquel on rapporte l'origine des vers alexandrins. L'auteur assigne les différences de caractères et d'avantures qu'on remarque entre les Trouvères et les Troubadours: c'est l'invention des romans de chevalerie, dit il, qui est le vrai titre de gloire des Trouvères. La chevalerie n'est point une invention germanique, quoiqu'elle ait emprunté quelque chose aux mœurs des Germains: ce n'est point nou plus une invention arabe, mais elle a été enrichie par l'imagination des Maures. L'auteur range dans trois classes les romans de chevalerie. La première embrasse la cour du roi d'Angleterre Ar-· thus et les Chevaliers de la Table Ronde : dans la second se placent les Amadis fort postérieurs aux premiers, et Espagnols d'origine dans la troisième brillent la cour de Charlemagne et ses paladins: c'est dans cette troisième classe qu'on trouve un heureux mélange de l'imagination des Arabes. Ces inventions romanesques des Trouvères ont exercé une grande influence sur le midi même de la France.

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Ici l'auteur fait un savant exposé des divers systèmes nationaux sur ce qui constitue la poésie : il observe que les Français s'éloignant de tous les peuples, y cherchent surtout l'esprit, le but moral et l'invention, et met leur école classique en opposition avec l'école romantique. Il ajoute que l'esprit inventif des Français s'ésait déjà signalé, avant cette

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scission dans la littérature moderne. Il en donne pour preuve leurs poëmes allégoriques imités depuis par tous les peuples du Midi, et particulièrement le fameux roman de la Rose qui eut un succès si prodigieux, dans lequel on trouve divers exemples du talent de conter ou de philosopher, et dont il parut de si nombreuses imitations: c'est la première classe de la poésie des Trouvères : la seconde se compose des fabliaux qui sont devenus leur richesse commune; dans la troisième se raugent les poésies lyriques à l'occasion desquels l'auteur remarque que tous les poëtes lyriques qui nous ont été conservés sort de grands seigneurs:

il cite en particulier quelques chansons de Raoul de Créqui. A la quatrièem et dernière classe de la poésie des Trouvères, l'auteur rapporte le théâtre romantique: il assigne la première origine des Mystères, et principalement de celui de la Passion dont il extrait quelques scènes : il doune aussi quelque idée des nombreuses imitatious de ce Mystère, du théâtre destiné à représenter les Mys tères, des moralités des clercs de la Bazoche, et de la farce de l'Avocat Patelin. Il termine cet intéressant tableau par une observation remarquable; c'est que toute la littérature romantique s'est enrichie de la littérature des Trouvères.

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CINQUIÈME

MÉLANGES.

Correspondance littéraire,etc., par le baron de Grimm et Diderot. 3. partie. (Voy. pour le développement du titre, l'adresse et le prix, le quatrième cahier de ce Journal. )

à la pos

Dans le grand nombre de jugemens qu'avec une rare sagacité et un goût presque toujours sûr, le baron de Grimm a portés, pendant le cours d'une correspondance de dix années, sur les ouvrages de littérature qui ayant paru de son temps ont mérité de passer térité, on distinguera ceux qui frappeut sur les écrits suivans: Le duc d'Arnay, par Carmontel. - Lettre sur J. J. Rousseau à un prince d'Allemagne ( il y a lieu de croire que cette lettre a été écrite par le baron de Grimm lui-même). Les Confessions de J. J. Rousseau ( même observation que sur le précédent article). - Lettre de M. le président de *** à M. le comte de *** (par Rivarol), sur le

CLASS E.

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poëme des jardins de l'abbé Delille. Sur la manière d'écrire l'histoire, par l'abbé de Mably. Des Conversations Voyage aux Indes orientales et à la Chid'Emilie, par madame d'Epinay. ne, par Sonnerat. Histoire des minéraux, par M. de Buffon. Histoire de la dernière révolution de Suède, par Sheridan. -Les Veillées du Château, par madame de Genlis. De l'Universalité de la langue française, par Rivarol. Etudes de la nature, par Bernardin de Saint-Pierre. Lettres sur l'Italie, par Dupaty.· Nouveau Voyage en Espagne, par Rourgoing. Voyage du Jeune Anacharsis, par Barthelemi. OEuvres complètes de Gilbert. Voyage en Crimée et à Constantinople, par milady Creven. Observations faites dans les Pyrénées, par M. Ramond. Tacite : nouvelle traduction, par M. Dureau Delamalle.

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Les bornes de ce Journal ne nous permettent de transcrire des jugemens portés sur ces différens ouvrages, que celuš qui nous a paru le plus important,

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l'abrégeant beaucoup. Voici comment le baron de Grimm avait d'abord jugé les Voyages du jeune Anacharsis, au moment même de leur publication.

« Ce grand ouvrage ne paraît pas in«< digne de la haute idée qu'on en avait « conçue. Ce n'est ni un poëme, ni uu «<romau: l'érudition semble tenir l'imay « gination à la lisière; mais il était diffi«cile de rassembler dans un cadre plus « intéressant tout ce qu'on sait et tout ce << qu'on a pu deviner sur l'histoire, les <<< mœurs les usages et les arts de la « Grèce. »

Postérieurement le baron de Grimm a porté un jugement plus développé sur

cet ouvrage.

« C'est un des plus riches monum.ens « qu'on ait encore élevé à la gloire du peuple le plus intéressant de l'univers : « il n'existe, je crois, en aucune langue, << rien de si exact, rien de si complet sur « les arts, les sciences, la religion, la « politique, les usages et les mœurs de

la Grèce; et dans notre langue, il est << au moins peu d'ouvrages dont le style << soit d'une correction aussi pure, d'une « élégance aussi continue. Que lui man« que-t-il donc ? rien que du talent et << de l'imagination il n'y en a guère « plus dans les détails de l'exécution.... « L'espèce de fiction employée par l'au<< teur, loin de varier l'intérêt des ta<«< bleaux que présentait l'immense ri«< chesse du sujet, ne sert qu'à y répan« dre une sorte de monotonie.... Le der << nier ouvrage de M. de Paw sur les « Grecs n'est pas d'une érudition aussi « sage, aussi exacte que le Voyage d'Anacharsis il s'en faut bien que le style << en soit aussi pur, aussi soigné : il ne « promet que des recherches philoso« phiques; l'autre devait avoir l'intérêt « d'un roman; il n'en est pas moins vrai «< que la lecture du livre de M. Paw est beaucoup plus attachante; c'est qu'elle « réveille plus souvent l'imagination par

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« des vues originales, par des rapproche<< mens piquans ; c'est qu'une simple discussion, pourvu qu'elle soit vive et « animée, a toujours plus de mouvement « que de longs récits, purement récits, « dépourvus de tout intérêt, de toute action dramatique. Les défauts qu'on n'a « pas pu s'empêcher de remarquer dans « l'ouvrage de M l'abbé Barthélemi sont << rachetés, autant qu'ils peuvent l'être, par << tous les autres geures de mérite dont il « était susceptible, par l'extrême bon« heur du sujet, par l'exactitude des re« cherches, par le soin précieux de tous « les détails de l'exécution: il ne mau« que à la perfection du style que cette « vie, cette fleur qu'une imagination plus << vive pouvait seule lui donner. »

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DE LA

LITTÉRATURE DE FRANCE.

SEPTIEME CAHIER, 1815.

Prix pour douze cahiers 15 francs.

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Les doubles prix, séparés par un tiret -, cottes aux articles annoncés dans ce journal, désignent le prix pour Paris, et celui franc de port par la poste, jusqu'aux frontières de la France. Ces prix doivent nécessairement augmenter dans l'étranger, vu les frais ultérieurs, en raison de la distance des lieux.

PREMIÈRE CLASSE.

MINERALOGIE.

Leçons de minéralogie données au College de France, par J. C. Delamétherie. Tome II, in-8°. Madame Courcier. 7 fr.

Ce second volume renferme la suite des leçons contenues dans le premier : il commence à la vingt-sixième et se termine à la soixante-neuvième. L'auteur, jusqu'à la cinquante-huitième leçon inclusivement, traite par ordres, genres et espèces de toutes les pierres dont la formation primitive paraît être due à de très-anciennes révolutions qui nous sont absolument inconnues: telles sont les

Journal général, 1815, No. 7.

quartz, les silices, les pierres alumineuses magnésiènes, barytiques, zirconiènes, agrégées', graniteuses, porphyreuses. Dans la cinquante-neuvième leçon et les suivantes jusqu'à la soixanteneuvième inclusivement, il traite également par ordres, genres, espèces des pierres dont la formation paraît avoir pour causes de grands accidens de la nature dont nous avons quelques connaissances telles sont les laves et les fossiles, soit végétaux, soit animaux. A la fin de ce second volume se trouvent la table des matières de ce volume et même celle du premier.

Table analytique des matières contenues dans les vingt-huit premiers

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