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ALEXANDRE DUMAS.

SKETCH OF HIS LIFE AND WORKS.I

ALEXANDRE DUMAS was born in 1803 at Villers-Cotterets, not far from Paris. His father was the Republican general Davy-Dumas, who was himself the offspring of the marquis de la Pailleterie and a negress. Personal vanity, which was one of the chief traits of Dumas' character, led him in after-life to assume again the name and title of his grandfather, which he had disdained to do at the outset of his literary career. As a boy he received a very middling kind of education at Villers-Cotterets; he came to Paris at the age of twenty and obtained, by means of an old friend of his father's, a situation as supernumerary secretary to the duke of Orléans, which modest post he owed to chiefly his beautiful handwriting. At Paris be began to read hard, devoured a host of books and took to writing verses. The first-fruits of his mind was a volume of Tales published in 1826; three years later he made his début in the drama with Henri III et sa cour, a play which met with great success and was welcomed as a fresh triumph of Romanticism2 over the old Classical school.

From that time Alexandre Dumas became the favourite of the Parisian publie. During the forty years that followed, he put on the boards of the various theatres in Paris more than sixty pieces, both dramas and comedies, and published over two hundred volumes of Novels, Impressions de voyage, etc., most of which appeared twice over, first in the feuilletons of the leading newspapers and next as separate publications. He successively edited several papers, whose columns he filled almost exclusively with the productions of his pen, and founded, for the better production of his pieces, the Theatre Historique, whose existence however proved very ephemeral.

An intellectual fertility such as this (which makes it impossible for us to give even a list of his works) would appear simply miraculous, had not a few scandalous lawsuits and a couple of indiscreet pamphlets supplied the key of the enigma. Like Scribe,3 Dumas employed numerous collaborators, but, unlike him, he waited to acknowledge them till he was compelled to do so by the censures of criticism or the decision of a court of law; moreover he has largely borrowed to use a very mild phrase from all the most famous writers, past and present, such as Schiller, Walter Scott, Augustin Thierry,5 Barante,6 Victor Hugo, etc. As his defence on this last count he put forth the very convenient theory that a man of We have followed Vapereau, Dictionnaire des contemporains.

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2 V. p. 592.

3 V. p. 508.

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The best known of his plays are: Antony (1831), la Tour de New (1832), Mademoiselle de Belle-Isle (1839), un mariage sous Louis X (1841), les Demoiselles de Saint-Cyr (1843). Novels, Travels, etc.: L Maître d'armes (1840), Impressions de voyages (1833 et 1841), les tras Mousquetaires (1844), Monte-Cristo (1841-1845), la Reine Margot (1845) These last three novels, which have earned the greatest popularity for their author have also been put on the stage.

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* V. p. 534.

V. p. 482.

7 V. p. 591.

genius takes his own wherever he finds it, and that it is his, not by robbery, but by right of conquest«, quoting Shakespeare and Molière as precedents.

It is almost superfluous to add that the work turned out by such a literary machine working at high pressure for we can compare Alexandre Dumas' system of production to nothing else was for the most part of a kind which forbids its being ranked as literature properly speaking. And yet it is impossible to deny that Dumas is a writer of the highest talent, which appears especially in the plot and dramatic grouping of his works. His style displays most brilliant qualities: it is natural, lively, even fascinating at times, and Alexandre Dumas' name would rank with those of the best prose-authors, were it not for his uniform carelessness in composition. His marvellous skill in narrative and description is most conspicuous in his Impressions de voyage, a fragment of which we reprint. The reader must however beware of implicitly trusting in the account of his adventures; as a rule, three fourths of what he relates as having really occurred is the creation of his brilliant fancy. Alexandre Dumas died at Dieppe towards the end of 1870.1

IMPRESSIONS DE VOYAGE (SUISSE).

(1833.)

VISITE A LA MAISON DE VOLTAIRE,2 A FERNEY ET A CELLE DE Mme DE STAËL3 A COPPET. LE LAC LÉMAN.

Les courses dans les environs de Genève sont délicieuses; à chaque moment de la journée, on trouve d'élégantes voitures disposées à conduire le voyageur partout où le mène sa curiosité ou son caprice. Lorsque nous eûmes visité la ville, nous montâmes dans une calèche, et nous partîmes pour Ferney; deux heures après, nous étions arrivés.

La première chose que l'on aperçoit avant d'entrer au château, c'est une petite chapelle dont l'inscription est un chef-d'œuvre; elle ne se compose cependant que de trois mots latins: Deo erexit Voltaire.

Elle avait pour but de prouver au monde entier, fort inquiet des démêlés de la créature et du Créateur, que Voltaire et Dieu s'étaient enfin réconciliés; le monde apprit cette nouvelle avec satisfaction, mais il soupçonna toujours Voltaire d'avoir fait les premières avances.

Nous traversâmes un jardin, nous montâmes un perron élevé de deux ou trois marches, et nous nous trouvâmes dans l'antichambre; c'est là que se recueillent, avant d'entrer dans le sanctuaire, les pèlerins qui viennent adorer le dieu de l'irréligion. Le concierge les

"Alexandre Dumas, the younger, born at Paris in 1824, is better known as a dramatic author than a novelist. The stratum of society whose manners and customs furnished him with most of his subjects does not permit of our reprinting any extracts from his works in this Manual. The chief of them are: Novels: La Dame aux Camélias (1848), Césarine (1848), Trois hommes forts (1851), Diane de Lys (1851), La Dame aux perles (1854), 'Affaire Clémenceau (1867). Dramas and comedies: La Dame aux Camélias (1851), Le Demi- Monde (1855), le Fils naturel (1858), le Pere prodigue (1859), Héloïse Paranquet (1866), les Idées de Mme Aubray (1868), etc. 2 V. p. 319. 3 V. p. 438.

prévient solennellement d'avance que rien n'a été changé à l'ameublement, et qu'ils vont voir l'appartement tel que l'habitait M. de Voltaire; cette allocution manque rarement de produire son effet. On a vu, à ces simples paroles, pleurer des abonnés du Constitutionnel.1 Aussi rien n'est plus prodigieux à étudier que l'aplomb du concierge chargé de conduire les étrangers. Il entra tout enfant au service du grand homme, ce qui fait qu'il possède un répertoire d'anecdotes à lui relatives qui ravissent en béatitude les braves bourgeois qui l'écoutent. Lorsque nous mîmes le pied dans la chambre à coucher, une famille entière aspirait, rangée en cercle autour de lui, chaque parole qui tombait de sa bouche, et l'admiration qu'elle avait pour le philosophe s'étendait presque jusqu'à l'homme qui avait ciré ses souliers et poudré sa perruque; c'était une scène dont il serait impossible de donner une idée, à moins que d'amener les mêmes acteurs sous les yeur du public. On saura seulement que chaque fois que le concierge prononçait, avec un accent qui n'appartenait qu'à lui, ces mots sacramentels: Monsieur Arouet de Voltaire, il portait la main à son chapeau, et que tous ces hommes, qui ne se seraient peut-être pas découverts devant le Christ au Calvaire, imitaient religieusement ce mouvement de respect.

Dix minutes après ce fut à notre tour de nous instruire; la société paya et partit; alors le cicérone nous appartint exclusivement. Il nous promena dans un assez beau jardin, d'où le philosophe avait une merveilleuse vue, nous montra l'allée couverte dans laquelle il avait fait sa belle tragédie d'Irène; et, nous quittant tout à coup pour s'approcher d'un arbre, il coupa avec sa serpette un copeau de son écorce, qu'il me donna. Je le portai successivement à mon nez, à ma langue, croyant que c'était un bois étranger qui avait une odeur ou un goût quelconque. Point, c'était un arbre planté par M. Arouet de Voltaire lui-même, et dont il est d'usage que chaque étranger emporte une parcelle. Ce digne arbre avait failli mourir d'un accident, il y avait trois mois, et paraissait encore bien malade: un sacrilége s'était introduit nuitamment dans le parc, et avait enlevé trois ou quatre pieds carrés de l'écorce sainte. »C'est quelque fanatique de la Henriade qui aura fait cette infamie, dis-je à notre concierge. Non, monsieur, me répondit-il, je crois plutôt que c'est tout bonnement un spéculateur qui aura reçu une commande de l'étranger.<<

En sortant du jardin, notre concierge nous conduisit chez lui; il voulait nous montrer la canne de Voltaire, qu'il conservait religieusement depuis la mort du grand homme, et qu'il finit par nous offrir pour un louis, les besoins du temps le forçant de se séparer de cette relique précieuse; je lui répondis que c'était trop cher, et que j'avais connu un souscripteur de l'édition Touquet, auquel, il y avait huit ans, il avait cédé la pareille pour vingt francs.

Nous remontâmes en voiture, nous repartimes pour Coppet, et nous arrivâmes au château de madame de Staël.

Là, point de concierge bavard, point d'église à Dieu, point d'arbre dont on emporte l'écorce; mais un beau parc où tout le village pent se promener en liberté, et une pauvre femme qui pleure de vraies

The Constitutionnel was then the favourite organ of the Parisian bourgeois.

larmes en parlant de sa maîtresse et en montrant les chambres qu'elle habitait, et où rien ne reste d'elle. Nous demandâmes à voir le bureau qui était encore taché de l'encre de sa plume, le lit qui devait être encore tiède de son dernier soupir; rien de tout cela n'a été sacré pour la famille; la chambre a été convertie en je ne sais quel salon; les meubles ont été emportés je ne sais où. Il n'y avait peut-être pas même dans tout le château un exemplaire de Delphine.

De cet appartement, nous passâmes dans celui de M. de Staël fils; là aussi la mort était entrée et avait trouvé à frapper de ses deux mains; deux lits étaient vides, un lit d'homme et un berceau d'enfant. C'est là que M. de Staël et son fils étaient morts à trois semaines d'intervalle l'un de l'autre.

Nous demandâmes à voir le tombeau de la famille, mais une disposition testamentaire de M. de Necker en a interdit l'entrée à la curiosité des voyageurs.

Nous étions sortis de Ferney avec une provision de gaieté qui nous paraissait devoir durer huit jours; nous sortîmes de Coppet les larmes aux yeux et le cœur serré.

Nous n'avions pas de temps à perdre pour prendre le bateau à vapeur qui devait nous conduire à Lausanne; nous le voyions arriver sur nous rapide, fumant et couvert d'écume comme un cheval marin, au moment où nous croyions qu'il allait passer sans nous voir, il s'arrêta tout à coup, tremblant de la secousse, puis, mettant en travers, il nous attendit; à peine eûmes-nous mis le pied sur le pont, qu'il reprit sa course.

Le lac Léman, c'est la mer de Naples; c'est son ciel bleu, ses eaux bleues, et plus encore, ses montagnes sombres, qui semblent superposées les unes aux autres, comme les marches d'un escalier du ciel; seulement, chaque marche a trois mille pieds de haut: puis, derrière tout cela apparaît le front neigeux du Mont-Blanc, géant curieux qui regarde le lac par-dessus la tête des autres montagnes qui, près de lui, ne sont que des collines, et dont, à chaque échappée de vue, on aperçoit les robustes flancs.

Aussi a-t-on peine à détacher le regard de la rive méridionale du lac pour le porter sur la rive septentrionale: c'est cependant de ce côté que la nature a secoué le plus prodigalement ces fleurs et ces fruits de la terre qu'elle porte dans un coin de sa robe; ce sont des parcs, des vignes, des moissons, un village de dix-huit lieues de long, étendu d'un bout à l'autre de la rive; des châteaux bâtis dans tous les sites, variés comme la fantaisie, et portant sur leurs fronts sculptés la date précise de leur naissance; à Nyon, des constructions romaines bâties par César; à Vuflans, un manoir gothique élevé par Berthe, la reine fileuse; à Morges, des villas en terrasses qu'on croirait transportées toutes construites de Sorrente ou de Baïa; puis au fond, Lausanne, avec ses clochers élancés, Lausanne, dont les maisons blanches semblent de loin une troupe de cygnes qui se sèchent au soleil et qui a placé au bord du lac la petite ville d'Ouchy, sentinelle chargée de faire signe aux voyageurs de ne point passer sans venir rendre hommage à la reine vaudoise; notre bateau s'approcha d'elle comme un tributaire, et déposa une partie de ses passagers sur le rivage.

GEORGE SAND.

SKETCH OF HER LIFE AND WORKS.1

AURORE DUPIN, by her married name DUDEVANT, who wrote

under the name GEORGE SAND, was born at Paris in 1804 and died in 1876. Her father, who had been a distinguished officer under the Republic and the Empire, died as early as 1808. She was at first brought up in the country by her grandmother, whose mind was imbued with the ideas of the 18th century. Her first recollections show a singular disposition to mix up real life and fiction, a disposition she fed by reading numerous novels. She was placed in the convent of the English Augustin nuns at the age of thirteen and remained there three years, at the end of which she returned to her grandmother. Thenceforth she gave up all her leisure-time to reading the works of Chateaubriand, Byron and especially of Jean-Jacques Rousseau, whose writings exercised a decisive influence on the formation of her mind.

After the death of her grandmother in 1821 she came back to live with her mother and in the following year married M. Dudevant, the son of a retired officer and baron of the empire. In 1831 she separated from her husband and came to Paris, alone with her daughter, and with the intention of writing for a livelihood. After trying her hand at translations and newspaper-articles, she composed a novel, assisted by M. Jules Sandeau.3 It was from him she took her pseudonym Sand, by borrowing the first half of his name. Her next novel Indiana, which appeared in 1832, is entirely her own work. This book attracted the favourable notice of the public by the ingenuity of its plot and the seductive beauty of the language, which, it is true, serves as a cloak to a great deal of paradox and immorality.

From that time George Sand became a favourite with the public; she wrote a great number of novels, which we cannot all enumerate, but the best of which are André, Mauprat, la petite Fadette, François le Champi, la Mare au Diable.

While the author's great natural talents became ever more apparent in these works, they unfortunately also displayed an ever-increasing tendency to paradox and sophistry on her part. An admirer of Jean-Jacques Rousseau and influenced by the contemporary socialistic writers, she often became in her novels the champion of ideas utterly subversive of all social and family ties. The revolution of February only served to add fuel to the flame. George Sand threw herself enthusiastically into the movement and set herself to write for all those papers which represented the most extreme communistic opinions.

The coup d'état of December 2nd 1851 having put an end to this ebullition of political passions, George Sand returned to her literary pursuits, and especially to the non-political style of novel, which

1 We have partly followed Vapereau, Dictionnaire des contemporains.
p. 366.
3 V. p. 658.

2 V.

3

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