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chamber of deputies drew up a list of names, among which was his own, for the formation of a provisional government. During the first days of utter anarchy which followed upon the triumph of the popular cause, Lamartine displayed most admirable energy and endurance, both physically and morally. Put face to face with the anarchical demagogues of the street, the author of the History of the Girondins once more became a Conservative. The day on which he had the courage to refuse the Red flag which thousands of infuriated and armed roughs had carried to the Hotel de Ville, there to thrust it on the provisional government, whose only weapon was Lamartine's eloquence, that day was perhaps the most glorious of his life. He did his utmost to prevent the immediate proclamation of the Republic; and though he failed and was obliged to yield to popular pressure, he did not shrink from telling the armed multitudes who forced it upon him, that by so doing they robbed thirty-four millions of Frenchmen of their rights.

The popularity which Lamartine earned by this courageous conduct was immense; the middle classes especially saw in him their last and only safeguard against utter anarchy and the tyranny of the masses, and at the elections he was returned by twelve departments at once. But his success as a politician was as short as his rise was sudden. As a member of the executive committee, within which he had to combat Ledru - Rollin, the leader of the Mountain, he was driven from office together with his colleagues by the Communist insurrection in June, which none of them had either foreseen or taken any measures to put down. Under the dictatorship of General Cavaignac, Lamartine only played a very secondary part, and when Louis - Napoleon was elected president of the Republic, which was already tired of its own existence, he sank into utter insignificance. Already at the elections of 1849 Lamartine was unable to find a single department, which would accept or support him as a candid ate for the Legislative Assembly, and the coup d'état of December 2nd 1851 put an end to his political career.

Then began the third and the saddest period of his life, that which, in opposition to the literary and political, we might call the industrial period. The illustrious poet, whom his expensive habits and luxurious life had loaded with enormous debts, found himself reduced to trade on the celebrity of his name, by writing to order for the booksellers. In the productions of this period we still occasionally meet with some eloquent pages, for instance in the Confidences and in Raphaël, but nothing in them is worthy of being compared to the creations of his prime. After keeping up a long and painful struggle against what to him was absolute poverty, after subscriptions had been raised for his benefit which were never sufficient for his wants, he was at last placed beyond the reach of necessity by being presented in 1867 with the life interest of a considerable capital, voted to him as a national reward. Thus he was enabled to give up his book-selling speculations and to take some rest, which his health greatly needed. He lived, sickly and enfeebled, for another two years and died on March 1st 1869.

I. MÉDITATIONS POÉTIQUES.

1. L'ISOLEMENT.

(Première Méditation.)

Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes;
Il serpente et s'enfonce en un lointain obscur;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encore jette un dernier rayon;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte et blanchit déjà les bords de l'horizon.

Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs;
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports;
Je contemple la terre ainsi qu'une âme errante:
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis: »Nulle part le bonheur ne m'attend.<<

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé?
Fleuve, rochers, forêts, solitudes si chères,

Un être seul vous manque et tout est dépeuplé!

Quand le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un œil indifférent je le suis dans son cours;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil? je n'attends rien des jours.

Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts;
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire;
Je ne demande rien à l'immense univers.

Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux!

Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire;
Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour!

Que ne puis-je, porté sur le char de l'Aurore,
Vague objet de mes vœux, m'élancer jusqu'à toi!
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.

Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons:
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie:
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons!

2. LE LAC.

(XIVe Méditation.)

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour?

O lac! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir!

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés;
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes

Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il? nous voguions en silence;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots:

»O temps, suspends ton vol! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours!

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours!

>>Assez de malheureux ici-bas vous implorent:
Coulez, coulez pour eux;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent;
Oubliez les heureux.

1 Soins in the sense of soucis cares, sorrows.

E. Platz, Manual of French Literature.

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>Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit;

Je dis à cette nuit: »Sois plus lente;« et l'aurore
Va dissiper la nuit.

>>Aimons done, aimons donc! de l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons!

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive;
Il coule, et nous passons.<<

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur
S'envolent loin de nous de la même vitesse

Que les jours de malheur!

Eh quoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace?
Quoi! passés pour jamais? quoi! tout entiers perdus?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus?

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,

Que faites-vous des jours que vous engloutissez?
Parlez: nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez?

O lac! rochers muets! grottes! forêt obscure!
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,

Au moins le souvenir!

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux!

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés!

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise: »Ils ont aimé!«<<

II. HARMONIES POÉTIQUES ET RELIGIEUSES.

LE CRI DE L'AME.

Quand le souffle divin qui flotte sur le monde
S'arrête sur mon âme ouverte au moindre vent,
Et la fait tout à coup frissonner comme une onde
Où le cygne s'abat dans un cercle mouvant;

Quand mon regard se plonge au rayonnant abîme
Où luisent ces trésors du riche firmament,
Ces perles de la nuit que son souffle ranime,
Des sentiers du Seigneur innombrable ornement;

Quand d'un ciel de printemps l'aurore qui ruisselle
Se brise et rejaillit en gerbes de chaleur,

Que chaque atome d'air roule son étincelle.

Et que tout sous mes pas devient lumière ou fleur;

Quand tout chante ou gazouille, ou roucoule ou bourdonne,
Que d'immortalité tout semble se nourrir,

Et que l'homme, ébloui de cet air qui rayonne,
Croit qu'un jour si vivant ne pourra plus mourir;

Que je roule en mon sein mille pensers sublimes,
Et que mon faible esprit, ne pouvant les porter,
S'arrête en frissonnant sur les derniers abîmes,
Et, faute d'un appui, va s'y précipiter;

Quand, dans le ciel d'amour où mon âme est ravie,
Je presse sur mon cœur un fantôme adoré,
Et que je cherche en vain des paroles de vie
Pour l'embraser du feu dont je suis dévoré;

Quand je sens qu'un soupir de mon âme oppressée
Pourrait créer un monde en son brûlant essor,
Que ma vie userait le temps, que ma pensée
En remplissant le ciel déborderait encor:

Jéhovah! Jéhovah! ton nom seul me soulage,
Il est le seul écho qui réponde à mon cœur;
Ou plutôt ces élans, ces transports sans langage,
Sont eux-mêmes un écho de ta propre grandeur.

Tu ne dors pas souvent dans mon sein, nom sublime!
Tu ne dors pas souvent sur mes lèvres de feu:
Mais chaque impression t'y trouve et t'y ranime,
Et le cri de mon âme est toujours toi, mon Dieu!

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