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Hélas! ton intérêt1 ici me désespère:
Si quelque autre malheur m'avait ravi
Mon âme aurait trouvé dans le bien
L'unique allégement qu'elle eût pu▾
Et contre ma douleur j'aurais senti
Quand une main si chère eût essy
Mais il me faut te perdre après
Cet effort sur ma flamme à mon
Et cet affreux devoir, dont l'ord
Me force à travailler moi-mêm
Car enfin n'attends pas de m
De lâches sentiments pour
De quoi qu'en ta faveur no
Ma générosité doit répond
Tu t'es, en m'offensant,
Je me dois, par ta mor
D. RODRIGUE.
Il demande ma tête,
Fais-en un sacrifice
Le coup m'en sera
Attendre après me
C'est reculer ta s
Je mourrai trop
CHIMÈNE.

Si tu m'offres

Je la dois at

C'est d'un ?

Et je dois

D. Ro

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Et pour Ma Ch

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RODRIGUE, D. SANCHE. d'une illustre famille, de Castille,

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est trop petite; ue tu n'as de mérite. rude ennemi,

main par la tienne affermi,

avant qu'en ces alarmes

ordre à repousser leurs armes,

exploits qui laissent à ton roi

l'espoir de s'acquitter vers toi.

ois, tes captifs, feront ta récompense;
nommé tous deux leur Cid en ma présence:
Cid en leur langue est autant que seigneur,7
T'envierai pas ce beau titre d'honneur.

This poetical expression occurs also in La Fontaine.
On n'en voyait point d'occupés

A chercher le soutien d'une mourante vie.

Fables VII, 1.

Tant que is used here for jusqu'à ce que. This use of tant que,

a very frequent one in Corneille, was blamed by the Academy. It is

ather ludicrous that that learned assembly should in its Sentiments sur Cid, have used the very construction which it condemned. We read there (p. 52) tant qu'il ait prouvé" meaning: jusqu'à ce qu'il ait prouvé.“ 3 We should say nowadays: Garde bien qu'on ne te voie. I. e. noble, high-minded, vid. p. 11 n. 5.

Corneille wrote Mores. The modern spelling is Maures (from the Latin Mauri).

Now we should say envers toi. Vers, which now is only used to indicate direction, was the only form known to the old language, and up to the 17th century could be used in every case, where we should now put envers, e. g. La libéralité vers le pays natal. CORNEILLE, Cinna, II, 1.

Oui, c'est lui qui sans doute est criminel vers vous. MOLIÈRE, Amph. II, 6. Et m'acquitter vers vous de mes respects profonds. BACINE, Bajazet, III, 2. Cid, the common form, is a corruption of Seyid, lord, from the verb sad to be master.

7

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c qu'on te loue, et de cette us-moi plus au long la véritable h DON RODRIGUE. Sire, vous avez su qu'en qui jeta dans la ville un effroi si puissant, Une troupe d'amis chez mon père assemblée Sollicita mon âme encor toute troublée.. Mais, Sire, pardonnez à ma témérité, Si j'osai l'employer sans votre autorité: Le péril approchait; leur brigade était prête; Me montrant à la cour, je hasardais ma tête;

Et s'il fallait la perdre, il m'était bien plus doux

De sortir de la vie en combattant pour vous.

DON FERNAND. J'excuse ta chaleur à venger ton offense;

Et l'État défendu me parle en ta défense:

Crois que dorénavant Chimène a beau parler,

Je ne l'écoute plus que pour la consoler.

Mais poursuis.

DON RODRIGUE. Sous moi donc cette troupe s'avance,

Et porte sur le front une mâle assurance.

Nous partimes cinq cents; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,

Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,5

1

2

3

My shame i. e. my modesty.

In Corneille's time the words compte, compter were spelt conte, conter. Peçoi, croi, voi were the original forms, not reçois, crois, vois. The final s now added to the 1st person sing. Pres. Ind. of the verb in ir, oir and re is not derived from Latin, where it does not exist in the corresponding forms; it can only be explained by reference to the 2nd pers. sing. of these verbs, from which it was borrowed by analogy. This 8 was not added for a long time in the old French tongue, and after its introduction the original forms subsisted as poetical licences.

The expression ne va point dans l'excès instead of ne va pas jusqu'à Texces, n'est point portée à l'excès has been justly criticized by Voltaire. V. 1. en si bon équipage. This, the original reading, was blamed by the Academy, who affirmed that the only correct expression was en si bon ordre.

DON RODRIGUE. Ah! regrets superflus!

CHIMENE. Va-t'en, encore un coup, je ne t'écoute plus.

DON RODRIGUE. Adieu: je vais traîner une mourante vie,1 Tant que2 par ta poursuite elle me soit ravie.

CHIMENE. Si j'en obtiens l'effet, je t'engage ma foi

De ne respirer pas un moment après toi.

Adieu: sors, et surtout garde bien qu'on te voie.3

At last Don Diègue meets the son, who has avenged him and on seeing him gives vent to his feelings of gratitude and joy. While they are thus engaged, news is brought that the Moors are preparing to land and to attack Seville, and Don Diègue beseeching his son to forget his own feelings for the sake of his country, sends him to encounter the national enemy. Thus ends the third act.

In the first two scenes of the fourth act we learn that Rodrigue has completely defeated the Moors, who had thought to surprise Seville unguarded. He himself on his return gives the king an account of the fight and the victory. ACTE IV, SCÈNE III.

LE ROI D. FERNAND, D. DIÈGUE, D. RODRIGUE, D. SANCHE. DON FERNAND. Généreux héritier d'une illustre famille,

Qui fut toujours la gloire et l'appui de Castille,

Race de tant d'aïeux en valeur signalés,

Que l'essai de la tienne a si tôt égalés,

Pour te récompenser ma force est trop petite;
Et j'ai moins de pouvoir que tu n'as de mérite.
Le pays délivré d'un si rude ennemi,

Mon sceptre dans ma main par la tienne affermi,
Et les Mores défaits avant qu'en ces alarmes
J'eusse pu donner ordre à repousser leurs armes,
Ne sont point des exploits qui laissent à ton roi
Le moyen ni l'espoir de s'acquitter vers toi.6
Mais deux rois, tes captifs, feront ta récompense;
Ils t'ont nommé tous deux leur Cid en ma présence:
Puisque Cid en leur langue est autant que seigneur, 7
Je ne t'envierai pas ce beau titre d'honneur.

This poetical expression occurs also in La Fontaine.
On n'en voyait point d'occupés

A chercher le soutien d'une mourante vie.

Fables VII, 1.

2 Tant que is used here for jusqu'à ce que. This use of tant que, a very frequent one in Corneille, was blamed by the Academy. It is rather ludicrous that that learned assembly should in its Sentiments sur le Cid, have used the very construction which it condemned. We read there (p. 52) „tant qu'il ait prouvé" meaning: „jusqu'à ce qu'il ait prouvé." 3 We should say nowadays: Garde bien qu'on ne te voie. I. e. noble, high-minded, vid. p. 11 n. 5.

5 Corneille wrote Mores. The modern spelling is Maures (from the Latin Mauri).

"Now we should say envers toi. Vers, which now is only used to indicate direction, was the only form known to the old language, and up to the 17 th century could be used in every case, where we should now put envers, e. g. La libéralité vers le pays natal. CORNEILLE, Cinna, II, 1.

Oui, c'est lui qui sans doute est criminel vers vous. MOLIÈRE, Amph. II, 6. Et m'acquitter vers vous de mes respects profonds. BACINE, Bajazet, III, 2. Cid, the common form, is a corruption of Seyid, lord, from the verb sad to be master.

7

Sois désormais le Cid: qu'à ce grand nom tout cède; Qu'il comble d'épouvante et Grenade et Tolède,

Et qu'il marque à tous ceux qui vivent sous mes lois,

Et ce que tu me vaux, et ce que je te dois.

DON RODRIGUE. Que Votre Majesté, Sire, épargne ma honte. 1 D'un si faible service elle fait trop de compte,2

Et me force à rougir devant un si grand roi
De mériter si peu l'honneur que j'en reçoi.3
Je sais trop que je dois au bien de votre empire,
Et le sang qui m'anime, et l'air que je respire;
Et quand je les perdrai pour un si digne objet,
Je ferai seulement le devoir d'un sujet.

DON FERNAND. Tous ceux que ce devoir à mon service engage Ne s'en acquittent pas avec même courage;

Et lorsque la valeur ne va point dans l'excès,4

Elle ne produit point de si rares succès.

Souffre donc qu'on te loue, et de cette victoire
Apprends-moi plus au long la véritable histoire.

DON RODRIGUE. Sire, vous avez su qu'en ce danger pressant,
Qui jeta dans la ville un effroi si puissant,
Une troupe d'amis chez mon père assemblée
Sollicita mon âme encor toute troublée . . .
Mais, Sire, pardonnez à ma témérité,

Si j'osai l'employer sans votre autorité:
Le péril approchait; leur brigade était prête;
Me montrant à la cour, je hasardais ma tête;

Et s'il fallait la perdre, il m'était bien plus doux

De sortir de la vie en combattant pour vous.

DON FERNAND. J'excuse ta chaleur à venger ton offense;

Et l'Etat défendu me parle en ta défense:

Crois que dorénavant Chimène a beau parler,

Je ne l'écoute plus que pour la consoler.

Mais poursuis.

DON RODRIGUE. Sous moi donc cette troupe s'avance,

Et porte sur le front une mâle assurance.

Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort
Nous nous vimes trois mille en arrivant au port,

Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,5

1 My shame i. e. my modesty.

2 In Corneille's time the words compte, compter were spelt conte, conter. 3 Reçoi, croi, voi were the original forms, not reçois, crois, vois. The final s now added to the 1st person sing. Pres. Ind. of the verb in ir, oir and re is not derived from Latin, where it does not exist in the corresponding forms; it can only be explained by reference to the 2nd pers. sing. of these verbs, from which it was borrowed by analogy. This s was not added for a long time in the old French tongue, and after its introduction the original forms subsisted as poetical licences.

The expression ne va point dans l'excès instead of ne va pas jusqu'à T'excès, n'est point portée à l'excès has been justly criticized by Voltaire.

V. 1. en si bon équipage. This, the original reading, was blamed by the Academy, who affirmed that the only correct expression was en si bon ordre.

Les plus épouvantés reprenaient de courage!1
J'en cache les deux tiers, aussitôt qu'arrivés,
Dans le fond des vaisseaux qui lors 2 furent trouvés;
Le reste, dont le nombre augmentait à toute heure,
Brûlant d'impatience autour de moi demeure,

Se couche contre terre, et sans faire aucun bruit,
Passe une bonne part 3 d'une si belle nuit.

Par mon commandement la garde en fait de même,
Et se tenant cachée aide à mon stratagème;
Et je feins hardiment d'avoir reçu de vous
L'ordre qu'on me voit suivre et que je donne à tous.
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles;
L'onde s'enfle dessous, et d'un commun effort
Les Mores et la mer montent jusques au port.
On les laisse passer, tout leur paraît tranquille;
Point de soldats au port, point aux murs de la ville.
Notre profond silence abusant leurs esprits,
Ils n'osent plus douter de nous avoir surpris.
Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent,
Et courent se livrer aux mains qui les attendent.
Nous nous levons alors, et tous en même temps
Poussons jusques au ciel mille cris éclatants.
Les nôtres, à ces cris, de nos vaisseaux répondent;
Ils paraissent armés, les Mores se confondent,
L'épouvante les prend à demi descendus;

Avant que de combattre, ils s'estiment perdus.
Ils couraient au pillage, et rencontrent la guerre;
Nous les pressons sur l'eau, nous les pressons sur terre,
Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang,

Avant qu'aucun résiste, ou reprenne son rang.
Mais bientôt, malgré nous, leurs princes les rallient;
Leur courage renaît, et leurs terreurs s'oublient:
La honte de mourir sans avoir combattu

Arrête leur désordre, et leur rend leur vertu.4
Contre nous de pied ferme ils tirent leurs alfanges,5

1 We should say in prose: reprenaient du courage.

2 Nowadays we should say alors. So early a writer as the grammarian Vaugelas (1585-1650) says in his Remarques sur la langue française that lors must be followed by que, unless it is preceded by one of the two particles dès or pour. But Corneille does not by any

means conform to this rule.

4

In modern French we should have: une bonne partie d'une si belle nuit. • Vertu is taken here in the sense of the latin virtus, i. e. courage, bravery. Alfange, a word borrowed from the Spanish (alfanje) is taken by Corneille in the sense of cimeterre (scimitar), i. e. a sabre with a broad, curved blade. The actors of the Théâtre-Français, to avoid the use of this word alfange, have adopted the following reading, which is that of all the editions before 1664:

Contre nous de pied ferme ils tirent leurs épées,

Des plus braves soldats les trames sont coupées,

i. e. la trame de la vie (the thread of life) des soldats est coupée. In the edition of 1664 Corneille substituted the reading given in our text.

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