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19.

1289 (V. st.), 23 MARS. Wautier, prévôt de Halewin, chevalier, sire de Rolleghem, assigne quinze livres de rente à la chapellenie fondée en l'église de Rolleghem par feu son frère, Hugues de Halewin, sire de Rolleghem, et prie le comte de Flandre d'amortir cette rente; le comte approuve ladite fondation et amortit la rente.

Nous Guis cuens de Flandres et marchis de Namur facions savoir à tous ke nous avons veues les lettres de nostre chier et foiaule Watier, prouvost de Halewin chevalier saines et entieres sans vice et sans rasure sailees de son saiel en le fourme ki chi apres s'ensuit A tous ceaus ki ces mieuwes presentes lettres veront et oiront: Watiers prouvos de Halewin chevalier sires de Rodelghem, salus en nostre sengneur. Coume il soit ensi ke nobles hom mes chiers sires et freres mesire Hues de Halewin cui Diex face merchi conmandast a establir en le eglize de Rodelghem une capelerie perpetueil pour lame de lui et pour les ames de ses antisseurs, Et pour le devant dite capelerie funder et doeir il assenast a prendre a tous jours quinze lib. de le monoie de Flandres cescun an sour le disme kil avoit gisant en le paroche de Rodelghem, liquele disme par le fourmorture de mon segneur Huon men chier segneur et frere devant dit mest eskeue, et vosist que Gilles de Seurpenes clers euist le devant dite capelerie et leu douna le don il meismes au lit de la mort, je faich a savoir a tous ke de le ussenement de quinze lib. de rente sour le disme devant dite et le don de le capelerie, tout ensi comme deseure est dit, je gree et otroie et ai encouvent et proumaic laiaument pour mi et pour mes hors a tous jours de ore en avant les devant dis quinze lib. de rente cascun an, a paiier a celui ki capelains iert de le capelerie devant dite u a son conmant, a trois termines de lan, cest a savoir cent sols de le monoie de Flandres a le saint Remi le premiere que nous atendons, et cent sols de le meesme mounoie a le Canderler sivant apres, et cent sols de le devant dite mounoie, a le Penthecouste continueilment en suiwant et ensi tous jours cascun an. Et encore pour plus grande seurtee a ce ke li devant dite capelerie demeure estable perpetueilment et en se vighieur sans nient de debat de nului, je proumech pour mi, et pour mes hoirs en boene foi a pourchacier que les devant dis quinze lib. de rente seront de tres haut homme et poissant segneur mon segneur le conte de Flandres amorties et kil greera el

confermera lassenement de le rente devant dite. Et pour toutes ces coses deseure dites fermement tenir et parvenir, je oblige mi et mes hoirs et tout le mien a tous jours. En tiesmoignage de laquele cose jai ces presentes lettres saielees de men saiel, ki furent faites lan del incarnation Nostre Segneur mil deus cens quatrevins et neuf le demars apres le saint Mathis (1). De rechief encore avons nous veues unes autres lettres saielees de sen saiel ki ci apres sensieut. A tres haut homme et noble mon tres chier segneur le conte de Flandres et marchis de Namur, jou Watiers de Halewin vos hom apparellies sire a vo coumandement vo prie et requier pour Dieu si coume a mon droit segneur ke vo assent et vo otroi voellies mettre si vos plaist a le capelerie ke mes tres chiers sires et freres mesire Hues estora la je me sui assentis ke vous le voellies confremeir et amortir par quoi li capelerie demeure estaule car cou ke je mi sui obligies, cou fu pour lame mon sengneur men frere, et vos prie sire pour Dieu pour cou ke vous amastes tant mon segneur men frere ke vous le voellies faire en lalegeanche lame de lui. Et si vos tiesmoingne ke li remanans de ce fief vaut bien sis vins lib. par an. Et sire pour cou ke vous ke ce soit voirs si ai jou ces presentes lettres ensaielees de mon saiel ki furent faites et donnees en lan mil deus cens quatre vins et nuef le samedi devant le Annuntiation Nostre Dame (2). Et nons Guis cuens de Flandres et marchis de Namur devant nonmeis a le pricre et a le requeste dou devant dit Watier lassenement ki dis est des quinze lib. de le monnoie de Flandres fait par ledit Huon ki est greeis et otroies par ledit Watier sen frere, loons et greons aprouvons et confremons et le rente des quinze lib. par an devant dites amortissons a oes le capelerie devant dite comme sires de le tiere par le tiesmoing de ces lettres saielees de nostre saiel. Faites et donnees, en lan de grace mil deus cens quatre vins et nuef le merkedi devant li annunciation Nostre Dame.

Archives du chapitre de Notre Dame à Courtrai, Liber fundationis, fol. 70 recto.

(1) Le mardi après la saint Mathias, 1er mars 1289 (v. st )

(2) 19 mars 1289 (v. st.)

SOCIÉTÉ DES SCIENCES, DE L'AGRICULTURE

ET DES ARTS DE LILLE.

SÉANCE SOLENNELLE

DE DISTRIBUTION DES PRIX

du 24 décembre 1882.

DISCOURS

De M. Jules DELIGNE, Président de la Société.

MESSIEURS,

« Le plus grand tort d'un discours serait de ne pas finir, >> s'il n'avait le tort plus grand d'avoir commencé. » Le spirituel écrivain qui s'est exprimé en ces termes visait-il les discours d'apparat? peut-être; parlait-il par humeur ou par conviction? je l'ignore. Quoi qu'il en soit, boutade ou non, je me le tiens pour dit à titre d'avertissement où de conseil indirect. Certes je n'ai pas à craindre que l'on m'impute le plus grand de ces deux torts, puisqu'en prenant la parole dans cette solennité, je ne fais qu'obéir à

l'inexorable loi de l'usage; mais il dépend de moi de ne pas encourir l'autre reproche c'est vous dire, Messieurs, que je tâcherai de pas imposer une trop longue épreuve à votre bienveillante attention.

Parler de ce que l'on sait le mieux, ou le moins mal, paraît assez naturel. Or, par devoir et par goût, je m'occupe depuis nombre d'années de littérature, d'histoire et de philosophie, de littérature surtout. Je vous entretiendrai donc de mon étude favorite.

Je serais bien tenté de faire l'éloge des lettres mais à quoi bon? Nul n'en conteste l'excellence. J'essayerai d'esquisser le portrait de l'homme lettré, tel que je le conçois peut-être serai-je assez heureux pour inspirer à quelques amis des lettres le désir de ressembler à mon idéal.

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D'abord le lettré n'est pas un désœuvré fantaisiste il connaît le prix du temps, et il sait le mettre à profit pour sa famille et pour la société comme pour lui-même. Homme du devoir avant tout, du devoir accepté, choisi ou imposé, qu'il soit grand propriétaire ou modeste rentier, magistrat, avocat, professeur, publiciste, industriel ou négociant ; qu'il ait voué sa vie au culte des Sciences ou des Arts, à la carrière militaire, à l'administration civile ou au sacerdoce, - il ne se permet les jouissances de l'esprit qu'après avoir scrupuleusement satisfait aux exigences de sa profession, de sa charge ou de sa dignité.

Philologue et humaniste, comme on l'est encore en Angleterre et en Allemagne, il étudie volontiers la grammaire et le dictionnaire qui sont à la littérature d'une nation, ainsi qu'on a eu raison de le dire, ce que le fondement, avec ses fortes assises, est à l'édifice. Il aime à descendre jusqu'à l'analyse minutieuse des mots, à méditer sûr l'origine et la sympathie de leurs éléments, sur la diversité de leurs acceptions et sur les vicissitudes de leur destinée. Il s'intéresse d'autant plus à leur histoire. que souvent il y reconnaît la trace des vérités et des

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