Page images
PDF
EPUB

DISCOURS

prononcé

SUR LA TOMBE DE M. ALFRED HOUZÉ DE L'AULNOIT

Le 23 novembre 1882,

Au nom de la Société des Sciences et des Arts de Lille,

Par M. JULES DELIGNE, Président.

MESSIEURS,

A la vue de cette tombe qui va se fermer pour jamais sur les restes mortels de notre cher et très regretté confrère, le docteur Alfred Houzé de l'Aulnoit, je ne me sens pas le courage d'énumérer devant vous, avec les développements qu'ils comporteraient, les mérites de sa carrière scientifique. Tout entier aux émotions de notre douloureuse sympathie pour chacun des membres de sa famille, et particulièrement pour celui qui appartient aussi à notre Société, je laisse au corps médical le soin d'apprécier les services que Houzé a rendus à la science dont le culte fut la passion de sa trop courte vie; je me bornerai à rappeler ici ce qui le recommande à la reconnaissance du pays, ce qui le recommande surtout à la miséricorde divine, que durant sa longue et cruelle maladie il invoqua tant de fois avec une pieuse confiance, son amour pour

l'humanité éprouvée par la douleur.

C'était au temps de nos revers, pendant la fatale guerre de 1870-71: la Société centrale de secours aux blessés se trouvait impuissante, par suite de l'investissement de

Paris, à venir en aide aux départements envahis ou menacés de l'ètre. Houzé, avec d'autres généreux habitants de notre cité, se mit à l'œuvre pour substituer à l'intervention de l'État celle de l'initiative privée.

Dès lors, gràce aux mesures prises avec autant d'intelligence que de promptitude par le Comité régional dont il fut l'un des administrateurs les plus éclairés et les plus actifs, nos mobiles et nos mobilisés n'eurent plus à redouter les tortures de la faim ou de l'abandon; et bientôt, les familles, que privait de toute ressource le départ de leurs soutiens naturels, furent soulagées dans leur détresse, par des secours que l'on put mème continuer à un grand nombre d'entre elles après la conclusion de la paix, car la guerre, hélas! avait fait bien des veuves et des or

phelins.

Vous me saurez gré, Messieurs, de citer, à l'honneur de notre cher défunt, quelques lignes de la Notice publiée dans nos Mémoires, où il a consigné à ce sujet ses souvenirs et ses conseils :

« On a pensé, écrivait-il en 1871, qu'une caisse pouvant >> disposer de neuf à dix mille francs, serait à même de pourvoir aux misères qu'éprouvent les hommes appelés >> momentanément sous les drapeaux. Cette somme d'argent a permis de conjurer les fâcheuses complications » des premiers jours, plus terribles et plus meurtrières » que les balles ennemies. »

D

D

Plus loin, il ajoutait :

« La décentralisation des secours, portée à ses dernières > limites, a pu parer à toutes les éventualités de la guerre, » et n'a pas laissé une infortune sans assistance et sans > consolation. »

En effet, Messieurs, l'amour de la patrie et l'émulation dans la poursuite du bien avaient procuré à l'armée du Nord, en quelques semaines, la somme de huit cent mille

et notre malheureuse France, fière, malgré ses désastres, du dévouement de ses enfants, put dire, elle aussi, avec un noble orgueil : « Tout est perdu, fors l'honneur. »

Cher confrère, j'aurais pu, j'aurais dû, peut-être, pour te rendre un hommage plus complet, rappeler tes nombreux travaux insérés dans nos Mémoires de 1859 à 1880, tes fréquentes communications au sein de notre Société, tes rapports sur nos concours scientifiques, en un mot, tous les titres que tu avais à notre estime et à notre affection, j'ai mieux aimé redire ce que tu fis pour ton pays, dans ses jours de deuil, persuadé que la glorieuse distinction qui décora ta poitrine du signe de l'honneur, était le présage de la récompense que Dieu accorde dans la céleste patrie à ceux qui l'ont servi dans la patrie terrestre, en conformant leurs paroles et leurs actes aux patriotiques et chrétiennes inspirations de leur cœur.

Et maintenant, cher confrère, reçois nos derniers adieux avec le tribut de nos larmes et de nos regrets.

Au nom de tous ceux de nos vaillants défenseurs dont tu as pansé les blessures sur le champ de bataille, ou sous le toit hospitalier de nos bons paysans; au nom de ta digne compagne que tu laisses désormais solitaire au foyer qui fut témoin de ton bonheur domestique; au nom de tes frères que tu chérissais d'autant plus que tu ne connus jamais les joies de la paternité; au nom de tes amis et de tes confrères de la Société des Sciences,

Adieu, Alfred Houzé, adieu!

LA PRÉVOTÉ D'HALLUIN,

Par M. LEURIDAN,

Membre titulaire.

I. L'OFFICE.

Au moyen âge, non seulement dans toutes les possessions des abbayes, mais encore dans les ville du domaine, la direction des labours et des choses de l'agriculture, ainsi que le soin de faire acquitter les redevances et les services dus par les hôtes et les colons, étaient confiés à un officier, ministerialis, de condition servile ou à peu près, que les capitulaires de Charlemagne désignent sous le nom de villicus ou de major, maire.

Dans les terres du patrimoine des comtes de Flandre, on rencontre souvent un second officier, supérieur à l'autre, libre sans doute, mais encore d'humble condition, connu sous le nom de judex ou de præpositus, prévôt, et à qui étaient attribuées la police et la justice domestiques. Dans la villa d'Halluin notamment, il y eut en même temps, à l'origine du moins, un maire et un prévôt.

« PreviousContinue »