Page images
PDF
EPUB

D

D

» de probabilités; la Société avait remarqué que depuis » 1782, les ventes ayant toujours augmenté d'une manière » sensible, elle pouvait espérer la même progression pour « les années suivantes; et elle eût en effet la satisfaction » de la voir se continuer jusqu'en 1787, époque du traité » de commerce entre la France et l'Angleterre.

(1) Archives du Nord. Mémoire justificatif à l'appui d'une demande de subside (22 frimaire an III).

CHAPITRE III.

Requête au Roi

Construction des bâtiments rue des Carmes-Déchaussés. pour obtenir le monopole exclusif de vento, dans le ressort du Parlement de Flandres. Lettres patentes du roi Louis XVI, du 9 juin 1784, accordant ce monopole pour dix ans, à la Société Houzé de

l'Aulnoit et Cie.

Les associés s'adressèrent, à M. Fradiel, architecte à Douai, pour établir les plans de la fabrique et dresser un devis des dépenses à faire. Cette construction était, ainsi qu'on l'a vu dans l'acte d'achat du terrain, soumise à certains règlements de police, imposant des proportions fort dispendieuses. Le premier devis présenté par l'architecte s'appliquait : 1o Au bâtiment front à la rue, sur laquelle il avait un développement de 16 mètres ou 50 pieds, avec deux étages; 2° à un atelier de facteurs d'assiettes; 3' à des tourelles; 4 à des fours; et 5 à des magasins de terres blanches et de tourbes.

La dépense totale s'élevait à la somme de 31,856 livres, laquelle devait être réduite de 4,500 livres, si l'on faisait les briques sur le terrain. Nous avons retrouvé les divers devis de cette construction. Ils peuvent servir, comme point de comparaison, pour apprécier la valeur des matériaux et de la main d'oeuvre il y a cent ans, eu égard aux prix. actuels (1).

(1) En fait, les briqueteries furent entreprises par un sieur Sy, qui fournissait luimême le charbon nécessaire à la cuisson de ces briqueteries.

Le même Sy a établi également un four à chaux dont il a livré le charbon.

La maçonnerie était évaluée à 844 verges, à raison de 12 florins (1) la verge.

La Gresserie faite jusqu'à hauteur d'appui, à 2,432 pieds au prix de 4 patars le pied.

Les pierres blanches à 8,563 pieds, au prix de 8 doubles le pied.

La charpente comprenant les sommiers des deux étages, le gittage, les fermes ventrières et combles, à 25,352 pieds, à 18 doubles le pied (livrance et main-d'œuvre.)

La couverture à 87 verges, au prix de 12 florins la verge (non compris les ferrailles.).

La menuiserie (portes, châssis et volets) à 2,984 pieds, au prix de 8-patars le pied. (Bois et main-d'oeuvre.)

Le vitrage à 1560 pieds, au prix de 29 doubles le pied. Le 9 décembre 1782, un traité intervint entre MM. Houzé de l'Aulnoit, Picquet et Duquesne, d'une part, et le sieur Joseph Manjot, pour la Gresserie, d'autre part; ce dernier s'obligeait à faire le travail au prix de 24 doubles le pied (ou pour le cent, grès gros équarris de 7 pouces de hauteur, 24 florins).

Le bâtiment à usage de moulin avait été poussé avec une telle vigueur, que le 8 février 1783 il était déjà couvert, et que M. Fradiel architecte pouvait procéder à la réception de la couverture d'ardoise faite par Hubert Coutellier. Elle avait 3,136 pieds ou 7 verges 3/4 et 36 pieds, mesure et coutume de Douai. Le prix en fut fixé à 80 florins la verge.

Après le règlement de ce premier mémoire, les administrateurs de la Société satisfaits du travail dudit Coutellier, firent avec lui un marché pour la couverture du bâtiment principal en ardoises de Fumay, le tout, feuilletage compris en bois blanc, au prix de 70 florins la verge. Si le feuilletage était réclamé en chêne, il devait être alloué en plus 6 florins 10 patars à la verge.

(1) Le florin valait 1 fr. 25 et se divisait en 20 patars.

Le plomb devait être livré au prix de 24 florins les cent livres.

Les travaux étaient exécutés sous la surveillance d'un sieur Lepollard, homme de confiance de Jacques Leigh, chez lequel celui-ci avait remarqué des aptitudes particu lières. Jacques Leigh du reste dirigeait lui-même, avec la plus grande sollicitude, tous les détails de la construction. Dans le courant de cette année, les ateliers étaient terminés et la fabrique en marche.

Cette circonstance nous est révélée par une dépense inscrite à la date de septembre 1783, et relative à un achat de toiles fait par Jacques Leigh pour couvrir les joints du plancher de la deuxième tourelle. Il avait en effet remarqué qu'il s'en échappait de la poussière qui tombant sur les gazettes et les pièces en cuisson les détéricrait; c'était pour remédier à cet inconvénient qu'il avait fait cette acquisition.

Sur la fin de 1783, M. Houzé de l'Aulnoit fut député à Paris et à Versailles, pour obtenir du Gouvernement la confirmation et le privilège exclusif de l'entreprise. Son voyage qui devait durer un mois, dura onze mois. Il avait emporté avec lui des échantillons de tous les produits fabriqués.

Ces marchandises lui servirent à faire apprécier leur bonne qualité dont on doutait, et à prouver qu'il n'existait en France aucune manufacture de cette espèce; elles furent distribuées à Paris ainsi qu'à Versailles aux différentes personnes qui, par leur état et leur protection pouvaient concourir à l'obtention des concessions et privilèges réclamés.

Un jour, à la sollicitation même de M. le Contrôleur général des finances, M. Houzé de l'Aulnoit, alors à Paris, demanda qu'il lui fùt expédié dix douzaines d'assiettes (1)

(1) Note autographe de M. Houzé de l'Aulnoit

janvier

184.

64.

Dès son arrivée à Versailles, il présenta au Roi Louis XVI, en son conseil d'Etat, une requète tendant à l'obtention de divers privilèges. A raison des renseignements précieux que ce document renferme, sur ce qui avait été déjà fait et sur ce que les associés se proposaient de faire encore, nous croyons devoir transcrire ci-dessous les lettres patentes du Roi, en date du 13 janvier 1784, dans lesquelles ladite requête est intégralement reproduite:

Extrait des registres du Conseil d'Etat.

Sur la requête présentée au Roy en son Conseil, par les sieurs Houzé de l'Aulnoit et Compagnie contenant qu'il vient, avec des associés, d'établir dans la ville de Douay, une manufacture absolument inconnue dans le Royaume; que cette manufacture consiste dans la préparation et le mélange de différentes terres et de cailloux qui concourent à composer une espèce de fayance et grés qui, sans éprouver la moindre gerçure dans son vernis, résiste au feu le plus actif; que pour former une entreprise de cette nature, il a dû exposer des sommes considérables, d'abord à l'acquisition du secret de la composition et de celui de la fabrication, ensuite à la recherche et à la découverte des terres qui y seraient propres, enfin à tirer de l'Angleterre des chefs ouvriers et à leur en faire former d'autres, que les supplians choisirent parmi les pauvres les plus intelligens de la ville de Douay; aujourd'hui que la réussite de leur entreprise est certaine, ils doivent redoubler leurs avances pour la construction des machines, des fours et des ateliers nécessaires à la fabrication, et pour donner à leur manufacture toute l'extension qu'exige le service public; toutes ces avances multipliées et successives auraient dû les déterminer à fixer leur fayence à un prix qui leur assurât un bénéfice honnête; cependant, pour écarter la concurrence de l'Angleterre,et empêcher l'introduction frauduleuse et journalière qu'elle fait de cette espèce de poterie, ils ont réglé le prix de cette fayance sur celui auquel les marchands anglais vendent et débitent leurs marchandises sur les côtes et limites de la France. Cette fixation et les droits dûs à l'entrée du royaume, ou qui se perçoivent dans les provinces des Pays-Bas français, réduisent à rien les bénéfices qu'ils doivent attendre de leur établissement, car les supplians sont obligés de tirer de l'étranger et des différentes provinces françaises, les terres, le caillou et le charbon que l'Anglais trouve dans l'emplacement même de sa manufacture, et sans être soumis à aucuns droits.

« PreviousContinue »