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MORALE ET THÉODICÉE.

CHAPITRE Ir.

Objet de la morale.

I. Toutes les questions morales sont renfermées dans les trois questions suivantes : 1° quels sont les caractères actuels des principes moraux? 2o quelle est leur origine? 3° quelle est leur légitimité?

II. Les deux premières questions considèrent les principes moraux en eux-mêmes, dans le sujet où ils résident, c'est-à-dire sous un point de vue subjectif. C'est la morale proprement dite.

III. La troisième question les considère relativement aux conséquences qui en dérivent et aux objets extérieurs qu'ils nous découvrent, c'est-à-dire sous un point de vue objectif. C'est la religion proprement dite.

IV. Il faut traiter l'actuel avant le primitif;

car, en commençant par le primitif, on pourrait bien n'obtenir qu'un faux primitif, qui ne rendrait qu'un actuel hypothétique, dont la légitimité serait seulement la légitimité d'une hypothèse.

V. Il faut traiter la question de l'état actuel et primitif de nos connaissances avant celle de leur légitimité; car les deux premières questions appartiennent au système subjectif, et la troisième au système objectif, et l'on ne connaît l'objectif que par le subjectif.

VI. On ne va donc point de la religion à la morale, mais de la morale à la religion; car, si la religion est le complément et la conséquence nécessaire de la morale, la morale est la base, le principe nécessaire de la religion.

VII. La science du subjectif moral actuel et primitif est la psychologie morale, qui s'appelle aussi phénoménologie morale, parce qu'elle se borne à constater et à décrire des faits de conscience, des phénomènes intérieurs.

VIII. La science de l'objectif moral, s'occupant d'existences réelles, est la partie morale de l'ontologie. Tout objectif surpassant l'observation est appelé transcendant, et l'appréciation de la légitimité des principes moraux avec lesquels nous atteignons l'objectif moral est la logique trans- · cendante de la morale.

IX. La science entière porte le nom de philosophie morale'.

Auteurs à consulter: V. Cousin, Fragments, p. 259-260 de la troisième édition. — Id., Cours de philosophie morale professé à la Faculté en 1819 et 1820, première partie, publiée par M. Vacherot, 2 et 3. Damiron, Cours de morale, préface. Schon, Philosophie transcendantale, ou système d'Emmanuel Kant, p. 298-304.

p.

CHAPITRE II.

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Des divers motifs de nos actions. Est-il possible de les ramener Quelle est leur importance relative 22?

à un seul ?

I. Classification de nos principes moraux d'après la distinction de leur contingence ou de leur nécessité.

II. Théorie des principes moraux contingents. - Dans la classe des principes moraux contingents on peut ranger des faits qui ne sont point des principes, mais des sentiments, des mouvements, des instincts, que leur contingence,

'Ce chapitre est emprunté aux Fragments de M. Cousin, p. 259260 de la troisième édition.

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Voir, pour le développement de cette question, le t. 2 des Etudes philosophiques, article Du fondement de la morale.

leur variabilité, rapprochent des principes raux contingents.

Instincts moraux. - Expansion, pitié, sympathie, et concentration, horreur du malaise, amour du plaisir, amour de soi.

Principes moraux contingents.-Les principes moraux contingents, les maximes générales relatives à la morale ne sont que la passion généralisée, l'intérêt érigé en principe rationnel.

Les principes généraux qui se rapportent à l'instinct d'expansion forment ce qu'on peut appeler la morale du sentiment, morale mobile et non obligatoire, morale de la pitié, de la sympathie, de la bienveillance, considérée comme sentiment.

Les principes généraux qui se rapportent à l'amour de soi constituent le système de l'amourpropre, la morale de l'intérêt, morale mobile et non obligatoire.

Enonciation du principe fondamental de la morale de l'intérêt. Ne considérer une action à faire que dans ses conséquences relatives au bonheur personnel.

Enumération des principes généraux les plus importants qui composent la morale de l'intérêt. Faire le bien, éviter le mal dans l'espoir ou la crainte des récompenses ou des châtiments célestes; faire le bien, éviter le mal dans la crainte

du mépris et des remords, pour recueillir les plaisirs d'une bonne conscience et le bonheur

intérieur.

Tous les principes généraux contingents se rapportent à la sensibilité, et ne regardent que le moi.

III. Théorie des principes nécessaires. — Il y a en nous un principe moral nécessaire universel, qui embrasse tous les temps, tous les lieux; le possible comme le réel. - Principe du juste et de l'injuste, du bien et du mal. Ce principe éclaire les actions et les qualifie : raison morale. Caractère spécial de ce principe : l'obligation. De là, la loi morale.

Enonciation de la loi morale: Fais le bien pour le bien, ou plutôt : veux le bien pour le bien. La loi morale s'applique aux intentions.

Le principe moral étant universel, le signe, le type extérieur auquel on reconnaît qu'une résolution est conforme à ce principe est l'impossibilité de ne pas ériger le motif immédiat de cette résolution en une maxime universelle'.

Auteurs à consulter: Reid, Essais sur les facultés de l'esprit humain, t. 6, p. 3–168. — V. Cousin, Fragments, p. 276–278 de

1 Ce chapitre est, comme le précédent, emprunté aux Fragments de M. Cousin, p. 276-278 de la troisième édition.

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