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ques, passim. Royer-Collard, Fragments insérés aux t. 3 et 4 des OEuvres complètes de Reid. — V. Cousin, Cours d'histoire de la philosophie, année 1829, passim. Id., Cours d'histoire de la philosophie morale au dix-huitième siècle, t. 1er, publié par M. Vacherot, passim. - Jouffroy, Préface des OEuvres complètes de Reid, Damiron, Histoire de la philosophie au dix-neuvième siècle.

CHAPITRE X.

Quelle est l'utilité de l'histoire de la philosophie pour la philosophie elle-même ?

« Un fond de vérité, dit M. Cousin, est >> incontestablement sous les erreurs innom» brables des quatre systèmes fondamentaux de » la philosophie; sans quoi ces erreurs mêmes >> seraient impossibles. Mais c'est l'erreur qui » est diverse et contradictoire; la vérité est une. » Ces quatre systèmes, si différents dans leurs » erreurs, peuvent et doivent s'accorder dans » les vérités qu'ils renferment. Il suit de là que » sous les divergences et les erreurs des sys>> tèmes qui s'entre-détruisent est un ensemble >> harmonique de vérités qui ne passent point, » et que l'histoire de la philosophie contient » une philosophie vraie, et, comme dit Leibnitz, perennis philosophia, une philosophie im» mortelle, cachée et non perdue dans les

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développements excentriques des systèmes.

» C'est là le fond commun sur lequel nous >> vivons tous, peuples et philosophes; nous >> vivons dans la vérité et de la vérité, pour ainsi » dire, et il suffit de dégager ce fond immortel >> des formes défectueuses et variables qui l'ob>> scurcissent à-la-fois et le manifestent dans » l'histoire, pour atteindre à la vraie philosophie. Tel doit être le but de tous les travaux historiques.

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Ainsi, l'histoire de la philosophie doit aboutir à des conclusions dogmatiques dans un esprit d'éclectisme.

L'éclectisme s'est élevé sur les ruines de tous les systèmes antérieurs, qu'il absorbe en les conciliant. Ces systèmes ont passé, parce qu'ils étaient exclusifs; l'éclectisme demeurera et vivra parce que, étant la fusion et l'alliance de tout ce que chaque opinion renferme de raisonnable, il équivaut, par cela même, à la vérité, dans la mesure où il est donné à l'homme de la posséder et de l'atteindre. Depuis quinze ans, il a fait de rapides et d'immenses progrès. De la philosophie, il a pénétré partout: littérature, art, croyances religieuses, formes politiques, tout a subi son influence; et, disons-le, cette influence a été, en toutes choses, bonne et salutaire. Le présent est à lui; nous croyons que l'avenir aussi lui appartient. Il a vu se rallier à ses doctrines

tout ce que l'idéalisme avait d'esprits distingués et d'hommes d'élite. A l'heure qu'il est, il ne lui reste d'adversaires que le sensualisme exclusif et le théocratisme fanatique ; mais l'un et l'autre peu redoutables et comme frappés d'impuissance. Le mysticisme n'amènera pas aisément l'époque actuelle à abdiquer aux mains de l'autorité théocratique l'indépendance de sa pensée, conquête précieuse qui a coûté huit siècles de labeurs et de combats. Quant au sensualisme, après quinze ans d'engourdissement et de torpeur, rarement interrompus par quelques faibles et insignifiantes protestations contre le triomphe de l'éclectisme spiritualiste, il a naguères essayé de ressaisir le sceptre, et tenté, sous le nom de Saint-Simonisme, la réhabilitation de la matière. Et, certes, le talent ne lui a point manqué, ni le dévoûment, ni l'ardeur du prosélytisme. Mais ce qui lui a manqué, c'est la sympathie et l'assentiment des masses, que lui ont aliénées à jamais ses doctrines subversives de toute morale et de toute pudeur, à tel point que les hommes même qui avaient applaudi aux premiers essais tentés par la nouvelle école, pour fermer et guérir nos plaies sociales, étourdis bientôt par l'effrayante rapidité avec laquelle cette doctrine, courait à ses conséquences les plus extrêmes, se sont rejetés vers les vieilles croyances, et ont

abandonné à leurs discordes intestines, à leurs mutuels anathèmes ceux qui, après avoir annoncé la pacification universelle, n'ont pas su maintenir l'harmonie au sein de leur propre secte, et se sont envoyé pour adieux des paroles de blåme et de malédiction.

, P.

Auteurs à consulter : V. Cousin, Cours d'histoire de la philosophie, année 1826, leç. 13, p. 15-31. Id., traduction du Manuel de Tennemann, préface, 17-19. Damiron, Histoire de la philosophie, t. 2, p. 193–207. — Id., Traité de psychologie, préface, p. 8. Jouffroy, Mélanges philosophiques, article De l'histoire de la philosophie. — Vacherot, Discours d'ouverture à la Faculté des lettres, année 1838-1839.

FIN.

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